Le DTM rivalise avec la Formule 1 en Allemagne
En ce dimanche après-midi, le circuit, proche de Budapest, accueille la deuxième manche hongroise du DTM, Deutsche Tourenwagen Masters.
Publié le 26-09-2016 à 16h50 - Mis à jour le 26-09-2016 à 16h57
Il est 15h13, eh oui, c’est comme ça, lorsque les 24 machines infernales se lancent à l’assaut du Hungaroring pour une heure et un tour de ronde, pied au plancher. En ce dimanche après-midi, le circuit, proche de Budapest, accueille la deuxième manche hongroise du DTM, Deutsche Tourenwagen Masters. L’an prochain, ce Championnat allemand des voitures de tourisme fera halte à Francorchamps, permettant à l’écurie de Bart Mampaey, RBM, et à son pilote Maxime Martin, de courir devant leur public.
Le DTM est le terrain de jeu des marques allemandes Audi, BMW et Mercedes-Benz, la vitrine où elles veulent montrer que le haut de gamme automobile, qu’elles représentent partout dans le monde, est indissociable de la sportivité. Issu des années 1980, ce championnat recueille, en Allemagne, un succès équivalent à celui de la F1, et ce d’autant plus qu’entre-temps, il s’est internationalisé aux Pays-Bas, en Autriche, en Hongrie et en Russie. Crise économique oblige, l’étape moscovite pourrait laisser la place à Spa-Francorchamps.
Un retour en Belgique puisqu’après dix-huit épreuves à Zolder, le DTM était passé par le circuit ardennais en 2005, sans grand succès, avec un conflit entre le pneumaticien de l’époque et le circuit à propos de la tour Uniroyal. L’organisation devrait avoir tiré les leçons de cette expérience néfaste. Le public allemand appréciant ce circuit, une équipe et un pilote belges de pointe attirant leurs nombreux fans locaux, le succès pourrait être au rendez-vous.
Epreuves de haut niveau
Car le DTM se situe juste sous la F1 au niveau technologique, à même hauteur que le championnat du monde d’endurance (WEC) et son épreuve reine, les 24 Heures du Mans. Mais à la différence du WEC qui rassemble beaucoup de
privés, il n’y a que des voitures d’usine au DTM. De même, tous les pilotes DTM sont d’usine et (bien) payés comme tels, alors qu’en F1, ils sont six à recevoir salaire, le reste payant leur volant et beaucoup faisant de la figuration.
Pas de ça au Championnat allemand des voitures de tourisme, où tous les pilotes, toutes les écuries ont leur chance. Tout est fait pour cela, sans gabegie budgétaire. Des raisons d’économies imposent en effet aux trois marques de nombreuses pièces communes pour les suspensions, le châssis, etc., alors que moteur, boîte de vitesse et bien sûr carrosseries restent propres à chaque constructeur. Les différences se font à l’aérodynamisme, aux réglages, à la stratégie et au coup de volant des pilotes. Ici, l’on peut être héros du jour, et zéro du lendemain.
La preuve une nouvelle fois à Budapest, où samedi, la première journée a été dominée de façon insolente par Audi, qui plaça six voitures aux six premières places à l’arrivée, l’Italien Edoardo Mortara en tête. Le dimanche, Mortara, qui a pourtant signé la pôle, termine vingt et unième et dernier classé. Si les deux Audi RS 5 de Mattias Ekström et Adrien Tambay (fils de Patrick) squattent le haut du podium, elles sont suivies par la Mercedes-AMG 63 de Daniel Juncadella et par pas moins de quatre BMW M4, qui limitent ainsi la casse. Ayant perdu pas mal d’appui aérodynamique et d’adhérence suite à un incident dans un début de course mouvementé, Maxime Martin termine à la neuvième place, juste dans les points.
Le week-end hongrois a été tout bénéfice pour Audi, qui mène au niveau des constructeurs. Maxime Martin reste neuvième au classement des pilotes et Racing Bart Mampaey (RBM) troisième des écuries. Relancés après 16 courses, ces championnats se joueront lors des deux dernières manches, à la mi-octobre, à Hockenheim. Là où tout avait commencé en mai dernier.
Maxime Martin : "Il faut être déterminé et savoir faire beaucoup de sacrifices"
Récent vainqueur des 24 Heures de Francorchamps, Maxime Martin est aussi pilote d’usine BMW dans le championnat allemand des voitures de tourisme, le DTM. Au volant de la M4 n°36, il est le deuxième pilote belge à briller dans cette compétition, dont Eric van de Poele fut champion en 1987, aussi sur BMW. Fils de Jean-Michel Martin, quadruple vainqueur de l’épreuve d’endurance spadoise, Maxime a donc de qui tenir, mais pas seulement.
Qu’ont représenté les 24 Heures de Francorchamps ?
La plus belle victoire de ma carrière. J’ai eu beaucoup de malchance les éditions précédentes, échouant chaque fois tout près du but. Le fait d’avoir gagné après être passé si près du but rajoute à l’émotion. Les 24 Heures de Spa ont repris un élan international considérable, et les gagner en tant que Belge, c’est magique.
