JO: En plein dans le Mille(r)
C’est la consécration que le monde du ski alpin attendait. Car même ceux qui restent insensibles à la personnalité controversée de Bode Miller ne peuvent rester indifférents à son exceptionnel talent.
Publié le 23-02-2010 à 04h15 - Mis à jour le 23-02-2010 à 08h06
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C’est la consécration que le monde du ski alpin attendait. Car même ceux qui restent insensibles à la personnalité controversée de Bode Miller ne peuvent rester indifférents à son exceptionnel talent. En remportant l’or olympique qui faisait défaut à son énorme palmarès, riche de 2 médailles d’argent décrochées à Salt Lake City en 2002 et de quatre titres mondiaux, l’Américain aux deux Globes de Cristal accède enfin au Panthéon pour sa quatrième participation aux JO. Au moment, il faut le dire, où on l’attendait le moins, après une année creuse en 2009, après avoir envisagé la retraite et après quelques contretemps physiques entrecoupés d’une seule victoire sur le grand Cirque blanc, en combiné à Wengen. Bref, fidèle à son caractère imprévisible qui a fait sa réputation
Ce dimanche, l’Américain s’est tout d’abord classé septième de la manche de descente enlevée par un Aksel Lund Svindal skiant sur un nuage. Condamné à aller chercher le skieur de Franconia, le Norvégien ne réussit pas à rester sur le tracé de slalom où Miller, tout en puissance et en relâchement, avait réussi un grand numéro quelques minutes plus tôt pour déloger Ivica Kostelic de la plus haute marche du podium. "Je ne peux pas demander plus !" lançait Bode Miller à l’arrivée. "Je ne sais pas encore combien de temps je peux continuer à ce niveau. C’est épuisant sur le plan émotionnel et physique."
Une fois de plus, la polyvalence de Bode Miller a donc fait la différence, le médaillé d’or ayant réussi à s’exprimer et à s’imposer dans toutes les disciplines du ski alpin dans sa carrière. Un grand écart qui ne pouvait qu’être récompensé un jour ou l’autre, malgré (ou grâce à ?) son caractère bien trempé.
Définir les contours de sa personnalité relève d’ailleurs de l’exercice de haute voltige. C’est, en fait, en retraçant son histoire, à travers son éducation notamment, que l’on croit cerner le caractère de cet enfant terrible du ski américain. Elevé à la dure par des parents hippies, la famille Miller vivant dans une maison en bois privée d’eau et d’électricité, le petit Bode, né à Easton dans le New Hampshire, a été scolarisé sur le tard. Si ce sont le tennis et le football qui l’ont d’abord attiré, le ski a rapidement attiré ses faveurs, au point de le pousser à s’inscrire dans une académie spécialisée.
Ses débuts sur le circuit en 1991 apporteront à tous les observateurs la confirmation d’un immense talent. Mais ils apprendront également à faire connaissance avec une personnalité hors norme, adepte des déclarations fracassantes, en faveur de la libéralisation du dopage ou de la création d’un circuit professionnel en ski alpin notamment. Auquel il ajoute des petites phrases comme: "Il m’est déjà arrivé de skier bourré, ce qui n’est pas facile, car tu joues ta vie à chaque virage". Des prises de position assumées, qui font aujourd’hui partie de sa légende.
Il s’est un peu assagi depuis qu’il est devenu papa d’une petite Dacey, et, en concrétisant enfin son rêve, il succède au palmarès du super-combiné à son compatriote Ted Ligety.