C’était le Monsieur Ferrari belge

Jacques Swaters fit ses débuts en compétition en 1948, aux 24 Heures de Francorchamps, sur une MG dont il partageait le volant avec Paul Frère. Mais deux ans plus tard, il créait, avec André Pilette, Charles de Tornaco et Roger Laurent, l’écurie Belgique qui allait, en 1952, s’appeler l’écurie Francorchamps .

Il acheta pour elle une mythique Ferrari 500, la voiture qui remporta de nombreux championnats de Formule 2, mais participa aussi à des dizaines de courses de Formule 1, car, à l’époque, les deux catégories étaient souvent mélangées. C’est d’ailleurs au volant d’une voiture identique qu’Alberto Ascari fut sacré champion du monde de F1 en 1952 et 1953.

Difficile à croire aujourd’hui, mais il se rendit, au volant de ce bolide, de Modène à Chimay, par la route, pour participer au célèbre Grand Prix des Frontières. Difficile à croire, aussi, que, sauf en Formule 1, il courait toujours en col et cravate, notamment dans les nombreuses courses de voitures de série qui connaissaient un remarquable succès à l’époque.

Il fut engagé dans onze Grands Prix de Formule 1 : deux pour Talbot Lago, un pour Gordini et huit pour Ferrari. Son meilleur classement fut une septième place au GP d’Allemagne, au Nürburgring, en 1953, une place qui, aujourd’hui, lui vaudrait des points au Championnat du Monde. Et il monta sur le podium des 24 H du Mans.

Ami et confident d’Enzo Ferrari, il créa le garage Francorchamps qui fut, jusqu’en 2004, soit bien au-delà de la mort d’Enzo Ferrari (en 1988), l’importateur exclusif de la célébrissime firme italienne en Belgique. Cette importation par un privé était une marque de confiance et un privilège rare que le Commendatore n’avait octroyé qu’à Jacques Swaters pour la Belgique et Luigi Chinetti pour la France et les Etats-Unis.

Jacques Swaters était resté, jusqu’au bout, très proche de Luca Di Montezemolo, le patron de Ferrari qui succéda à Enzo. Le président, avec l’ensemble du directoire de la marque, s’est d’ailleurs fendu d’une nécrologie officielle à la gloire d’"un des hommes les plus importants de l’histoire de Ferrari", explique-t-il.

Au cours de toutes ces années dédiées à Ferrari, Jacques Swaters avait constitué une collection sans précédent vouée au Cheval cabré bien plus riche que ce qu’on peut trouver à Modène, même la FF Galleria. On y retrouvait près de 200 000 pièces, le plus souvent uniques, comme des documents, des maquettes, des objets de la famille Ferrari, etc.

Hélas!, pour d’obscures raisons familiales, une grande partie de ces trésors fut vendue aux enchères il y a deux ans.