Le nouveau patron du Dakar: “En Amérique, ce Dakar aurait été annulé”
Pour David Castera, le nouveau patron du Dakar, l’Arabie saoudite était la seule option.
Publié le 03-01-2020 à 17h14
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Pour David Castera, le nouveau patron du Dakar, l’Arabie saoudite était la seule option.
Le Dakar a trouvé une nouvelle terre d’accueil en déménageant en Arabie saoudite. David Castera, nouvel homme fort du Dakar, nous parle un peu plus de ce projet spécial.
David, pourquoi avoir quitté le continent sud-américain ?
"J’ai pris mes fonctions après les négociations et le départ d’Amérique du Sud, mais l’histoire a donné raison à l’équipe qui m’a précédé. Si le Dakar avait été programmé sur le continent sud-américain en 2020, il aurait été annulé en raison de la crise qui touche plusieurs pays de la région. Depuis un ou deux ans, on sentait que l’épreuve n’était d’ailleurs plus la préoccupation majeure des États. La crise économique commençait à se faire sentir et les gouvernements avaient d’autres priorités que participer au financement de la course."
La survie du Dakar était-elle mise en péril ?
"Oui, clairement car notre modèle en Amérique du Sud s’appuyait sur une aide financière des pays traversés. Les frais liés à l’organisation avaient explosé par rapport à l’Afrique, notamment en raison du transport par bateaux. Nous devions réagir. Pour 2020, Amaury Sport Organisation a pensé à l’Afrique du Sud, l’Angola et la Namibie mais c’était un peu compliqué, donc nous avons opté pour l’Arabie saoudite. Ce pays présentait l’avantage de pouvoir accueillir seule l’édition 2020."
Un seul pays (le Pérou) en 2019, un seul pays en 2020, le Dakar est-il condamné à ce modèle désormais ?
"La première année nous lie en exclusivité avec l’Arabie saoudite mais nous nous sommes engagés sur cinq ans au Moyen-Orient. Nous allons pouvoir explorer d’autres contrées comme la Jordanie, Oman, les Émirats arabes unis, et ce, dès l’année prochaine."
Avez-vous reçu des garanties pour la sécurité du rallye ?
"Il n’y aura aucun problème de ce côté-là. Les bivouacs bénéficieront de la sécurité des aéroports proches du campement. Quand nous préparions le Dakar en Afrique, en Mauritanie, nous partions toujours en reconnaissance avec des militaires. En Arabie saoudite, nous n’en avons jamais eu besoin ! On dormait à la belle étoile tous les soirs et nous n’avons jamais rencontré le moindre souci."
L’Arabie saoudite est souvent pointée du doigt pour ses manquements récurrents aux droits de l’homme. Cela vous a-t-il fait hésiter ?
"Le groupe ASO s’est évidemment posé la question de savoir s’il fallait y aller ou pas. On ne va pas en Arabie saoudite comme on va partout ailleurs par rapport à tout ce qui se dit. Mais ce qui a facilité la décision c’est la réelle volonté d’ouverture du pays depuis quelque temps maintenant. En 2030, ils attendent deux millions de touristes par an. Certains vont nous dire qu’il ne s’agit que de la communication… D’autres pays comme les Émirats arabes unis ou le Qatar ont fait la même chose avant eux, sauf que l’Arabie saoudite a 25 ans de retard… Est-ce qu’il ne fallait pas y aller ? Laisser faire et ne pas s’intéresser à ce pays ? On peut se poser la question effectivement. Il faut leur laisser du temps et se dire que peut-être que certaines choses pourront changer."
Tom Colsoul, Co-pilote Toyota Gazoo Racing: “Ne pas mêler sport et politique”
“Le temps de ce Dakar 2020, je vais mettre de côté ce que je pense sur les droits de l’homme et la politique. Je crois sincèrement qu’il faut arrêter de mêler le sport et la politique. Il est évident que l’Arabie saoudite utilise le Dakar pour s’offrir une belle image. Durant douze jours, les téléspectateurs et nous, les équipages, nous allons voir des paysages à couper le souffle. C’est un magnifique pays qui mérite d’être visité. De plus, je n’y ai jamais mis les pieds et je suis impatient de le découvrir. C’est une culture différente avec des règles de vie et des lois différentes des nôtres. À nous de faire en sorte de les respecter afin de remercier nos hôtes. Depuis que je ne roule plus dans une écurie camions, je ne bois plus la moindre goutte d’alcool le soir durant les rallyes et je dois avouer que cela ne change rien à l’ambiance. Elle sera bonne de toute manière et nous nous préparons à un grand et beau rallye.”
“Nous avons 350 concurrents au départ !”
Décrié un peu partout en Europe pour son caractère dangereux et sa fâcheuse tendance à dégrader l’environnement qui l’entoure, le Dakar cumule paradoxalement hausse de la participation et audiences conséquentes à travers le monde. À ce jour, la médiatisation de l’événement reste hors norme puisque la course sera couverte par 1 900 journalistes et diffusée dans 190 pays via 70 chaînes de télévision. “Le Dakar séduit toujours autant, assure David Castera. Il suffit de voir le nombre de compétiteurs, de journalistes qui nous suivent sur l’événement. Cette année, on compte plus de 350 concurrents, soit davantage encore que lors des précédentes éditions (334 l’an dernier, 335 en 2018, 317 en 2017, 347 en 2016).”