Les JO en 10 dates clés
Ces instants où l'histoire s'est invitée aux Jeux.
Publié le 05-08-2016 à 11h14 - Mis à jour le 05-08-2016 à 12h26
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Ces instants où l'histoire s'est invitée aux Jeux.
1896, l'éveil à la mondialisation
Ni l’instigateur Pierre de Coubertin, ni les participants à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’Athènes le 6 avril 1896 (photo) n’en ont forcément conscience mais les JO “nouvelle version” ouvrent à une tendance massive des décennies à venir : l’internationalisation, la globalisation. “A la même époque, il y a la création d’autres organisations internationales : le scoutisme, la Croix-Rouge , souligne Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef à “Sport et Vie”. Jusque-là, ça n’existait pas, il y avait très peu de choses qui avaient une influence hors des frontières d’un pays. C’est une époque où on est fort renfermé dans ses frontières. Ici, il y a l’éveil à une forme d’internationalisation.”
1936 ou le kidnapping patriotique

Adolf Hitler, dans sa loge, à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Berlin, le 1 er août. Les JO de 1936, c’est la célébration d’un régime – le régime nazi – avec Hitler et Goebbels en vedette et Leni Riefenstahl qui filme un spectacle mondial. “Un kidnapping des JO à des fins patriotiques” , pour Gilles Goetghebuer. L’anecdote concernant le refus d’Hitler de serrer la main à Jesse Owens, l’athlète noir américain superstar de ces Jeux, est en revanche légendaire.
1956, le conflit russo-Hongrois se poursuit dans la piscine

En novembre 1956, l’insurrection de Budapest (Hongrie) est écrasée dans le sang par l’URSS. Le 6 décembre, Russes et Hongrois se retrouvent aux Jeux olympiques de Melbourne en demi-finale de la compétition de water-polo. Sur ce fond de tension politique extrême, durant le match, les deux équipes rivales en viennent aux mains. Blessé à l’arcade sourcilière, le Hongrois Ervin Zador (photo) rougit la piscine de son sang. La Hongrie remportera le match et la compétition.
1968, le Poing levé des black panthers

L’image a fait le tour de la planète et se trouve à présent dans les livres d’histoire. C’est le geste de rébellion de deux coureurs afro-américains, John Carlos et Tommie Smith, brandissant le poing pour protester contre la ségrégation raciale, alors qu’ils se trouvaient sur le podium après avoir couru les 200 mètres des JO le 15 octobre 1968, à Mexico. C’est le troisième homme, l’Australien Peter Norman, qui leur a conseillé de se partager une paire de gants afin de rappeler le symbole des Black Panthers, mouvement révolutionnaire afro-américain. Tous trois portaient le badge du Projet olympique pour les droits de l’homme, un mouvement d’athlètes engagés pour l’égalité des hommes.
1968, Vera Caslavska, l’autre rebelle silencieuse
Les Jeux de Mexico se déroulent peu après l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’URSS suite au printemps de Prague. La gymnaste tchécoslovaque Vera Caslavka s’en souviendra lorsqu’elle se retrouvera sur le podium avec une athlète russe. “Quand l’hymne soviétique a commencé à jouer, je me suis tournée à l’opposé du drapeau de l’URSS et j’ai baissé ma tête. Ce n’était pas prévu; c’est venu du fond de moi, de mon âme, de mon cœur” , racontera-t-elle plus tard. Ce geste va bouleverser sa vie : de retour dans son pays où la répression politique est à son comble, elle sera considérée comme une paria par les autorités. Mais à la chute du communisme, elle deviendra conseillère du président Vaclav Havel.
1972, 5 septembre de terreur à Munich

Un terroriste palestinien masqué apparaît au balcon des installations de l’équipe israélienne, dans le village olympique des Jeux de Munich. Nous sommes le 5 septembre 1972, et les terroristes du groupe palestinien Septembre noir viennent d’attaquer l’hôtel des sportifs israéliens. Au matin du 5 septembre, ils ont tué deux Israéliens et en ont pris 9 autres en otages. Leur revendication : la libération de 200 prisonniers palestiniens et un départ des lieux avec leurs otages. Dans la soirée, les terroristes fuient avec ceux-ci, à bord de deux hélicoptères, vers l’aéroport militaire Fürstenfeldbruck. Quelques heures plus tard, l’opération de sauvetage tourne au fiasco : les 9 otages et un policier sont tués. Les terroristes seront abattus ou emprisonnés.
1976, sans 22 pays africains
L’histoire des Jeux olympiques, c’est aussi celle des boycotts. A la cérémonie d’ouverture de 1976 à Montréal, le défilé des athlètes était plus court que d’habitude. Vingt-deux pays africains n’y ont en effet pas participé. Ils ont invoqué la présence de la Nouvelle-Zélande qui avait eu des contacts avec l’Afrique du Sud, exclue pour apartheid. Mais ce boycott était aussi une façon de revendiquer leur place parmi les grandes puissances mondiales, de souligner leur indépendance, indique Gilles Goetghebuer.
1980, le bras d’honneur à l’URSS

Le 30 juillet, après avoir battu le record du saut en hauteur (5,78 m), le Polonais Wladyslaw Kozakiewicz adresse un bras d’honneur au public russe. Rassemblés dans le stade Lénine à Moscou, les spectateurs l’avaient copieusement hué durant le concours. Le geste vise aussi tout un pays : c’est le moment où la Pologne est sous la domination de l’URSS... Ce n’est d’ailleurs pas le seul bras d’honneur envoyé à la Russie pendant ces Jeux. Plus de 50 nations ont boycotté ces Jeux de la XXII e olympiade moscovites à la suite de l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Les pays de l’Est rendront la pareille à Los Angeles 4 ans plus tard.
2000, la fierté aborigène à Sydney

Radieuse, l’Australienne aborigène Cathy Freeman effectue son tour d’honneur, après avoir remporté à domicile le 400 mètres, le 25 septembre à Sydney. Mais le symbole est derrière elle, dans les deux drapeaux qu’elle brandit, contre les règles du Comité olympique : le drapeau australien et le drapeau aborigène. Un geste qui apporte un soutien au combat pour les Aborigènes dont les exactions commises à leur encontre furent seulement reconnues par le gouvernement australien dans les années qui suivirent.
2004, l’accélérateur de la crise grecque
La cérémonie de clôture des Jeux olympiques d’Athènes a lieu le 29 août 2004 dans le somptueux stade Spyridon Louis rénové pour l’occasion, aux tribunes couvertes d’un toit futuriste. C’est la fin des Jeux mais pour la Grèce, c’est le début de la dégringolade : dépenses somptuaires, corruption, mauvaise gestion des politiques, les Jeux préfigurent la crise grecque, selon Gilles Goetghebuer. Et même l’accélèrent. Le coût des installations a plombé la dette du pays et celles-ci n’ont jamais connu de seconde vie.
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