Le Dr Mouton aussi noir qu'on le dit?

La détention préventive du docteur liégeois Georges Mouton, placé sous mandat d'arrêt mercredi dernier pour infractions à la loi sur les pratiques pharmaceutiques et à la réglementation sur usage des stupéfiants, a été prolongée en début de semaine par la chambre du conseil de Liège.

Ph. Vdb.
Le Dr Mouton aussi noir qu'on le dit?
©Stagiaire LLB

La détention préventive du docteur liégeois Georges Mouton, placé sous mandat d'arrêt mercredi dernier pour infractions à la loi sur les pratiques pharmaceutiques et à la réglementation sur usage des stupéfiants, a été prolongée en début de semaine par la chambre du conseil de Liège.

Concrètement, la justice reproche au médecin sportif d'avoir «trempé» dans un dossier de dopage, en délivrant de l'EPO et de la DHEA à des sportifs.

Georges Mouton était le médecin de nombreux cyclistes et athlètes. Il a ainsi soigné Luc Leblanc, Franck Vandenbroucke, Brian Dalgaard, Jean-Paul Bruwier, Saïd Aouita ou encore Mohamed Mourhit, mais aussi de nombreux sportifs amateurs.

UNE «FONTAINE DE JOUVENCE»

L'enquête le concernant a été ouverte en août 1998 après qu'une personne qui a voulu garder l'anonymat, avait déclaré aux autorités judiciaires de Gand qu'il lui était «revenu que le docteur Mouton prescrivait de l'EPO»

. Diverses perquisitions avaient été réalisées au cabinet médical que Georges Mouton occupait à Velroux avec d'autres médecins.

En août 1999, un colis qui lui était destiné avait été intercepté par les enquêteurs. Selon eux, il contenait de l'EPO. Selon Me Hugues Hiernaux, le conseil de Georges Mouton, il contenait de la DHEA (déhydroepiandrostérone, une hormone stéroïde appelée «fontaine de jouvence» qui a pour avantage d'améliorer l'énergie et la vitalité, de stimuler le système immunitaire et de permettre une meilleure résistance au stress. L'hormone est en vente libre aux Etats-Unis et sur Internet. Son usage n'est pas recommandé aux personnes de moins de 35 ans. Il doit être surveillé car, à long terme, il pourrait favoriser le développement de cancer, NdlR) et des compléments nutritionnels.

Au printemps 2000, le cycliste danois Brian Dalgaard, qui avait couru dans l'équipe belge Spar, avait dénoncé le docteur Mouton lors d'une émission télévisée danoise. Également invité, Georges Mouton avait nié avoir délivré quelle substance illicite que ce soit.

Depuis quelques mois, le docteur Mouton avait quitté son cabinet de Velroux pour le sud de l'Espagne. Il travaillait dans une clinique espagnole. Mais aussi à Londres où il consultait quelques jours par mois. Il avait prévenu les autorités judiciaires de son départ et avait laissé ses coordonnées. Il a été arrêté il y a une semaine, alors qu'il se trouvait en Belgique.

ÉVITER LES AMALGAMES

Selon son conseil, aucun élément neuf n'a justifié le mandat d'arrêt. «Le dossier, ouvert en 1998, et compte 4000 pages. Rien dans le dossier ne justifie le mandat d'arrêt de la semaine dernière»,

a remarqué Me Hiernaux à l'issue de la chambre du conseil.

Même s'il reconnaît avoir appliqué des pratiques thérapeutiques particulières - le médecin reconnaît avoir prescrit de la DHEA, il est connu pour avoir prescrit de nombreux autres compléments alimentaires et beaucoup de fer -, le docteur Mouton nie toute prescription, injection ou délivrance d'EPO.

Lundi, son conseil a plaidé sa remise en liberté. Mais la chambre du conseil a ordonné son maintien en détention pour un mois. Le médecin détenu à Lantin a interjeté appel. La chambre des mises en accusation se penchera sur le dossier dans 15 jours.

Les éléments nous manquent pour aller plus avant dans ce dossier et il faut laisser à la justice le soin de faire son travail.

Mais deux faits sont patents: un, le docteur Mouton était dans le collimateur de beaucoup de détracteurs depuis pas mal de temps et deux, le nouveau (et tardif) décret de la communauté française en matière de dopage n'a pas encore trouvé de victime expiatoire.

Il faut donc raison garder, éviter les amalgames. Et attendre.

(avec BELGA)

© La Libre Belgique 2001


D. Bellini: «Lavage de cerveau» Champion de Belgique des poids welter, Douglas Bellini (qui vient juste de combattre pour la ceinture européenne) a fréquenté un bref instant le cabinet du Dr Mouton, c'était en 1999. Le boxeur de La Louvière n'en a pas gardé un bon souvenir: «J'ai eu l'impression de tomber dans une secte et de subir un véritable lavage de cerveau. On me répétait sans cesse que l'unique moyen de devenir un champion était de passer par leur cabinet... Personnellement, j'étais prêt à le croire mais mon épouse m'a fait redescendre les pieds sur terre.» En effet, on ne devient pas champion du monde sans y aller de sa poche: «Les soins coûtaient en moyenne entre 15 et 20 000 francs par mois.» Quant à la nature des produits prescrits, Douglas Bellini affirme qu'ils étaient clean: «J'ai demandé à mon médecin personnel de les analyser. Il s'agissait de poudres protéinées et de créatine, un produit que mon médecin m'a d'ailleurs conseillé de ne pas absorber bien que ce ne soit pas considéré comme un produit dopant.» (Ch. Bl.)

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