Thierry Neuville prophète en son pays
Le Belge s’impose à Francorchamps dans une ambiance de folie. Il revient au 2e rang mondial, à 38 points d’Ogier.
Publié le 15-08-2021 à 21h10 - Mis à jour le 15-08-2021 à 21h11
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On n’aurait franchement pas pu rêver mieux pour cette première du WRC en Belgique. Du soleil, des gradins quasi combles et une foule en délire pour célébrer le triomphe à domicile (il réside à Monaco, mais il a grandi à Saint-Vith où habitent toujours ses parents) de Thierry Neuville.
"Quand j'ai descendu le Raidillon et que j'ai vu les gens debout, agiter les drapeaux, actionner les klaxons dans les gradins de la piste de rallycross, j'ai ressenti une forte émotion, avouait le héros du jour. J'avais quand même encore quelques virages à négocier et quelques points bonus à grappiller alors je suis resté concentré."
Mais dès la ligne franchie, le vainqueur a lancé sa Hyundai dans une série de donuts, des toupies fumantes dans un nuage à l'odeur de gomme brûlée, puis il a rejoint le dernier contrôle où l'attendaient quelques proches. Il est monté sur le toit de sa Hyundai, a lancé son bras vers le ciel puis a levé la main de son jeune équipier Martijn Wydaeghe dont c'est le premier succès mondial.
"Je suis soulagé, très heureux pour moi mais aussi pour les fans, la Belgique ; on espérait et attendait tous ce grand moment, depuis l'annonce du WRC à Ypres", commentait un Neuville prophète en son pays.
Ovationné dans l’arène par des milliers de supporters scandant son prénom, notre quintuple vice-champion du monde a ensuite savouré, la main sur le cœur, l’hymne national belge. Il en a même repris quelques paroles. Avant de recevoir son trophée par le plus grand pilote belge de tous les temps, Monsieur Jacky Ickx lui aussi fort applaudi lors de son entrée dans l’Arena de Francorchamps.
"Je connais Jacky depuis une dizaine d'années", nous confia plus tard la star du week-end. "Il m'envoie souvent des messages. C'est un grand fan de rallye. Hier soir, il m'a envoyé un SMS pour me dire que c'est lui qui remettait la coupe au vainqueur et qu'il comptait bien que ce soit moi."
Et Thierry a été fidèle au rendez-vous. Comme il l’avait fait lors des deux premiers jours dans la région d’Ypres, il n’a pas pris trop de risques pour éviter de commettre une faute ou de crever.
"On a parfaitement géré ce rallye avec Martijn qui a fait de l’excellent job. C’est vrai qu’on était les favoris, mais il fallait encore assumer notre rôle jusqu’au bout. Il y avait pas mal de pression, d’attentes de Hyundai, de la presse, des fans. Mais je n’ai pas craqué et j’ai délivré, en gardant toujours une petite marge de sécurité. Notamment dans la dernière spéciale où j’avais été averti que Loubet avait crevé et avait dû changer une roue. Je ne voulais pas risquer de tout perdre pour aller chercher les cinq points bonus. On avait tous trop besoin de cette victoire. Dès lors, j’ai lâché quelques secondes et perdu deux points. Mais ce n’est pas grave. J’en ai inscrit 28 et Seb Ogier seulement 14. Je réalise donc une bonne opération au championat du monde."
Il revient en effet au 2e rang à égalité de points avec Elfyn Evans, à 38 unités de Seb Ogier.
"Cette victoire va en amener d’autres cette année, vous allez voir."
Prochain rendez-vous en Grèce en septembre.
Le commentaire de Olivier de Wilde : "Un grand moment de sport belge"
Un Belge vainqueur à Francorchamps d’une manche du Mondial des rallyes. On n’aurait même pas osé en rêver avant la crise du Covid-19. Et c’est devenu une réalité, ce dimanche, que nous avons pu vous faire vivre sur "DH Moteurs" en direct. Un grand moment d’émotions partagées avec un public en liesse, un grand moment de sport, une médaille d’or de plus, même si le rallye n’est pas encore une discipline olympique.
Pendant trois jours, la Belgique motorisée a stressé, supporté, vibré pour notre quintuple vice-champion du monde. Le voir triompher dans cette arène du WRX sera certainement un des sommets de sa carrière et de la nôtre. On en avait la larme à l’œil. Pour provoquer de plus fortes émotions que cette victoire, Thierry Neuville devra devenir champion du monde.
N’oublions pas non plus Martijn Wydaeghe qui décroche son premier succès mondial qu’il n’aurait pas pu imaginer il y a huit mois. Et ayons une pensée pour Nicolas Gilsoul qui a fait lui aussi grandir notre n°2 mondial mais, surtout, pour Nathalie Maillet, la directrice du circuit de Spa-Francorchamps assassinée la nuit précédente. Un crime passionnel gâchant, hélas, cette fête nationale.
Neuville : "Je ne pouvais rêver mieux"
Thierry Neuville était évidemment on ne peut plus heureux après s’être imposé devant ses supporters.
Thierry, ce succès chez vous est-il le plus beau de votre carrière ?
"Au niveau émotionnel, cela restera certainement l’un des meilleurs moments de ma vie. Gagner ici devant mes supporters, dans une ambiance de fou, je ne pouvais pas rêver mieux. Maintenant sur le plan sportif, j’ai eu de plus grandes victoires. Ici il n’y a pas eu de réelle bagarre, je termine avec plus de trente secondes d’avance alors que parfois cela s’est joué à la seconde dans la dernière face à Ogier."
Vous n’avez réellement jamais roulé à fond ?
"C’est mon sentiment. J’aurais pu attaquer plus s’il le fallait. Cela a été une course de gestion. Je devais éviter les pièges, les crevaisons. Disons qu’au maximum, j’ai dû rouler une ou deux spéciales à 98%."
Vous faites une bonne opération en revenant à la deuxième place du championnat, à égalité avec Evans, à 38 points du leader Seb Ogier.
"Oui, j’ai d’ailleurs remercié Kalle Rovanpera d’avoir pris la 3e place à Elfyn et des points à Seb. Je reprends 14 unités, c’est mieux qu’espéré. Il m’en reste 38 de retard, cela aurait pu être 35 s’il y avait eu une consigne en Estonie... Il reste 4 rallyes et 120 points à distribuer. C’est donc jouable. Je vais continuer à me battre pour mettre la pression sur Ogier. Et chez les constructeurs, Hyundai revient à 41 points de Toyota."