Super Bowl: la grand-messe de toute une nation (INFOGRAPHIE)
Publié le 05-02-2017 à 11h27
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Pourquoi le Super Bowl est-il un tel phénomène de l’autre côté de l’Atlantique ? Friday Night Lights". Le livre de H.G. Bissinger, repris ensuite sous forme de série télévisée, a permis aux Européens de saisir une infime partie de la culture sportive américaine. Dans la petite ville d’Odessa, Texas, le cœur des habitants, des étudiants ne bat que pour l’équipe du lycée. Les tribunes sont remplies tous les vendredis soir pour encourager une bande de gamins n’ayant pas encore atteint la majorité.
Le Super Bowl (qui se déroulera à 00h30 dans la nuit de dimanche à lundi et opposera les New England Patriots aux Atlanta Falcons), c’est exactement ça. Mais à l’échelle, non plus d’une ville, mais de tout un pays dont tous les regards seront tournés vers leur télévision durant 4 heures dimanche après midi.
1. La tradition. Et beaucoup se retrouveront en famille ou entre amis. La finale de la saison de NFL (National Football League) est un événement qu’on ne vit pas seul. Et quand on n’a pas l’occasion d’aller au stade, c’est autour de la télévision que la fête a lieu. A l’image de Thanksgiving (le jour de l’année où l’Amérique mange le plus), le visionnage du Superbowl est une compétition. Au lieu de la dinde la plus succulente, c’est celui qui a la plus grande télé ou la meilleure ambiance qui l’emporte. Cette après-midi de février est un moment important de la vie américaine. "Un élément à part de la culture populaire comme le rock’n’roll, le hamburger ou les westerns", souligne le journaliste Gérard Olivier sur le site Atlantico. "Regarder le match entre amis est un rituel américain."
2. La société de consommation. Les quelques heures de spectacle se déroulent d’ailleurs presque davantage dans les maisons que sur le terrain. La fête passe avant tout par l’ambiance et le spectacle. "Le match est devenu secondaire", lance même Richard Crepeau, professeur en histoire du sport à l’université de Floride centrale dans "Le Monde". Le show de la mi-temps et les pubs, deux éléments insaisissables pour les Européens, sont la colonne vertébrale du Super Bowl. Ils représentent également parfaitement la société actuelle et sa consommation. "De nombreuses personnes vont aux toilettes pendant la rencontre pour ne pas rater les coupures publicitaires", analyse dans "Le Monde" Timothy Delaney, professeur de sociologie à Oswego.
3. Un spectacle total. Lors de l’avènement de la télévision dans les années 50, les responsables de la ligue ont vite compris comment faire de leur sport un produit phare contenant tous les ingrédients pour attirer le public. Un en particulier fait recette : la violence. "Un aspect qui résonne dans la société actuelle, poursuit Delaney. Mais c’est une violence contrôlée qui nous rassure, car ceux qui enfreignent les règles sont punis."
4. Un refuge. Ces gladiateurs modernes aux épaules renforcées et aux casques solidement harnachés sont devenus un symbole contre la violence sans bornes. Le football américain est un sport de contact où le respect des règles et de l’adversaire prime. Le jeu est intense mais propre. "Il devient ainsi le dernier lieu où l’honnêteté; l’inventivité et le talent l’emportent, et où la tricherie est débusquée, commente Gérard Olivier. Le match est un moment de communion où la nation se soude dans la célébration de valeurs essentielles."
5. Le patriotisme. Si le Super Bowl est un élément de la culture américaine, il a également une influence sur le sentiment d’appartenance au pays. Les Etats-Unis sont un pays qui vit à travers le sport, à travers ses valeurs. Le journal "Le Monde" dresse le portrait du Super Bowl en le qualifiant de "grand-messe du patriotisme américain". A grands coups d’hymne national chanté à tue-tête, de survol d’un escadron de l’US Air Force, la NFL rend à chaque rencontre un vibrant hommage à l’Amérique. "C’est un forum patriotique", expose Delaney. Et tout ça pour un sport américano-centriste dont seuls les Américains peuvent saisir l’essence.
Les chiffres fous du Super Bowl
Le grand show sera regardé par plus de 110 millions de téléspectateurs américains.
Au-delà des considérations sportives, le 51e Super Bowl, deuxième événement sportif le plus regardé à la télévision après la finale de la Coupe du monde de football, génère des statistiques hors du commun. En voici quelques-unes.
1. Le prix des places. Le spectateur a dû s’acquitter en moyenne de 5216 dollars pour accéder au NRG Stadium de Houston (Texas). Certains tickets ont même été achetés près de 11 750 dollars au marché noir. Les tickets valent entre 1000 et 2000 dollars, loin des places VIP de 10 000 dollars, 25 000 dollars dans la tribune d’honneur.
2. Devant la télévision. Plus de 180 pays pourront regarder le match en direct à la télévision. Rien qu’aux Etats-Unis, l’an passé, plus de 110 millions de téléspectateurs regardaient le match. L’audience du Super Bowl inclut également 46,8 % de femmes, et près de 72 % des familles américaines seront devant leur télévision.
3. Chaque pause vaut son pesant d’or. Pour l’occasion, les annonceurs conçoivent des spots publicitaires spécialement pour l’événement, et les prix sont faramineux. Sur le petit écran, une publicité de 30 secondes coûte aux alentours de 5 millions de dollars, soit deux fois plus qu’il y a dix ans. Cette année, AB InBev sera même de la partie puisque le groupe brassicole d’origine belge fera la promotion de la Budweiser, de la Busch et de la Busch light (lire p. 3).
4. A boire et à manger. Le Super Bowl, c’est avant tout un bon prétexte pour festoyer. 1,3 milliard de litres de bières, 1,25 milliard d’ailes de poulet ou encore 14,5 tonnes de chips. Voilà ce que les Américains auraient consommé l’année dernière en une seule journée ! Produits dérivés compris, 16 milliards de dollars ont été dépensés en 2016 rien qu’à l’occasion du Super Bowl.
5. Un jour sacré. Les Américains sont vraiment prêts à tout pour assister à la finale. 23 % d’entre eux sont même prêts à annuler leurs vacances pour voir jouer leur équipe. Plus amusant enfin, un million et demi de personnes sont absentes au travail le lendemain du match pour cause de… maladie.