La judokate saoudienne autorisée à combattre tête couverte
C'était la première fois que des femmes d'Arabie Saoudite participaient aux JO. Le cas de Wodjan Ali fut difficile à régler.
Publié le 31-07-2012 à 17h05
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La judokate Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shahrkhani, l'une des deux premières Saoudiennes présentes aux JO, qui insistait pour combattre voilée, pourra monter sur le tatami la tête couverte, a annoncé le Comité international olympique (CIO) mardi.
"Nous pouvons confirmer que la Fédération (internationale) et le Comité olympique saoudien, sous l'auspice du CIO, sont parvenus à un accord selon lequel l'athlète pourra participer", a déclaré une porte-parole du CIO.
Lundi, le père de cette jeune fille de 18 ans, venu à Londres à ses côtés, avait menacé de la retirer du tournoi olympique féminin des +78 kg si elle n'était pas autorisée à porter le voile durant son combat. Une exigence en contradiction avec les règlements du judo, qui imposent à ses combattants de se présenter tête nue sur le tatami.
Si le voile avait déjà été vu aux Jeux, sur des tireuses par exemple, cela n'avait jamais été le cas en judo, et l'affaire Shahrkhani créait un précédent. La solution trouvée, selon le CIO, consiste en fait à autoriser la jeune fille à "couvrir sa tête de quelque chose qui ne compromettra pas sa sécurité". Et la porte-parole du CIO de préciser, sans utiliser le terme de voile, que ce couvre-chef adapté est "utilisé dans les compétitions en Asie".
La Fédération internationale de judo (IJF) a confirmé à l'AFP mardi avoir trouvé "une solution pour que les engagements du CIO d'accepter les Comités nationaux olympiques dans le respect de leur culture soient respectés", a indiqué Jean-Luc Rougé, secrétaire général de l'IJF à l'AFP.
Un communiqué de l'IJF a ensuite précisé que "la solution adoptée garantit un bon équilibre entre la sécurité et les considérations culturelles".
Aucune précision n'a cependant été donnée sur ce vêtement que pourra utiliser la jeune femme lors de son combat vendredi contre la Portoricaine Melissa Mojica, à 10h33 locales (09h33 GMT). Ni si cela pourrait ressembler à une espèce de bonnet de bain ou à ces capuches moulantes portées sur les pistes d'athlétisme par des athlètes comme l'Australienne Cathy Freeman ou l'Américain Florence Griffith-Joyner.
Si dès le départ la Fédération internationale de judo était réticente et refusait de céder, l'insistance du CIO et du Comité olympique saoudien a donc fini par payer mardi.
C'est le 12 juillet que l'Arabie saoudite avait annoncé, via le CIO, sa décision d'envoyer pour la première fois de son histoire des femmes aux jeux Olympiques: Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shahrkhani en judo et Sarah Attar sur 800 m en athlétisme.
Une décision qui était intervenue quatre jours après que Jacques Rogge, le président du CIO, se félicite de la décision de la Fédération internationale de football d'autoriser le port du voile par les footballeuses.
Avant ces Jeux de Londres, trois pays n'avaient jamais envoyé de femmes aux Jeux: l'Arabie saoudite, le Qatar et Brunei. Le Qatar a finalement envoyé à Londres une tireuse, une athlète et une nageuse, faisant même de Bahiya al-Hamad, sa tireuse, son porte-drapeau. Brunei, lui, a envoyé une athlète.
Durant la cérémonie d'ouverture des Jeux de Londres, vendredi soir, les deux sportives saoudiennes ont défilé vêtues d'une abaya, une longue robe traditionnelle noire, derrière leurs collègues masculins.