Trump coûtera-t-il les Jeux à L.A.?
Publié le 10-11-2016 à 08h31 - Mis à jour le 10-11-2016 à 08h36
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La Californie, qui a penché une nouvelle fois vers le parti démocrate, s’est probablement levée avec une sacrée gueule de bois au lendemain de la présidentielle américaine. Dans la plus grande ville de l’Etat, certaines préoccupations vont toutefois au-delà du sacre républicain. Et cette question, rapidement mise sur la table : la victoire de Donald Trump aura-t-elle un impact indirect sur la candidature de Los Angeles comme ville d’accueil des Jeux olympiques en 2024 ?
Trois candidats, deux favoris
Trois villes sont encore en lice pour accueillir les Jeux olympiques en 2024 : Paris, Budapest et Los Angeles. A dix mois du vote - le 13 septembre 2017 à Lima -, Français et Américains se partagent le costume de favoris, repoussant à quelques longueurs la candidature de la capitale hongroise.
Du côté de l’Hexagone, les hommes politiques forment un bloc uni. Les trois grands partis - LR, PS, FN - sont ainsi favorables à la tenue de l’événement. Et pour cause, un nouvel échec après celui face à Londres pour l’organisation de 2012, s’apparenterait à une humiliation nationale.
Le son de cloche politique est différent outre-Atlantique. Aux Etats-Unis, le projet a été mené par les seuls Démocrates. Ainsi, sur le fond, le futur président républicain n’a aucun intérêt particulier à voir aboutir un projet mené par son opposant politique. "Tout le projet américain était bâti autour d’Hillary Clinton, ils avaient mis tous leurs œufs dans le même panier, a confié ainsi une source proche de la candidature parisienne au quotidien "Le Monde". On connaît aussi l’image de Donald Trump à l’international : il a insulté les hispaniques, les musulmans, les femmes. Il suffit de regarder la composition du Comité international olympique (CIO) pour comprendre que cela peut leur poser un problème."
Pas besoin d’être un fin analyste pour constater que les points écrits dans la charte olympique tels que le "le soutien de la promotion des femmes dans le sport" ou "l’opposition à toute forme de discrimination" ne s’emboîtent pas avec les propos stigmatisants tenus par le New-Yorkais durant sa campagne.
Avantage Etats-Unis
Malgré tout, la candidature de la Cité des Anges conserve un énorme avantage par rapport à celle de la Ville Lumière : il se nomme NBC-Universal. En 2014, le conglomérat américain a acquis pour 7 milliards de dollars les droits télés de l’épreuve, et ce, jusqu’en 2032.
A ce prix-là, on comprend que l’organisation olympique ne recule devant rien pour contenter ses associés. Au Brésil, elle n’avait par exemple pas hésité à déplacer l’horaire de certaines épreuves pour correspondre aux prime-time de la chaîne. De là à conclure que cette alliance permettra à Los Angeles de décrocher l’oscar tant convoité, il n’y a qu’un pas.
Les décisions du CIO dans le choix du pays organisateur n’ont pas toujours été motivées par la morale. La répression des homosexuels par le Kremlin n’avait finalement pas empêché le vote de Sotchi 2014; pas plus que les problèmes écologiques entourant l’élection de Pékin pour les Jeux d’hiver 2022, endroit du monde où il y a autant de neige que sur la plage de Copacabana un soir de Noël.
Les Etats-Unis ne possèdent pas qu’un coup d’avance économique par rapport à la France, ils y ajoutent un meilleur timing électoral. Ainsi, la nomination de Trump est encore trop loin de l’échéance pour conclure qu’elle aura un réel impact sur le choix du CIO. Par contre, les urnes françaises ne rendront leur verdict que le 7 mai prochain. A cette période, il ne restera que quatre mois avant l’élection de Lima, pour connaître le successeur de Tokyo 2020.Thibault Balthazar