Todt a remis le paquebot Ferrari à flot

Debout sur le muret des stands pour acclamer un pilote avec lequel il considère posséder des liens plus que sanguins, le multimillionnaire Jean Todt pleurait presque comme un gamin à un concert de son idole en voyant Michael Schumacher porter haut son trophée face à une foule en délire

OLIVIER DE WILDE
Todt a remis le paquebot Ferrari à flot
©Belga/AFP

ÉCLAIRAGE

ENVOYÉ SPÉVCIAL À MONZA

Debout sur le muret des stands pour acclamer un pilote avec lequel il considère posséder des liens plus que sanguins, le multimillionnaire Jean Todt pleurait presque comme un gamin à un concert de son idole en voyant Michael Schumacher porter haut son trophée face à une foule en délire.

«Avoir tous ces tifosi autour de moi qui voulaient me toucher, me donner la main et me criaient merci m'a donné la chair de poule», expliquait après sa douche... au champagne un directeur sportif émerveillé par la maestria de son quintuple champion du monde.

Mais si Schumi a réalisé le week-end parfait, il le doit bien sûr au travail de toute cette Scuderia de près de 900 personnes dirigées par l 'Amiral Todt, très fier d'avoir remis son navire à flot après avoir essuyé une grosse tempête durant l'été.

«Pour Ferrari, cette victoire a presque la saveur de la toute première fois. Nous la désirions vraiment. Nous avons réagi juste à temps. C'est peut-être le tournant du championnat.»

Peut-être car, dans le camp Williams-BMW et Michelin, on restait convaincu de pouvoir riposter dès le prochain rendez-vous au pays de l'Oncle Sam, sur un circuit constitué d'une gigantesque ligne droite mais aussi d'un Infield très sinueux qui ne devrait plus favoriser les Ferrari.

Duel Bridgestone-Michelin

«Nous avons bien limité les dégâts sur le terrain de notre adversaire, estimait Pierre Dupasquier, le porte-parole de Michelin. Mais je suis persuadé que nous reprendrons l'avantage pour les deux dernières courses. »

Si l'on a beaucoup (trop) parlé de la guerre des pneumatiques avant le GP d'Italie suite à la nouvelle interprétation à l'italienne de l'article 77c édictée par la FIA après la Hongrie, difficile après la course de trouver quelqu'un pour avouer que cette modification avait constitué un handicap pour les clients du manufacturier français.

Trop d'appui chez Williams?

Pourtant, si Ferrari et Bridgestone ont certainement effectué quelques progrès, il paraît évident que, même si elles étaient légères, les transformations apportées aux gommes de Montoya (et de tous les autres équipés par le manufacturier français) n'ont pas facilité la progression de sa Williams, normalement réputée pour posséder avec BMW du V 10 le plus puissant du plateau.

«La vitesse n'est pas liée à la puissance mais à la charge aérodynamique, expliquait l'ingénieur de Monti Patrick Head. Sans aileron, notre monoplace pourrait atteindre le 400 km/h en ligne droite mais elle ne tournerait plus dans les chicanes. Tout est une question donc de compromis. Et à mon avis, Juan Pablo s'est entêté à mettre trop d'appui, ce qui a limité sa vitesse de pointe. »

Mais si le Colombien a agi ainsi, c'est peut-être parce que les deux seuls trains de nouveaux pneus fournis lors de la semaine de tests préalables ne furent pas suffisants pour optimaliser les nouveaux réglages, Montoya reparlant d'une monoplace légèrement sous-vireuse et nerveuse dans les chicanes.

Des défauts jadis gommés par les anciennes enveloppes s'élargissant visiblement à l'avant en chauffant. Un type de pneumatiques désormais interdit, la largeur de la bande de roulement (maximum 270 mm) ayant été sévèrement contrôlée... à l'issue du GP tel que le prévoit le nouveau texte.

La manière trop formelle dont Montoya déclara que les nouveaux pneumatiques Michelin n'avaient rien à voir dans sa défaite ressemblait furieusement à une consigne ou du moins à de la diplomatie vis-à-vis d'un important partenaire avec lequel Williams et McLaren ont maintenant une semaine pour affiner le premier lot de gommes sorti d'urgence de l'usine de Clermont- Ferrand.

Là se situe peut-être la clé du championnat 2003.

© Les Sports 2003

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