«La plus dure de ma carrière!»

O. d.W.

SUZUKA La première embrassade à sa descente de monoplace fut pour le vainqueur, Rubens Barrichello, venu à sa rencontre. Puis Michael Schumacher se tourna vers ses mécaniciens, en liesse, avant que Jean Todt ne lui saute dans les bras pour une longue étreinte. Mais, ensuite, le sextuple champion du monde dut laisser son équipier et son employeur partir seuls vers le podium. «Pas facile de traduire mon émotion! avouait un champion allemand pas aussi euphorique que lors de ses derniers couronnements. Actuellement, je ressens plus de joie pour Ferrari (NdlR: la Scuderia a décroché son treizième titre constructeurs, le cinquième consécutif, un nouveau record). Après tant de victoires, décrocher ce titre avec une huitième place me paraît bizarre. Après ma tentative de dépassement un peu brouillonne sur Sato, je me suis dit que je devais absolument remonter huitième car je craignais la pluie, surtout après l'abandon de Montoya. Dans les derniers tours, j'ai sué. J'avais un plat sur un pneu avant suite à mon freinage pour éviter Da Matta et je savais que mon frère m'avait touché à l'arrière. Je craignais de tout perdre. A l'image de cette course, sans doute la plus dure de ma carrière, notre saison ne fut pas facile. On a vécu des moments délicats pendant l'été. Nous avons été l'objet de nombreuses critiques. Mais nous nous sommes tous serré les coudes, comme au sein d'une véritable famille, et l'on a réagi de la plus belle manière possible.» En obtenant deux nouveaux titres historiques: «J'ai atteint l'objectif que je m'étais fixé dès 2000 en remportant mon premier sacre avec Ferrari. Depuis, je ne roule plus que pour le plaisir. Cette année, j'ai toujours songé à ce sixième titre. C'était ma principale motivation et le fait qu'il ait été dur à obtenir ne fait que décupler mon bonheur. Battre le record du mythique Fangio pour lequel j'ai beaucoup de respect me gêne un peu. Ce n'était pas une fin en soi. Je préfère devancer mes rivaux sur la piste.» Contractuellement, Schumi a maintenant encore trois ans avec Ferrari pour viser, pourquoi pas? un septième titre et essayer de battre l'un des deux seuls records manquant toujours à son glorieux palmarès: celui des 65 poles de Senna (il en compte actuellement 55). Fin 2006, il ne serait, alors, pas loin du record de nombre de participations (256) de l'Italien Ricardo Patrese et pourrait franchement songer à une retraite pas vraiment à l'ordre du jour: «Pourquoi arrêterais-je? Je roulerai aussi longtemps que je me fais plaisir et que je suis compétitif. J'ai, parfois, l'impression que plus je cours, plus j'aime ce sport!» concluait, avec le sourire, un Michael Schumacher se disant «épuisé mais fier de ce que nous avons réussi».

© Les Sports 2003


Pas volé Bien sûr, il n'a pas réussi à conclure en beauté lors de cet ultime rendez-vous japonais. Mais, hier, seul le résultat final, et ce fameux sixième titre lui permettant de dépasser Juan Manuel Fangio, comptait. Michael Schumacher n'a donc pas joué avec son bonheur. En voyant que le ciel n'avait pas été de son côté aux essais et après s'être maladroitement cassé la moustache en tout début d'épreu- ve, Schumi s'est contenté du point minimum lui assurant, quoi qu'il arrive, les lauriers. Mais, sur l'ensemble d'une saison en dents de scie, ce sixième sacre, il ne l'a pas volé. Car même si l'écart en points est faible en raison d'une nouvelle distribution ayant eu l'effet souhaité par la FIA, même si le sixiè- me fut sans doute le plus dur de sa carrière, il n'en a que plus de mérite. Après un été pourri (17 points en 5 courses) qui en aurait fait douter plus d'un, Ferrari, Bridgestone et leurs deux pilotes ont parfaitement réagi en remportant les trois derniers Grands Prix et les deux titres pour la quatrième fois consécutive. Six victoires à une, entre Schumi et Kimi, il n'y avait pas photo. On regrettera simplement que, dans un moment de faiblesse, la Scuderia ait tenté de dé- stabiliser la concurrence à l'issue du Grand Prix de Hongrie en invoquant une pseudo-non-conformité des pneus avant Michelin. Mais, heureusement, ce coup bas appuyé par la FIA n'aura eu au- cune incidence sur le verdict final d'un très beau championnat. Vivement le 7 mars 2004...

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