La douzième de Neuville, une première pour Tanak

Auteur d’un rallye parfait, le pilote Hyundai a relayé son équipier Seb Loeb en tête samedi matin et ensuite creusé un écart qu’il se contenta de gérer dimanche pour signer son troisième succès de la saison après la Corse et l’Argentine.

"Cela faisait un petit temps que je n’étais plus monté sur la plus haute marche du podium et cela fait du bien", avouait Thierry levant le bras de son équipier Nicolas Gilsoul sur le toit de leur Hyundai WRC autour de laquelle flottaient une dizaine de drapeaux noir-jaune-rouge.

Mais le champagne agité à l’arrivée et les premières bières de la soirée ont eu un goût amer pour le Belge. Une fois encore, pour la cinquième fois, il devra se contenter, au mieux, du titre de vice-champion qui se jouera en Australie face au champion sortant Sébastien Ogier désormais dix unités derrière lui.

"Malheureusement, cette première espagnole n’a pas été suffisante pour prolonger le suspense jusqu’en Australie. Je le regrette même si je savais que mes chances étaient encore très minces. Je n’avais plus mon sort entre les mains. Ce n’est évidemment pas ici que j’ai perdu le titre. On réessaiera l’année prochaine. En attendant, notre mission sera d’offrir la couronne des constructeurs à Hyundai. Et là l’avantage - 18 points désormais - est clairement dans notre camp face à Toyota."

Et d’ajouter, bon joueur, à l’égard de son probable (on attend la confirmation) futur équipier : "Un grand bravo à Ott et Martin (Jarveoja). Ils le méritent bien sûr. Ils ont fait une très belle saison."

À 32 ans, le taciturne Estonien a décroché son premier sacre avec une sacrée dose de panache. Alors qu’une troisième place aurait pu lui suffire, le pilote Toyota aux 105 rallyes, 12 succès (la moitié décrochés cette année) et 27 podiums s’est craché dans les mains pour arracher le scratch, le premier accessit (4 dixièmes devant Dani Sordo) et les cinq points bonus dans l’ultime spéciale. Avec un écart de 3.6 sur Elfyn Evans prouvant qu’il en avait bien gardé jusque-là sous la pédale de sa Yaris.

"Quel soulagement", s’est exclamé le premier champion du monde non français et ne se prénommant pas Sébastien depuis 2003. "J’ai vraiment tout donné dans la dernière spéciale car je voulais en finir et ne pas obliger toute ma famille à faire un déplacement au bout du monde. C’est un des plus beaux jours de ma vie."

Porté en triomphe par des centaines de supporters venus dans l’espoir de célébrer le premier sacre mondial d’un Estonien dans la discipline, le Iceman du rallye a d’abord embrassé son épouse avant de remercier toutes les personnes ayant cru en lui. "Merci à tous ceux qui m’ont permis d’atteindre mon rêve, à mon manager (l’ex-rallyman Marko Martin), à Malcolm Wilson et aussi, bien sûr, Toyota qui m’a donné cette fantastique voiture. Je vais maintenant tout faire pour essayer de remporter le rallye d’Australie et leur offrir le titre des marques."

Un cadeau d’adieu de plus en plus inaccessible avant très probablement de rejoindre Hyundai en 2020. "Rien n’est encore décidé", a-t-il répété en Espagne où il a construit son château hier. "Je pense que je vais être un peu saoul ce soir", a conclu le blond platine avec un large sourire.

Celui du nouveau champion du monde des rallyes…

"Tanak équipier ? Mieux pour moi"

Thierry Neuville ne serait plus le seul leader de Hyundai en 2020.

Si l’on en croit nos confrères britanniques, le contrat est signé : Hyundai portera le n° 1 l’an prochain avec son nouveau champion... Ott Tanak, lequel triplerait son salaire actuel. Alors véritable info ou intox pour faire monter les enchères et son salaire chez Toyota sachant que son ex-employeur Malcolm Wilson toucherait toujours des royalties ?

Impossible de le savoir car, que ce soit dans le camp Toyota ou Hyundai, ou encore dans le chef du principal intéressé, on essaie de noyer le poisson. "On verra bien, vous en saurez plus bientôt", a déclaré l’Estonien, toujours sous contrat Toyota et qui voudrait sans doute laisser à la marque le temps d’exploiter son titre. Le démenti n’est toutefois pas formel. Mais on pourrait devoir attendre le lendemain du Rallye d’Australie voire début décembre avant que la nouvelle soit officialisée.

Thierry Neuville, aussi, fait mine de ne rien savoir : "Si Ott sera mon équipier l’an prochain ? C’est une rumeur, mais je ne suis au courant de rien. J’ai toujours dit que cela ne me dérangerait pas. Quand je vois les résultats de la saison, cela m’arrangerait plutôt de le voir débarquer. J’ai toujours été plus rapide que mes équipiers et je préférerais l’affronter à armes égales."

Cela promettrait en tout cas de superbes bagarres et permettrait au constructeur coréen de renforcer son team tout en déforçant ses adversaires. Si cela se confirme, le boss Andrea Adamo aura fait coup double.