Un circuit de Formule 1 'dans' Bruxelles

L’idée surfe sur la tendance initiée par Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1, et visant à multiplier les courses en ville. "Le projet est dans les cartons, ce qui est déjà un grand pas", souffle une source proche du dossier.

Charlotte Mikolajczak
Un circuit de Formule 1 'dans' Bruxelles
©Photo News

L'attractivité et la compétitivité internationales sont une priorité pour de nombreuses villes et Bruxelles doit sans cesse innover pour rester dans la course : quoi de plus symbolique que de créer un circuit automobile au coeur même de l'Europe et de proposer aux plus grands pilotes de relier la Commission, le Parlement et le Conseil Européen en quelques fractions de secondes ?

Comme Monaco, Singapour, Valence (Espagne), Adelaïde (Australie) ou encore Detroit et Long Beach (Etats-Unis), Bruxelles aura-t-elle bientôt son circuit « urbain » de Formule 1 ? L’idée surfe sur la tendance initiée par Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1, et visant à multiplier les courses en ville. « Le projet est dans les cartons, ce qui est déjà un grand pas », souffle une source proche du dossier.

Cette réalisation, à n’en pas douter, dopera l’économie et le tourisme bruxellois. Elle pourrait ne nécessiter que des investissements minimes : en effet, le centre de Bruxelles, le quartier européen et le quartier Louise disposent déjà d’autoroutes urbaines qui n’exigeraient pas d’aménagements particuliers. Quant au paddok, il pourrait s’installer place des Palais (tout un symbole aussi).

Très logiquement, le départ se donnera rue Belliard dont les cinq voies de circulation permettent une ligne de départ digne des meilleurs circuits. De là, les voitures s’envoleront vers le tunnel pour s’élancer sur le ring et, toujours par les tunnels, reviendront vers le centre en s’engouffrant dans la rue de la Loi. Soit un circuit d’une longueur supérieur à la moyenne (plus près des 7 km que des 5), mais comptant proportionnellement moins de virages, et qui, avec des pointes à 300 km/h, pourrait être bouclé en moins de 5 minutes.

Il utiliserait donc pour l'essentiel des voies de circulation déjà existantes, mais rien ne dit que de courtes portions ne seront pas spécialement conçues pour l’occasion. Le dessin du circuit n’est pas encore arrêté. Il n’a pas non plus été officiellement confié à un spécialiste du genre, mais l’architecte allemand Hermann Tilke, maître d’œuvre de la plupart des nouveaux tracés du championnat du monde, serait déjà venu faire quelques repérages.

Gérer le public plus que les coureurs

C’est des autorités régionales – en étroite collaboration avec les autorités communales des entités concernées - que dépendra le feu vert. L’étude de faisabilité est en cours. D’emblée le projet semble financièrement jouable.

Pour l’heure, ce sont toutefois moins les paramètres sportifs et financiers que les principes urbanistiques et immobiliers qui sont soupesés. Lors du dernier Mipim, Marché international des professionnels de l’immobilier (Cannes), les représentants de la Région se sont d’ailleurs longuement attardés sur les stands de Monaco et de Valence.

Si la plus grande partie du futur circuit (avenue de Tervueren, ring…) ne pose aucun problème de sécurité, sa partie la plus intéressante (rue de la Loi, rue Belliard) pêche par un manque d’espace offert au public. A moins de profiter des immeubles qui les bordent. Où tout à coup le fort taux d’inoccupation desdits immeubles de bureaux devient un atout. « Les stands pourraient être installés au rez-de-chaussée des immeubles de bureaux vides qui ponctuent le trajet », convient Christian Lasserre, consultant en immobilier (C.L.I.) par ailleurs auteur d’un récent ouvrage sur la reconversion des bureaux dans la capitale. « Les étages pourraient alors être aménagés en tribunes. Et pourquoi ne pas modifier le règlement d’urbanisme afin de prévoir que les nouveaux immeubles de bureaux soient obligatoirement construits avec des rez convertibles chaque année en stand de ravitaillement et les étages transformables en loges et en tribunes.

Tout bénéfice pour la Région qui deviendrait précurseur de la flexibilité des immeubles, à la pointe de l’urbanisme et de l’attractivité sportive. » « De quoi peut-être faire oublier le terme « bruxellisation » qui lui colle à la peau », sourit le consultant.

Si le projet n’a pas encore été évoqué officiellement, c’est qu’il n’est pas suffisamment abouti. « Une communication avant l’heure risquerait de susciter un flot de critiques », ajoute la même source proche du dossier. Aux plus perplexes, la Région pourrait rappeler qu’en 1946, le Grand Prix automobile de Belgique s’était tenu sur le circuit du bois de la Cambre. Aux anti-sports moteurs, elle pourrait aussi ajouter que les recettes de ce projet de F1 pourront servir à financer l’entretien voire l’extension du métro.

Il faudra toutefois prévoir la cohabitation du Grand prix avec d'éventuels sommets européens qui, nous l'avons récemment vécu, peuvent parfois être convoqués d'urgence. « Mais ce problème n'est pas insurmontable, ajoute notre source, car le quartier sera déjà bouclé pour le circuit ». Les constructeurs automobiles les plus innovants pourraient plancher sur des limousines de Formule 1 spécialement conçues pour les institutions européennes ; de quoi booster l'image de dynamisme des Institutions et même régler sur le circuit les différents entre chefs d'Etat.

Plus difficile sera de composer avec la Région wallonne et avec les opérateurs du circuit de Spa-Francorchamps. A moins d’envisager d’organiser le prix de Belgique une année sur deux. Voire une année sur trois, en mêlant la Région flamande à la course.

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