La Belgique en force aux 24H du Mans : ils sont 8 à viser le podium
Laurens Vanthoor ambitionne avec Porsche le premier succès belge depuis Jacky Ickx en 1982, WRT notre seul espoir de Brabançonne.
- Publié le 10-06-2023 à 14h56
- Mis à jour le 10-06-2023 à 14h57
La Belgique n’a plus été aussi bien représentée aux 24H du Mans depuis 2000 où nos Diables rouges motorisés étaient onze. Cette année, ils sont neuf répartis dans trois catégories, avec le team belge WRT visant la victoire dans la quatrième (LMP2 Pro), l’équipe de Vincent Vosse étant d’ailleurs la seule à pouvoir offrir une Brabançonne aux milliers de fans belges présents car l’hymne national est réservé à la nationalité du team. Parmi nos représentants, huit sur neuf rêvent de garder un trophée en souvenir de cette édition du centenaire.
Laurens Vanthoor veut succéder à Ickx (Porsche 963 Penske N°6)
Cela fait quarante et un ans que la Belgique attend le successeur de Jacky Ickx au Mans. Laurens Vanthoor peut-il devenir le cinquième des nôtres à inscrire son nom au palmarès de la glorieuse épreuve ? Sur le papier, oui. Le pilote de Zolder partage le volant d’une des trois 963 Hypercar d’usine avec le Français Kevin Estre, déjà son équipier lors de leur succès en GT en 2018, et le triple lauréat André Lotterer dont la maman n’habite plus Nivelles. Porsche vise un nouveau record de 20 victoires et fait rarement les choses à moitié. Maintenant, dans la réalité ce sera compliqué. Comme on a déjà pu le constater aux essais, la nouvelle LMDh de Stuttgart manque toujours un peu de vitesse et de fiabilité. “Il sera difficile de gagner à la régulière, mais il peut se passer tellement de choses sur 24h, estime Laurens, qui prendra le départ en 9e position. On doit absolument signer un sans-faute pour espérer avoir une petite chance. Si je gagne, ce serait le plus beau jour de ma vie après mon mariage et la naissance de ma fille. La pluie ne serait pas notre alliée car nous ne possédons pas quatre roues motrices comme les LMh de Toyota, Peugeot et Ferrari.”
Dries Vanthoor fort comme un Turc (Oreca-Gibson Racing Team Turkey N°923)

Avant de rejoindre BMW WRT en 2024 avec la nouvelle Hypercar, le petit frère Dries, qui reste le plus jeune Belge à avoir participé au Mans en GT en 2017, a été invité sur la LMP2 Racing Team Turkey de Salih Yoluc qui n’aurait clairement pas dû rester Bronze tant il est rapide. Avec Tom Gamble comme troisième pilote, ils partent donc grands favoris de la catégorie LMP2 Pro-Am même s’ils ne s’élanceront que 11es suite à une pénalité infligée à Vanthoor Jr pour ne pas avoir ralenti assez vite sous drapeau rouge en qualifications. “Après ma victoire en GTE-Am lors de mes débuts il y a six ans, on vise un nouveau succès cette fois en LMP2 Pro-Am,” explique Dries qui prépare déjà 2024 et sa participation cette fois dans la catégorie pointe des Hypercars où il rejoindra son grand frère au volant d’une BMW M V8 qu’il aura l’occasion de tester pour la première fois la semaine prochaine en Espagne.
Maxime Martin, Ugo de Wilde et Tom Van Rompuy sous les couleurs belges (Oreca-Gibson, DKR N°43)

