GP de Belgique: Verstappen au bout d’une qualif de folie, Russell crée la sensation
Première pole sur sa terre natale pour le héros du public… néerlandais.
Publié le 29-08-2021 à 08h57
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Les 65 000 spectateurs déjà présents samedi pour les qualifications du GP de Belgique n’auront pas bravé le froid et la pluie pour rien. On a en effet eu droit à une séance chargée en émotions et en surprises même si au final c’est le héros quasi local qui s’est imposé. Pour le plus grand bonheur d’une majorité de fans oranje.
Déjà retardée d’un petit quart d’heure en raison des conditions météorologiques, la session s’est achevée peu avant 17h suite à une interruption d’une quarantaine de minutes consécutive au gros crash au Raidillon de Lando Norris.
Après l’élimination des deux Ferrari et d’un Fernando Alonso bien loin de son équipier Esteban Ocon en Q2, la pluie s’intensifiait au début de la Q3 et menait à l’accident évitable du pilote McLaren.
Il restait un peu moins de neuf minutes à la reprise pour décider de l’avant de la grille. D’abord parti pour un tour de reconnaissance en pneus "extrêmes", George Russell rentrait très vite chausser les intermédiaires comme tout le monde pour signer l’exploit de cette qualif. Pendant une trentaine de secondes, l’espoir britannique s’est retrouvé P1, 13 millièmes devant Lewis Hamilton, avant de se faire souffler la pole sur la ligne par un Max Verstappen collant 321 millièmes… seulement au pilote Williams. C’était le délire dans les tribunes à l’issue de cette neuvième pole du Belgo-néerlandais, sa toute première sur sa terre natale.
"Wouaw, je suis vraiment très heureux", s'exclamait le pilote Red Bull-Honda. "Je ne pouvais pas mieux reprendre après la pause estivale. Cela a vraiment été une séance difficile avec des changements constants de pneus, d'adhérence, puis une longue interruption avant le rush final. Il fallait être hyperconcentré pour le dernier tour où tout s'est joué. Ce n'était pas évident avec les gommes intermédiaires car il y avait encore pas mal d'eau stagnante. Finalement, j'ai réussi un tour décent. Spa est vraiment une piste fantastique."
Max était toutefois loin de vendre la peau de l'ours : "On ne sait pas réellement le temps qu'il fera demain. Cela change tellement vite ici. Normalement, nous sommes bien dans toutes les conditions. Maintenant partir en pole n'est pas toujours un avantage ici avec le phénomène de l'aspiration. J'espère que je pourrai garder l'avantage jusqu'aux Combes. De toute manière, il est certain que je ferai tout ce qui st possible pour partir d'ici avec la plus grande coupe."
Un roi-triton nommé Russell
Le Britannique a créé la sensation en hissant sa Williams en 1re ligne.
Si après cette performance magistrale, Toto Wolff ne le titularise pas chez Mercedes en 2022, on ne comprend plus rien. Un garçon marchait littéralement sur l’eau lors des dernières minutes de la Q3 : George Russell. Sur un circuit de grands garçons, par des conditions très délicates, le jeune Britannique est parvenu à compenser l’important déficit en performances de sa modeste Williams pour aller taquiner les ténors du championnat. On a crû halluciner quand on a vu la FW42B n°63 s’offrir des secteurs violets. Et pourtant, le garçon a rappelé une énième fois qu’il méritait mille fois un volant dans une écurie de pointe en s’offrant même la pole provisoire pendant quelques secondes avant d’être délogé par Max Verstappen.
"Ce sera la première fois que je partirai de l'avant de la grille en F1 avec Williams", se réjouissait George, qui avait déjà connu ce bonheur lors du GP de Sakhir 2020 où il remplaçait au pied levé Lewis Hamilton. "On est sorti au bon moment en gérant bien le timing de la séance et j'avais confiance dans la voiture. Au dernier tour, on n'avait rien à perdre. Être en Q3 était déjà miraculeux, donc on a tout donné en exploitant au maximum le moteur et la batterie."