D’autant que c’était la première sortie spadoise de la nouvelle BMW M6.
Effectivement, avec cette voiture, on ne partait pas du tout favoris, comme je l’étais ces dernières années. Est-ce que ça m’a donné le poil de chance nécessaire, ou est-ce que ça m’a évité la malchance ?
La saison de DTM n’a évidemment rien à voir.
Non, ce sont des mentalités, des façons de piloter complètement différentes. En endurance, on partage le volant, l’esprit d’équipe est prépondérant. En DTM, on va chercher le moindre détail, tout peut se jouer sur un dixième de seconde lors d’un tour de qualification, et il faut se donner à 120 %.
Excellent tennisman, vous ne regrettez donc pas d’avoir privilégié le volant sur la raquette ?
Du tout, depuis que j’ai goûté à mes premiers tours en Fun Cup. J’ai toujours beaucoup joué au tennis, mais il n’y a pas eu beaucoup de doutes sur ce que je voulais faire depuis tout petit. J’ai suivi mon père en course jusqu’à mes 8 ans, lorsqu’il a commencé à rouler moins. C’était juste un émerveillement de le voir rouler et gagner.
Que vous a-t-il inculqué comme valeurs ?
Le fait de se démerder et de travailler dur pour arriver à ce qu’on veut. Les valeurs de la franchise et de la droiture aussi. J’ai toujours été réglo dans mon team et droit par rapport aux gens qui m’ont aidé dans ma carrière.
Comment voyez-vous le milieu du sport automobile ?
C’est un milieu de requins. Il faut toujours être sur la défensive. A mes 18 ans, je pensais avoir quelqu’un qui allait m’aider. Je me suis quand même retrouvé au tribunal parce que j’avais signé quelque chose qu’il ne fallait pas.
Votre fils Félix est né il y a quelques jours. Qu’est-ce que ça change ?
Papa, ça change tout. C’est la création de sa propre famille, les responsabilités de son enfant… C’est aussi le bonheur de pouvoir partager mes passions et les siennes avec lui. Je comprends ceux qui me disaient que ça changeait la vie.
Vous vivez maintenant à Monaco, n’est-ce pas une prison dorée ?
Il ne faut pas le prendre comme si c’était son pays, mais comme si on habitait une ville dans le sud de la France. La montagne, la mer, la Côte d’Azur, l’Italie toute proche. C’est hypersécurisé, donc hypersécurisant. Et puis beaucoup de collègues sportifs et de gens que je côtoie ont le même rythme de vie. On peut s’entraîner ensemble en milieu de journée ou se voir. Quand je reviens en Belgique, je ne vois pas beaucoup de monde car, en journée, tout le monde travaille.
Pensez-vous déjà à l’après carrière sportive, lorsque vous aurez 40 ou 45 ans ?
Dans ce sport de haut niveau, il faut être à 100 %. Il y a tellement de pilotes sur le marché, la concurrence est terrible. Le plus dur, dans ce sport, c’est non seulement d’y entrer, mais surtout d’y rester. Dès lors, envisager l’après sport, c’est compliqué. A 30 ans, je suis bon pour le service encore un petit temps.
A 30 ans, vous n’êtes plus un bleu non plus.
La pointe de vitesse est là tout de suite, ou presque. En DTM, tout est tellement serré que cela se joue sur les moindres détails. Ça apprend au pilote à aller chercher le dernier carat. Après, c’est l’expérience. A mon âge, j’ai fait énormément de courses, sur de nombreuses voitures différentes. J’ai fait plus de trente courses de 24 heures, c’est un avantage.
Que conseilleriez-vous à un jeune passionné qui voudrait faire ce métier ?
J’ai un chemin atypique, je ne suis pas passé par le karting. Mais, quoi que tu fasses, ce qui compte, ce sont les résultats. Ce sont eux qui vont te permettre d’évoluer. Il faut être déterminé et savoir faire beaucoup de sacrifices, sinon, tu n’y arriveras jamais.
Même lorsque c’est une passion ?
On ne voit pas beaucoup de potes, on perd le côté social de la vie, il n’y a pas de vacances. A un moment, ça peut devenir pesant alors, cette passion, on la ressent aussi comme un sacrifice.
Le championnat DTM...
Les constructeurs
1. Audi 602 pts; 2. BMW 565; 3. Mercedes-Benz 449;…
Les écuries
1. Audi Sport Team Abt Sportline 262 pts; 2. BMW Team RMG 252 pts; 3. BMW Team RBM 179; 4. Audi Sport Team Rosberg 177; 5. Silberpfeil Energy Mercedes-AMG 142;…
Les pilotes
1 Marco Wittmann (All/BMW) 188 pts; 2 Edoardo Mortara (Ita/Audi) 162; 3 Jamie Green (G-B/Audi) 137; 4 Robert Wickens (Can/Mercedes-Benz) 121; 5 Mattias Ekström (Swe/Audi) 107;…; 9 Maxime Martin (Bel/BMW) 78;…