Historique: le Grand Prix de Belgique tombé à l’eau
Max Verstappen déclaré vainqueur après quatre tours derrière la voiture de sécurité. La cata pour les fans.
Publié le 30-08-2021 à 08h00 - Mis à jour le 30-08-2021 à 12h25
Avec 75 000 spectateurs Covid Safe autorisés, c’était le plus grand événement national depuis début 2020. Cela aurait dû être une grande fête, une vitrine pour la Région wallonne, un superbe nouveau duel attendu entre Lewis Hamilton et Max Verstappen arbitré par George Russell, l’invité de qualifications déjà perturbées par la pluie. Mais ce dimanche, les dieux du ciel, comme s’ils avaient voulu pleurer toute la journée la directrice du circuit tragiquement disparue voici deux semaines, n’étaient pas avec les organisateurs. Après avoir déjà transformé les parkings en bourbiers et créé d’énormes embouteillages samedi dans lesquels certains ont été bloqués durant plusieurs heures sur l’autoroute (voir des travaux à Polleur où la circulation était réduite à une file est inadmissible), la pluie, incessante durant tout l’après-midi, a mené à l’annulation pure et simple du GP de Belgique. On avait déjà vécu cela chez nous en 1985, à l’époque car l’asphalte s’arrachait. Mais là, l’annulation avait été décidée la veille. Cette fois, ce sont les intempéries d’un été plus pourri que jamais qui auront eu raison du plus grand événement sportif de l’année dans notre pays.
Transis de froid, présents pour certains plus de 12 heures sous la pluie, les milliers de spectateurs auront patienté pour rien. À 18 h 45, 3 h 45 après l’heure de départ prévue, le directeur de course Michael Masi annonçait que la course ne reprendrait pas. Une nouvelle accueillie par des sifflements bien légitimes dans les gradins d’un public forcément déçu mais resté digne. Le GP de Belgique 2021 se sera donc résumé à quatre tours derrière la voiture de sécurité. Juste assez pour attribuer, injustement à nos yeux, la moitié des points. De quoi permettre à Max Verstappen, en pole, de reprendre cinq des huit unités de retard sur Lewis Hamilton. Et à Georges Russell de signer son premier podium en F1.
Mais l’aspect sportif n’avait guère d’importance. Après les dramatiques inondations, la météo était à nouveau responsable d’un nouveau sinistre : celui de notre Grand Prix. Difficile pour certains de comprendre que les 20 meilleurs pilotes du monde ne sont pas capables de rouler sous la pluie, même en adaptant leur vitesse. Après le décès tragique d’Anthoine Hubert au sommet du Raidillon il y a deux ans et le gros crash de Lando Norris samedi au même endroit, le directeur de course a préféré ne prendre aucun risque. Qui peut l’en blâmer ? Qu’aurait-on dit en cas de carnage si on avait lancé la course ?
"Le problème ce n’est pas l’adhérence, mais l’absence de visibilité, expliquait Lewis Hamilton. Même à 80 km/h derrière la voiture de sécurité, on ne voyait pas à 5 m. Il aurait été trop dangereux de faire la course dans un nuage d’eau. "
"On aurait peut-être pu partir à 15 h 30, mais après, la situation n’a fait qu’empirer, regrettait Max Verstappen. Je suis vraiment désolé pour les fans. "
Reste à voir si, comme à la suite d’un concert annulé, les tickets pourront être remis à 2021. C’est, hélas !, peu probable même si c’est l’espoir de l’organisation qui aura, elle, dû tout payer pour au final voir son GP tourner en eau de boudin.
Le commentaire de l'expert: la météo n’est pas seule responsable
Certes, la journée de dimanche a été pourrie. Mais la pluie peut-elle être jugée seule responsable de l’annulation du GP de Belgique ? Le directeur de course pouvait-il prendre une autre décision ? Pour la première question, la physionomie même du circuit avec pas mal de dénivellé, surtout au niveau du Raidillon, fait que l’eau ruisselle plus qu’ailleurs. Ce problème a déjà provoqué l’interruption des 24 H de Spa durant près de douze heures il y a deux ans. Ce n’est pas nouveau. L’eau stagnante, la création de flaques, les soucis d’évacuation récurents, le problème de drainage favorisent le phénomène d’aquaplaning et les projections d’eau aveuglant les pilotes. Le manque de dégagements et la dangerosité du Raidillon où l’on ne veut plus voir couler d’eau rouge posent aussi problème dans ces conditions. Dès lors, le directeur de course a pris ses responsabilités. Il valait mieux décevoir 75 000 personnes que de risquer un nouveau drame. La vie d’un homme, même cher payé pour défier le danger, n’a pas de prix. Peut-être aurait-on pu attendre encore un peu, remettre la course à lundi ou proposer aux fans un show minimum...