Ce n’est que le 9e trio belge de l’histoire mancelle, le premier depuis Vanina Ickx, Bas Leinders et Maxime Martin déjà en 2011. Et ils roulent de surcroît sous les couleurs belges et le label Racing for Belgium. Avec les encouragements même du Palais Royal ! En espérant que la “belge histoire” se termine mieux que pour Eric van de Poele, Marc Goossens et Eric Bachelart sur la Ferrari en 1996. L’objectif de nos trois compères est un podium dans la catégorie Pro-Am. La petite équipe DKR a bien préparé cela. Le résultat dépendra donc en grande partie de la forme du jeune “gentleman driver” rookie Tom Van Rompuy qui devra passer un minimum de six heures dans la voiture. Là aussi, il faudra viser le sans-faute pour décrocher le résultat espéré même si une arrivée comblerait déjà Ugo et Tom pour leur premier Le Mans, bien guidé par un Maxime Martin en comptant déjà sept de plus. “C’est toujours un plaisir de rouler ici, c’est vraiment la plus grande course au monde”, se réjouit Martin battant les sept participations de son paternel Jean-Michel. “Le Mans est magique. De nuit, c’est la plus belle expérience de ma vie. Un truc de dingue,” renchérit Ugo, plus jeune Belge en cent ans à disputer le double tour d’horloge aux commandes d’un proto.
Ulysse De Pauw peut décrocher l’or avec Ferrari en GT (Ferrari 488 GT AF Corse N°21)

Pour son premier Le Mans lui aussi, Ulysse a été le seul de nos neuf compatriotes à hisser sa Ferrari en Hyperpole. Son équipier amateur français Julien Piguet l’a qualifiée au quatrième rang. La Ferrari 488 semble posséder une bonne BOP et donc être compétitive en GTE-AM, catégorie sur laquelle on portera plus d’attention vu la suppression cette année du GTE-Pro. Le résultat d’Ulysse dépendra aussi de ses équipiers, le Français Piguet et le Britannique Simon Mann. Le podium est un objectif tout à fait à leur portée même si la Corvette de Ben Keating, Nick Catsburg et Nico Varrone s’élancera avec la faveur des pronostics. “Je n’en reviens pas d’être ici, en plus dans l’équipe qui a signé la première ligne au général, confie le Grézien de 21 ans. La 499P me fait évidemment encore plus rêver. C’est le but ultime. Mais d’abord on veut décrocher un trophée cette année en GT.”
Alessio Picariello vise juste le damier (Porsche 911 RSR Iron Lynx n°60)
Équipier d’un des patrons d’Iron Lynx Claudio Schiavoni, un vrai gentleman parmi les plus lents en piste, Alessio Picariello, le plus rapide des pilotes Porsche 911 en qualifications, ne peut objectivement viser qu’une place à l’arrivée. “C’est toujours un plaisir de participer à un tel événement même si on sait que l’on ne peut prétendre à rien qu’à une arrivée. Derrière le volant, on se fait plaisir.”
Jan Heylen parmi les favoris en GTE-Am (Porsche 911 RSR Proton Compétition n°16)

Le plus américain de nos représentants est resté bien en retrait lors des qualifications. L’équipage qu’il forme avec l’Américain Ryan Hardwick et le Canadien Zack Robichon fait pourtant partie des meilleurs sur le papier. On peut donc s’attendre à une belle remontée de pilotes s’étant déjà illustrés en IMSA en GTD. “Le podium est effectivement un bel objectif dans une catégorie s’annonçant très ouverte. L’objectif sera juste d’éviter les embûches, se montrer régulier et ne pas commettre de fautes comme on en a déjà beaucoup vu lors des essais.”
Sarah Bovy mise sur la régularité des Iron Dames (Porsche 911 RSR Iron Lynx n°85)

Last but not the least, notre panthère rose Sarah Bovy s’élancera certes en queue de peloton suite à une petite erreur de Michelle Gatting en qualifications, mais les ambitions de podium en GT demeurent intactes : “Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas viser le podium sur lequel on est déjà monté cette année en WEC, indique la Nandrinoise. La Corvette de Keating-Varrone-Catsburg possède clairement le meilleur package et les Ferrari avaient plus misé sur des réglages pour les essais. Nous avons surtout de notre côté préparé la course. On va remonter au fil des heures. J’espère maintenant que je suis dans l’autre camp que les Ferrari ne mettront plus trois secondes au tour à tout le monde. La pluie ? Je ne la crains pas. On marche bien sur l’eau. Maintenant, cela rend la course plus aléatoire et il y a plus de risque d’accident, de votre faute ou pas.”