Fernando Alonso: "Ce Dakar sera unique !"
L’Espagnol, double champion du monde de F1, grande attraction de ce 42e Dakar, se livre en exclusivité pour La DH/Les Sports+.
Publié le 02-01-2020 à 11h06 - Mis à jour le 02-01-2020 à 11h07
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L’Espagnol, double champion du monde de F1, grande attraction de ce 42e Dakar, se livre en exclusivité pour La DH/Les Sports+.
Arrivé à Djeddah aux petites heures du réveillon de Nouvel An en compagnie de son copilote Marc Coma, Fernando Alonso fait l’objet de toutes les attentions. À trois jours du départ de son tout premier Dakar, le double champion du monde de F1, rejoint depuis par l’ensemble de ses équipiers du Team Toyota Gazoo Racing - Overdrive, peaufine les ultimes détails d’une préparation express au terme d’une année faste.
Vainqueur des 24 Heures de Daytona en janvier, le prince des Asturies a décroché le championnat du monde d’Endurance (WEC) avant de s’imposer pour la deuxième fois d’affilée aux 24 Heures du Mans. Depuis l’annonce, en septembre, de sa participation au Dakar 2020 avec Toyota, il a multiplié les kilomètres d’essai et s’est testé en course, au volant du Toyota Hilux, notamment au Rallye du Maroc et lors d’une manche du championnat tout-terrain d’Arabie saoudite. En exclusivité pour La DH/Les Sports, l’ancien pilote Benetton, Ferrari et McLaren s’est livré au petit jeu des questions-réponses…
Fernando Alonso, vous êtes un pilote de circuit habitué à rouler au millimètre, comment appréhendez-vous la course sur un terrain sauvage et hasardeux avec un horizon à 360 degrés ?
"Les nombreux kilomètres d’essai que j’ai pu effectuer depuis le mois de septembre m’ont montré à quel point il fallait rester humble. Il y a beaucoup d’improvisation dans le pilotage si l’on veut apprivoiser le terrain. Il va être très important de démarrer ce Dakar en mode mineur, sans vouloir suivre le rythme des pilotes les plus rapides… Une autre grande difficulté est de devoir rester concentré durant 8 à 9 heures par jour avec la même intensité."
Quelle est la plus grande nouveauté à laquelle vous avez dû vous habituer au volant de votre Toyota Hilux ?
"Les mouvements de la voiture, qui, ne l’oublions pas, pèse aux alentours de 2 tonnes. En revanche, j’ai été surpris de découvrir la robustesse de la voiture face aux trous et aux jumps. On est aux antipodes d’une Formule 1, extrêmement rapide mais particulièrement fragile…"
Où placez-vous le Dakar dans la hiérarchie des courses automobiles, notamment par rapport à cette triple couronne (Monaco F1, Le Mans, 500 Miles d’Indianapolis), que vous briguez ?
"Pour moi la F1 reste incontestablement le sommet du sport automobile. Il s’agit de la discipline la plus pointue, sportivement et technologiquement. Mais je placerais le Dakar, Le Mans et l’Indy 500 sur un même pied d’égalité."
Sachant que Sébastien Loeb a échoué en l’espace de cinq participations, combien de temps vous donnez-vous pour remporter un jour le Dakar ?
"Mon objectif n’est pas le même que celui Loeb. Lui, c’est le plus grand champion de l’histoire du rallye. Il avait donc une pression plus importante pour prouver qu’il pouvait l’emporter, comme d’autres grands pilotes de rallye avant lui. Pour ma part, je suis là avant tout pour apprendre et m’acclimater à une course dont je ne connais rien. Jour après jour je vais voir comment j’arrive à progresser et à m’intégrer dans cette discipline. J’ai le sentiment que ce sera un rallye unique, une expérience unique. Je veux vivre ce Dakar à fond car je ne sais pas si j’y reviendrai chaque année en janvier. Ce n’est pas la priorité pour les saisons à venir. Cependant, il est vrai que la préparation, l’expérience que nous vivons ces mois-ci avant le Dakar, en cas de répétition dans le futur, tout ce que nous faisons maintenant sera très utile et très valable, donc si ça revient à l’avenir, nous serons certainement mieux préparés."
Du point de vue purement sportif, quel est le résultat que vous espérez obtenir au terme de cette première participation ?
"J’aimerais vraiment finir dans le top 10 au classement final et réussir quelques coups d’éclat. Qui sait, peut-être une victoire d’étape… Marc Coma, mon équipier, a remporté le Dakar à quatre reprises à moto et c’est un excellent navigateur. La première semaine sera très compliquée de ce point de vue là. On va essayer de jouer notre chance sans se mettre trop de pression. Mais, au final, ce qui compte, c’est d’engranger un maximum d’expérience en amenant la voiture au bout sans trop de problèmes…"
"Mon prochain rendez-vous ? L’Indy 500…"
L’Espagnol veut décrocher la "Triple couronne" et égaler Graham Hill… On le sait, Fernando Alonso est du genre collectionneur hétéroclite. S’il deviendra dimanche, après Jacky Ickx et Clay Regazzoni, le troisième pilote de Formule 1 à prendre le départ du Dakar, l’homme poursuit un but bien précis depuis son départ de chez McLaren l’an dernier. Déjà vainqueur du Grand Prix de Monaco et double lauréat des 24 Heures du Mans, il ne reste plus à l’Espagnol aujourd’hui âgé de 38 ans qu’à décrocher une victoire aux 500 Miles d’Indianapolis pour ceindre la fameuse "Triple couronne" du sport automobile, dont le regretté Graham Hill est toujours l’unique détenteur.
Après ce Dakar 2020, votre principal objectif reste bien l’Indy 500 ?
"Ma priorité actuelle est le Dakar mais oui, c’est en tout cas mon intention de retourner à Indianapolis. C’est la course que je veux gagner maintenant. C’est la priorité… après le Dakar."
Après votre déconvenue aux essais en 2019, comment allez-vous aborder ce nouveau défi ?
"Je vais devoir analyser les meilleures possibilités pour être compétitif. C’était triste de ne pas être assez compétitif, assez préparé. Avec McLaren lors de cette semaine d’essais et de qualifications, nous avons fait ce que nous avons pu. La préparation était un peu en retard, mais il y avait toujours la confiance que nous allions devenir compétitifs. Mais, même lors de cette semaine (d’essais et de qualifications) , nous avons eu tellement de soucis, j’ai eu l’accident le dimanche, donc tout partait de travers. L’an prochain ce sera mieux, j’espère."
Peut-on encore envisager un retour en Formule 1 ? On parle de 2021, est-ce vrai ?
"Les raisons pour lesquelles j’ai quitté la F1 seront toujours valables en 2020, à savoir la domination totale d’une équipe et des courses trop prévisibles. Mais, avec la refonte des règlements techniques pour 2021, cela peut redistribuer les cartes et, qui sait, offrir de belles opportunités de courir. Le seul point négatif, c’est l’inflation du calendrier. Vingt-deux courses, c’est du non-stop. Et je commence à vieillir…"