Des bolides dans la ville de Melbourne

Ecran noir pour deux nuits blanches: le voyage aux antipodes paraît interminable. Vingt heures de vol, entrecoupées de transits feutrés et ponctuées d'une longue procession pour satisfaire aux exigences de l'immigration australienne. Le tout pour débarquer dans le chef-lieu de l'Etat de Victoria, plongé dans la grisaille.

PHILIPPE JANSSENS

ENVOYÉ SPÉCIAL À MELBOURNE

Ecran noir pour deux nuits blanches: le voyage aux antipodes paraît interminable. Vingt heures de vol, entrecoupées de transits feutrés et ponctuées d'une longue procession pour satisfaire aux exigences de l'immigration australienne. Le tout pour débarquer dans le chef-lieu de l'Etat de Victoria, plongé dans la grisaille. A la sortie de l'aéroport, les panneaux d'affichages publicitaires donnent d'emblée le ton. «M.Schumacher, M. Trulli, vos voitures sont prêtes», annonce, sur 20m2, l'un des deux constructeurs japonais de la F 1 au nez et à la barbe des taximen. «Hier, le thermomètre est monté jusqu'à 38 degrés», nous glisse notre chauffeur en revissant sa casquette à l'effigie du 10e Grand Prix d'Australie sur son crâne dégarni. «Ce matin, il ne fait que 14°C, mais cela peut changer très vite ici, vous verrez.»

Mark Webber, héros local

En ville, les premiers embouteillages se forment. «Ils barrent les rues pour la parade du dixième anniversaire, soupire notre guide. Il va falloir être patient, mais avec un peu de chance, vous les verrez passer.»

Quelques dizaines de minutes plus tard, le centre-ville s'est transformé en circuit improvisé. Des dizaines de milliers de curieux ont afflué des quatre coins de Melbourne pour garnir copieusement le carré formé par Swanson, Collins, Russell et Flinders, les quatre artères principales. Poussant jusqu'à Princes Bridge, le pont surplombant la Yarra River, trois Formule 1 (une Minardi pilotée par Paul Stoddart lui-même, l'autre par Christijan Albers, et une Williams domptée par Antonio Pizzonia) deux V 8 Supercar (le Nascar australien) et une BMW 645 décapotable conduite par le héros local, Mark Webber, assurent le spectacle.

«C'est la première fois de ma vie que j'entends un bruit pareil», s'exclame, dans la foule, un jeune papa, dont le fiston de deux ans, juché sur ses épaules, les doigts plantés dans les oreilles et hurlant de peur, ne partage visiblement pas l'enthousiasme exacerbé. «Même si on n'a pas vu grand-chose, cela valait tout de même la peine. Et puis, le BMW a vraiment fait très fort. Il faut pouvoir maîtriser 900 chevaux dans un espace aussi réduit.»

Il est vrai que le Brésilien relégué au rang de pilote d'essais depuis l'officialisation de Nick Heidfeld comme deuxième pilote chez Williams a offert quelques burn out d'anthologie sur le parvis de la Cathédrale Saint-Paul.

A quelques kilomètres de là, Albert Park vit ses derniers instants de quiétude. Installés depuis le début de la semaine, tous les teams peaufinent leur emménagement. Pour l'essentiel, les pilotes ont débarqué le week-end dernier, question de s'acclimater au décalage horaire. Dès ce matin, toutes les courses annexes complétant l'impressionnant programme du Grand Prix inaugural, chaufferont le goudron pour les F 1 qui entreront en piste ce vendredi ici aux antipodes, soit, vers 1 heure du matin en Belgique. Deux séances d'essais libres qui serviront à la prise de contact, avant la véritable séance de vérité, samedi lors des premiers essais qualificatifs du week-end. Une première séance qui en dira déjà long sur la tournure que risque de prendre ce premier Grand Prix de la saison et peut-être même plus encore...

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