Pour une écurie Williams qui a connu la délivrance lors du GP de Hongrie en renouant enfin avec les points, le moment est historique. C'est la première fois depuis Monza 2017 et Lance Stroll qu'une monoplace de Grove se hisse en première ligne. Sauf qu'à l'époque, les machines anglaises étaient beaucoup plus fringantes qu'aujourd'hui, ce qui rend l'exploit de Russell encore plus marquant. Pour l'ex-champion de Formule 2, ce coup d'éclat arrive à point nommé à l'heure où la silly season bat son plein. Il devance même pour 13 millièmes son potentiel futur équipier Hamilton et est donc de facto le meilleur représentant des pilotes motorisés par Mercedes. "Dimanche, les points seront mon objectif", conclut-il.
Mais George ne se laissera pas dépasser si facilement, c’est certain !
Hamilton en embuscade
Avec George Russell, Lewis Hamilton aura un obstacle imprévu à surmonter ce dimanche après-midi pour se retrouver dans les échappements de son némésis Max Verstappen. Le leader du championnat a manqué la première ligne pour 13 petits millièmes face à ce diable et sa Williams. Mais la course est une autre paire de manches. "Je fut une journée difficile pour tout le monde", constatait Lewis au micro de Mark Webber. "On a essayé de rester concentré sur la séance malgré la longue interruption en conservant notre calme. On tentera d'exploiter les opportunités. Bravo à Max et surtout à George, quel tour il a fait !" On notera enfin que Daniel Ricciardo, Seb Vettel et Pierre Gasly se sont hissés devant les seconds couteaux Red Bull et Mercedes, Valtteri Bottas étant décevant 8e et reculera de 5 places suite à ses frasques de Budapest.
Gros crash de Norris au Raidillon
Indemne, le Britannique sera bien au départ ce dimanche.
Il avait été le seul à oser effectuer un tour de reconnaissance en slicks lors de la 3e séance d’essais libres du matin. Très en verve depuis le début du week-end, Lando Norris, actuellement 3e du championnat, se sentait pousser des ailes sous la pluie. Le plus rapide en Q1, 2e en Q2, il se voyait bien arbitrer dans ces conditions délicates le duel attendu pour la pole entre Verstappen et Hamilton.
Parmi les premiers à s'élancer en Q3, alors que la pluie redoublait, le demi-Belge (sa maman habite Saint-Nicolas) se plaignait à la fin de son tour de lancement. "Il y a vraiment beaucoup d'aquaplaning", déclarait-il à la radio. Quelques instants auparavant, le quadruple champion du monde Sébastian Vettel avait pour sa part averti : "Il y a trop d'eau, il faut mettre le drapeau rouge."
Mais le directeur de course, Michael Masi, n’écoutait pas l’avis des pilotes. Et moins d’une minute plus tard, Norris pulvérisait sa McLaren dans le Raidillon. Décrochant après avoir visiblement surfé sur une coulée d’eau, sa monoplace partait en tête-à-queue dans la montée, tapait fort à gauche, se disloquait avant de traverser la piste dans l’autre sens. Heureusement, personne n’arrivait juste derrière…


Premier sur les lieux du crash, Vettel s'arrêtait auprès de l'épave gisante pour s'assurer que Lando, sonné, était OK. Le pouce levé, le jeune Norris faisait signe qu'il se sortait quasi indemne du plus gros crash de sa carrière en F1. "Désolé les gars", lança-t-il à la radio du team. "P… je l'avais dit, cet accident n'était pas nécessaire", pestait pour sa part Vettel.
Transporté au centre chirurgical, il était ensuite transféré à l’hôpital pour subir un scanner au niveau d’un coude endolori. Mais il réintégrait le paddock quelques heures plus tard et pourra bien prendre part à la course ce dimanche au volant d’une nouvelle MCL35M qui devra s’élancer depuis la pitlane. Avec la ferme intention de remonter dans les points…