Van Snick se livre : "Après toute cette tension, j’avais besoin d’un break"
Charline Van Snick a digéré son échec à Rio. Pour rebondir, elle a décidé de changer de catégorie. Elle explique pourquoi.
Publié le 26-11-2016 à 07h18 - Mis à jour le 26-11-2016 à 09h41
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Charline Van Snick a digéré son échec à Rio. Pour rebondir, elle a décidé de changer de catégorie. Elle explique pourquoi. "Allô, c’est Charline Van Snick ! Appelez-moi à 18 h…"
La voix est douce et calme, malgré une circulation dense. Deux heures plus tard, Charline est, encore, en voiture.
"J’ai pris un peu de retard sur mon timing, mais je ne suis pas loin de la maison."
Sa maison, c’est à Paris, où la Liégeoise vit et s’entraîne désormais, où elle relativise son échec de Rio 2016, où elle envisage également son avenir sportif.
Car, si les Jeux ont été un succès pour la délégation belge avec six médailles, ils se sont révélés un revers pour Charline, battue par la Brésilienne Menezes au deuxième tour, après avoir écarté la Roumaine Ungureanu, au premier. Alors qu’elle avait encore les larmes aux yeux, début septembre, lors du Mémorial Van Damme, notre double championne d’Europe 2015-2016 et médaillée de bronze olympique 2012 (quand même !) a tourné la page et retrouvé ses esprits.
Cette fois, le don est direct et décidé. "J’ai changé de catégorie et d’entraîneur ! Ce furent deux décisions délicates à prendre. J’ai passé dix ans de ma vie en -48 kg mais, en montant en -52 kg, je pense avoir posé le meilleur choix. En fait, mon corps a un peu décidé pour moi. Je ne dis pas qu’il était impossible de poursuivre en -48 kg, mais je pense qu’il est vraiment préférable de tenter ma chance dans la catégorie supérieure. Un page se ferme, une autre s’ouvre ! Je ne suis pas la première et ne serai pas la dernière à changer, même si aucun nom ne me vient comme ça à l’esprit."
Pour ce qui est de l’entraînement, Charline Van Snick a décidé de le confier à Dimitri Dragin, cinquième en 2008, aux Jeux de Pékin, médaillé de bronze en 2013, aux Championnats d’Europe, mais aussi vainqueur du prestigieux Tournoi de Paris en 2009, tout ceci en -66 kg, alors que ce judoka français de 31 ans désormais est monté de catégorie (de -60 à -66 kg en 2010).
Pas une coïncidence ? "Non ! Je pense que l’expérience de Dimitri me sera très utile, même si ce n’est pas un gage de réussite. Je ne peux pas affirmer, là, que je serai aussi performante en -52 kg que je ne l’étais en -48 kg. On verra…"
En attendant, après un break de deux mois, Charline a repris l’entraînement intensif, mi-octobre. "Ce fut dur, très dur ! Les premiers jours, j’avais mal partout parce que mon corps n’était plus habitué aux efforts auxquels je l’avais soumis pendant de longs mois avant les Jeux de Rio. Mais j’avais besoin de ce break, de décompresser après cette longue période de tension, tant sur le plan physique que mental. Comme tout sportif, je me suis beaucoup investie. Avec réussite puisque j’ai été sacrée championne d’Europe deux années d’affilée. Seuls, finalement, les Jeux n’ont rien donné. En tout cas, pas ce que j’espérais…"
Et ils ont (malheureusement) lieu tous les quatre ans.
"Mon régime sera moins strict"
Ce n’est un secret pour personne : à chaque compétition, le premier combat de Charline Van Snick était celui qu’elle livrait contre le poids. Et, avec le temps, ce combat est devenu de plus en plus délicat au point que la Liégeoise montait parfois sur le tatami déjà fatiguée par un régime draconien, qu’elle avait, parfois aussi, dû finaliser lors des dernières heures précédant la pesée. Charline n’est, bien entendu, pas la seule à avoir été contrainte de doser tous ses repas pendant (presque) toute l’année. Avant elle, Gella Vandecaveye a béni les autorités internationales lorsque celles-ci ont décidé, début 1998, de modifier les catégories. De -61 kg, la catégorie de Gella est passée à -63, ce que lui a sans doute permis de poursuivre sa carrière et de décrocher un deuxième titre mondial, en 2001, à Munich. À l’inverse, Ulla Werbrouck a vu sa catégorie passer de -72 kg à -70, mais Ulla avait, alors, déjà décroché le titre le plus prestigieux, celui de championne olympique, en 1996, à Atlanta. Et pour Charline ? "J’espère que ça se passera bien. Mon régime sera moins strict, en général, même si je monte parfois haut en vacances. Mais l’approche des compétitions sera plus facile. Je m’y présenterai plus forte."
