La plus belle de Raikkonen
Même si le duel toujours attendu entre le champion du monde Fernando Alonso et son dauphin Kimi Raikkonen n'a pas encore eu lieu, on a certainement assisté, hier au Japon, à l'un des plus beaux Grands Prix de la saison, voire de l'histoire, avec des dépassements et des images comme on en redemande.
Publié le 09-10-2005 à 00h00
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Même si le duel toujours attendu entre le champion du monde Fernando Alonso et son dauphin Kimi Raikkonen n'a pas encore eu lieu, on a certainement assisté, hier au Japon, à l'un des plus beaux Grands Prix de la saison, voire de l'histoire, avec des dépassements et des images comme on en redemande. Bref, la F 1 dans toute sa splendeur avec des virtuoses du volant prenant nettement plus de risques maintenant que seul le titre constructeurs est encore en jeu.
Ainsi, on a retrouvé un Alonso flamboyant, se battant comme un beau diable et se montrant ainsi digne de son récent titre de champion du monde.
Seizième sur la grille après avoir été, comme Schumi et les pilotes McLaren, coulé par le déluge lors de la qualification, le Conquistador fut d'abord l'auteur d'un envol époustouflant. «Quel départ d'enfer, s'exclamait Il Nano. Je n'avais rien à perdre (NdlR: Flavio Briatore et les dirigeants de Renault ne doivent pas aimer entendre cela), j'ai pris pas mal de risques et gagné 8 places lors du premier tour.»
Une première ronde marquée par la touchette en queue de peloton entre les deux McLaren, puis par la sortie d'un Juan Pablo Montoya ne terminant même pas son tour d'essai la veille. Une nouvelle bévue du Sud-Américain nécessitant la sortie de la voiture de sécurité durant sept tours.
La remontée d'un Alonso aussi bouillant que le soleil allait ensuite être entravée par un premier dépassement raté sur Klien à la chicane: «Après avoir pris l'avantage en coupant dans l'herbe, j'ai laissé repasser la Red Bull en levant le pied en début de ligne droite avant de redoubler l'Autrichien au bout de celle-ci.» Trop vite au goût de la FIA... «Trois tours plus tard, alors que j'avais déjà sept secondes d'avance sur Klien, le team m'a appelé pour me dire que je devais le laisser repasser pour éviter toute pénalité. Pourtant, Raikkonen m'avait fait le même coup à Monza sans être puni...»
Cet épisode passé, s'entama alors, sous le regard attentif de Raikkonen revenu derrière, une magnifique passe d'armes entre l'ancien et le nouveau champion du monde, le pilote Ferrari résistant durant cinq tours avant de se faire surprendre par une manoeuvre très audacieuse du jeune pilote Renault lui faisant l'extérieur dans le gauche le plus rapide du circuit. Wouaw! Une stratégie pour une fois pas optimale obligea Alonso, bloqué quelques tours derrière Villeneuve à l'issue de son premier arrêt, à réitérer son attaque sur Schumi à l'extérieur du premier virage. Encore du grand art. Avant de doubler le toujours résistant Webber au même endroit quelques tours plus tard, mais par l'intérieur cette fois, avec deux roues dans l'herbe. «J'ai dû effectuer deux ou trois dépassements avant d'être sacré et 14 ici», se félicitait un Fernando regrettant toutefois d'avoir manqué la victoire. «Pour la première fois de la saison, je me sentais plus rapide que Kimi. J'étais d'ail- leurs toujours devant lui avant de m'arrêter et d'être pris dans le trafic.»
En s'arrêtant comme à son habitude plus tard que ses rivaux, Raikkonen aura donc pris le meilleur sur Alonso mais pas sur Michael Schumacher (la stratégie à trois arrêts de son frère Ralf, leader durant treize tours après sa chanceuse pole, ne se sera pas avérée payante) avec lequel le Nordique dut batailler durant plusieurs tours avant de lui faire l'extérieur au premier virage.
Et c'est précisément là aussi qu'un Iceman n'ayant vraiment pas froid aux yeux vint à bout, lors du dernier passage, d'un Fisichella leader durant près de 40 tours mais incapable de résister à l'assaut final de la McLaren-Mercedes.
«En fermant la porte à la chicane, je savais que je condamnais ma vitesse de pointe en ligne droite. J'étais à 100% mais il n'y avait rien à faire. Kimi était encore le plus fort au- jourd'hui», concédait un Fisichella permettant néanmoins à Renault de reprendre la tête du championnat constructeurs. Ce qui n'empêcha pas Ron Dennis et son protégé Raikkonen de jubiler sur la plus haute marche du podium après ce neuvième succès du Finlandais, le septième cette saison et sans doute le plus beau.
© Les Sports 2005