Alonso champion: "Merci Michael"
Une page de l'histoire de la F1 s'est - définitivement ? - tournée hier à Sao Paulo. A l'issue d'un GP du Brésil mené tambour battant, qu'il aurait pu remporter sans une crevaison consécutive à une légère touchette en doublant Fisichella, Michael Schumacher s'est donc retiré la tête haute. Alonso et Renault sont champions du monde. Les classements
Publié le 22-10-2006 à 00h00
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À voir l'agitation de Felipe Massa, avant et sur la plus haute marche du podium où il effectua quelques pas de samba avec sa combinaison couleurs locales, on aurait pu croire hier soir que c'était lui le nouveau champion du monde de Formule 1 : "Gagner devant mon public, treize ans après Ayrton Senna, pour ma première année chez Ferrari, c'est complètement fou. Je vis le plus beau jour de ma vie. Mon rêve est devenu réalité," s'exclamait le Pauliste après avoir déclenché une véritable hystérie dans des tribunes toutes acquises à sa cause. Agitant le drapeau brésilien lors de son tour d'honneur, debout sur sa monoplace pour ce véritable jour de fête nationale dans son pays, celui à qui Michael Schumacher dit avoir volontairement laissé sa place l'an prochain fut l'auteur d'un week-end parfait : pole et victoire (sa 2e) après avoir mené l'épreuve de bout, Massa n'a jamais été inquiété : "En fait, ce fut la course la plus facile de ma carrière. Je n'ai jamais dû vraiment attaquer. Le comportement de ma Ferrari était idéal. Dommage simplement que Schumi n'était pas avec nous sur le podium. Nous aurions mérité le titre constructeurs autant que Renault. C'est la course. Michael a toujours été positif avec moi. Il va me manquer."
La joie - réelle - de Fernando Alonso semblait plus contenue. Grand favori pour le titre au départ de cet ultime rendez-vous décisif, l'Espagnol n'aurait pas eu l'occasion de croiser une dernière fois le fer avec un Michael Schumacher bien malchanceux en cette fin de championnat. La faute principalement à son équipier Fisichella que l'Italie toute entière doit maudire aujourd'hui d'avoir privé - sans doute involontairement - Schumi d'une 92e et dernière victoire et Ferrari du titre constructeurs.
"Le meilleur pour le futur"
Mais même s'il n'eut pas l'occasion ici de cueillir les lauriers avec grand panache, l'Espagnol avouant lui-même avoir très vite diminué son régime moteur pour assurer un bel accessit synonyme de couronnes pour Renault et lui-même, Fernando n'a certainement pas volé son 2e titre consécutif. "Merci à tous", s'exclama - en français - à la radio du team un Nano très ému lors de son tour de décélération. "Superbe boulot. Merci pour toutes ces années. Ce fut un rêve pour moi de travailler avec vous. Je vous souhaite le meilleur pour l'avenir."
Et le futur pilote McLaren - écurie qui n'avait plus achevé une saison sans le moindre succès depuis dix ans - de craquer. Quelques trémolos dans la voix avant de se reprendre pour sauter dans les bras de mécaniciens le portant en triomphe, encore casqué, vers le podium. "Comme cette course m'a semblé longue, avoua-t-il après avoir relâché la pression. Il ne me fallait certes qu'un point mais je savais qu'en cas d'abandon, de bris de moteur ou d e faute je pouvais encore tout perdre. Ce ne fut donc pas évident. D'autant que derrière il y avait tout un groupe de poursuivants que je devais garder derrière pour offrir le titre à Renault."
Puis, le plus jeune (25 ans) double champion du monde de l'histoire se fit l'ambassadeur de tous ses collègues pour souhaiter bon vent à son grand rival : "Cela a été très chouette pour moi de lutter face à un grand champion comme Michael. J'ai beaucoup de chance d'avoir pu remporter mes deux premiers titres face à lui. Ils n'en ont que plus de valeur et je l'en remercie. Ce fut un plaisir pour nous tous de rouler en F1 contre lui. Maintenant, on lui souhaite tous le meilleur pour sa nouvelle vie."
Bravo Fernando. Un grand champion mais aussi un pilote très humain qui a su oublier ses rancoeurs et ce championnat quelque peu gâché à ses yeux pour laisser partir le septuple champion du monde en paix.
L'Asturiens aussi regrettera peut-être vite le départ à la retraite de celui qui restera encore longtemps le Number One de la F1.
© La Dernière Heure 2006
La fin d'une époque Une page de l'histoire de la F1 s'est - définitivement ? - tournée hier à Sao Paulo. A l'issue d'un GP du Brésil mené tambour battant, qu'il aurait pu remporter sans une crevaison consécutive à une légère touchette en doublant Fisichella, Michael Schumacher s'est donc retiré la tête haute. En grand champion, même si son incroyable remontée de la dernière à la quatrième place restera insuffisante pour ceindre une huitième et dernière couronne. Depuis son abandon sur bris de moteur au Japon voici quinze jours, l'Allemand savait que c'était cuit. Le miracle n'a donc pas eu lieu pour le pilote d'une écurie Ferrari loupant également le titre constructeurs de peu face à Renault. Mais hier, même si Fernando Alonso, sage deuxième, a été titré plus jeune double champion du monde de l'histoire, c'est lui, Schumi, qu'on considérait comme un sacré champion. Un septuple champion du monde fêté comme il se doit pour son départ en fanfare. Un monument dont l'absence laissera un grand vide dans le coeur des amateurs de F1. Même si personne n'est irremplaçable, même si la discipline a déjà survécu à la tragique disparition de l'irremplaçable Ayrton Senna et aux départs à la retraite d'icônes comme Alain Prost, Niki Lauda ou Nelson Piquet, Michael Schumacher va nous manquer. Même ses habituels détracteurs regretteront vite que la référence ne soit plus là. Après la retraite anticipée voici quelques mois de Juan Pablo Montoya et de Jacques Villeneuve, la F1 perd aujourd'hui son principal repère. Son éternel numéro 1. Le fabricant de chaussures dont le nom est devenu en une décennie synonyme de vitesse. Avant on roulait comme un Fangio. Aujourd'hui, on se prend pour Michael Schumacher. Alors n'attendons pas dix ans ou sa mort pour en faire un héros. Gageons plutôt que certains de ses records ne seront jamais battus. Et que lorsque l'on sera tous sous terre, on se souviendra encore du Baron rouge, un pilote qui aura marqué plus qu'une époque du sport automobile. Aujourd'hui s'ouvre donc une nouvelle ère. Place aux jeunes. Notamment à Massa, nouveau héros Brésilien, mais aussi à ce solide Espagnol qui a 25 ans déjà compte deux titres mondiaux. C'est mieux que Schumi à son âge. Lancé également par Flavio Briatore, Nano a décidé de relever un nouveau défi. Michael avait quitté le giron Benetton-Renault pour Ferrari. Aujourd'hui, le nouveau numéro 1 mondial s'en va pour rejoindre McLaren-Mercedes. Une page se tourne aussi pour lui... Bye bye Schumi. Et surtout merci.