"Mes objectifs ? L’Euro et le Mondial !"
À son retour du Japon, Charline Van Snick poursuivra sa préparation à Paris avec, également, l’un ou l’autre stage. Rayon compétitions, la Liégeoise a déjà une idée précise de son programme. "En principe, je m’alignerai à Sofia, à Paris, à Düsseldorf et à Tbilissi parce que j’ai besoin de compétitions et de combats pour m’adapter à ma nouvelle catégorie. L’objectif est de prendre du plaisir. On verra comment ça se passe… Côté objectifs, je ne cache pas que j’ai pointé l’Euro et le Mondial. Je pense qu’il y aura déjà moyen pour moi d’y être performante, même si ce n’est pas une obligation absolue. Je le répète : j’ai déjà dix ans de judo au plus haut niveau derrière moi et il faut que l’envie, la motivation soient au rendez-vous." Sans quoi, inutile, en effet. Mais, si elle poursuit, nul doute que Charline ne l’envisage qu’à 100 %. "Et je ne suis qu’à 70 % aujourd’hui…"
"La Thaïlande avec mon amie, la France avec mon mari"
Bangkok, Chang Rai, Chang Mai, Phuket, Phang Nga, Koh Phangan, Koh Tao : autant de noms connus pour ceux qui ont déjà voyagé en Thaïlande. Autant de beaux souvenirs pour Charline Van Snick qui y a passé deux semaines avec son amie, Cyrielle. "J’avais déjà été en Thaïlande, mais pour une compétition (NdlR : le Mondial juniors en 2008, à Bangkok) . À l’époque, je n’avais pas pu visiter. Ici, j’ai vu des endroits plus beaux les uns que les autres. J’ai pris des dizaines de photos !" Dont Charline a partagé une partie sur Facebook, tant elle est tombée sous le charme d’un pays qu’elle décrit comme "totalement dépaysant". Mais aussi un voyage pas de tout repos. C’est pourquoi elle est également partie, plus modestement, dans le Sud de la France. "Avec Anthony, mon mari, cette fois. Nous avions besoin de nous retrouver. Et ce furent des jours de décompression qui m’ont permis de recharger mes batteries."
"Rendez-vous à Tokyo… en 2016 !"

Charline Van Snick n’attendra pas longtemps pour effectuer ses premiers pas dans sa nouvelle catégorie, les -52 kg, puisque la Liégeoise est engagée à Tokyo, début décembre.
Et le moins que l’on puisse écrire est qu’elle n’a pas choisi la facilité. Le Grand Chelem de la capitale japonaise est, en effet, l’un des rendez-vous les plus relevés de l’année, avec Paris, bien entendu. "Mais je n’avais tout simplement pas le choix ! En reprenant mi-octobre, je ne pouvais décemment pas m’aligner avant décembre et Tokyo était le seul rendez-vous encore au calendrier en 2016… Je ne voulais pas non plus attendre l’année prochaine parce qu’il me faudra un temps d’adaptation, plus ou moins long. Je me rendrai donc à cette compétition sans pression, sans obligation de résultat, juste pour voir où j’en suis par rapport à moi-même et, bien sûr, par rapport à la concurrence."
Pas question pour Charline d’évoquer, déjà, ses adversaires potentielles, mais un coup d’œil à la liste des engagées indique qu’il devrait y avoir quatre… Japonaises sur le tatami. En revanche, pas de trace de la Kosovare Kelmendi, n°1 mondiale. "Encore une fois, peu importe. L’essentiel pour moi est de prendre mes marques dans ma nouvelle catégorie. Je suis très motivée parce que je sais que j’y ai une marge de progression que, paradoxalement, je n’avais peut-être plus dans l’ancienne. Avec Dimitri Dragin, mon nouvel entraîneur, j’ai également décidé de réorienter mon judo vers plus de mobilité, de privilégier la technique à la tactique. Vous savez, à 26 ans, j’ai déjà une longue carrière derrière moi. J’ai envie de prendre du plaisir, ce qui n’est pas évident avec l’évolution récente du judo, en général, qui est beaucoup plus fermé ."
Charline devrait donc s’envoler ce 28 novembre, à destination de Tokyo, et ce, en compagnie de Fabrice Flamand, son coach à la Fédération francophone, avec qui elle prendra part au traditionnel stage de fin d’année. "Décembre est un mois capital dans la préparation de tous les judokas et le Japon est l’endroit idéal parce que vous ne rencontrez que des sparring-partners de qualité."
Ce qui lui aurait manqué lors du récent stage à Lanzarote. "J’aurais bien voulu en être, mais Fabrice et Dimitri ne pouvaient pas se libérer, notamment parce qu’il y avait les Championnats de France pour Dimitri. Mais ce n’est que partie remise !"