Nafi Thiam, élue Sportive préférée des Belges: "La notoriété ? Je ne suis pas Kobe Bryant, c’est gérable!"
Nafissatou Thiam a senti sa popularité augmenter graduellement en 2017 : "C’était moins violent que l’année précédente".
Publié le 06-01-2018 à 11h17 - Mis à jour le 06-01-2018 à 11h25
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Nafissatou Thiam a senti sa popularité augmenter graduellement en 2017 : "C’était moins violent que l’année précédente"
Au bout d’une saison de rêve, dont le titre mondial de l’heptathlon fut un point d’orgue inédit, Nafi Thiam a logiquement remporté tous les prix nationaux auxquels elle pouvait prétendre. Et dans les sondages de popularité aussi, l’athlète namuroise de 23 ans garde la mainmise, elle qui s’affirme un peu plus cette année comme la Sportive préférée des Belges.
Nafi, vous voilà toujours plus populaire auprès du grand public. Cette notoriété, la ressentez-vous au quotidien ?
"Oui, c’est clair ! Par rapport à avant, je sens que cela continue à évoluer mais je pense que cela découle avant tout de mes résultats. Ceux-ci produisent quand même un effet important sur la perception par le public. Je ne fais pas spécialement attention à cet aspect des choses dans ma carrière mais c’est vrai que je ressens beaucoup plus qu’avant cette popularité. Ne fût-ce que quand je suis dans la rue ou quand je vais dans des endroit publics."
Cette année a-t-elle constitué un tournant de ce point de vue ?
"Non, en 2016, c’était quand même assez violent de passer d’inconnue à sportive olympique belge. On sait que les Jeux ont un gros impact sur la popularité des sportifs et cela s’est vérifié d’autant plus avec mon titre olympique. Mais, depuis lors, je dirais que cela s’est fait graduellement. Mais bon, je ne suis pas non plus Kobe Bryant, ça va. (rires) C’est… gérable !"
Quel est le côté positif de cette notoriété ?
"Comme je le dis à chaque fois, c’est le soutien des gens, le fait qu’ils soient derrière moi. C’est agréable et précieux. Par ailleurs, le positif c’est également la possibilité de mettre en valeur l’athlétisme, de montrer un peu toutes les difficultés qui se cachent derrière ce sport et toute sa beauté aussi. Ce qui est dommage, c’est qu’on ne voit pas trop les choses bouger jusqu’à présent, il faudrait peut-être un peu réveiller les consciences. Et je ne parle bien sûr que de l’ athlé parce que c’est le milieu dans lequel je suis plongée, mais j’imagine qu’on rencontre des difficultés ailleurs. C’est triste de ne pas plus investir dans un sport comme l’athlétisme en Belgique."
Et, à l’opposé, quel est le côté négatif de cette notoriété ?
"Je dirais que la piste, le stade sont mes éléments, c’est là où je suis à l’aise. Tout ce qui est en dehors, c’est moins facile pour moi. Le côté privé, par exemple, c’est quelque chose que j’ai envie de garder pour moi, que je n’ai pas du tout envie de partager avec qui que ce soit. C’est un peu difficile de garder cette ligne à certains moments. Ce que je veux partager, je le fais à travers les réseaux sociaux mais certains essaient toujours d’en savoir un peu plus et c’est cette intrusion du côté privé que je n’aime pas du tout."
Rêvez-vous parfois de revenir cinq ans en arrière et de retrouver un certain anonymat ?
"Non, je pense qu’il faut avancer dans la vie. Cela ne m’intéresse pas de revenir en arrière. J’essaie de me situer par rapport au sport, à tous les sacrifices que j’ai accomplis et qui ont payé. Donc je n’ai aucun regret de ce côté. Le reste, c’est juste la conséquence de ma pratique sportive, quelque chose avec lequel je dois apprendre à vivre. Au niveau de ma vie privée, je ne fais pas de concession, je ne laisse pas de porte ouverte. Il faut mettre ses limites. Mais retourner en arrière, non merci."
Votre notoriété vous a aussi permis de mener certains projets à bien...
"C’est sûr, il y a énormément de choses que je n’aurais pas pu réaliser sans cela. Vu sous cet angle-là, l’athlétisme m’a quand même ouvert pas mal de portes. Grâce à mes résultats, j’ai pu vivre plein d’expériences différentes. Par exemple, travailler avec Nike au niveau international, faire des photo-shoots et me retrouver sur la vitrine des magasins, c’est unique ! Créer des bijoux, travailler aujourd’hui avec une grande marque comme Alpro, c’est aussi une chance que j’ai. Mais bon, forcément, l’athlétisme a une importance considérable dans ma vie et ne laisse pas non plus de la place pour tous les projets du monde !"
Mais certains de ces projets, caritatifs notamment, vous tiennent vraiment à cœur.
"Oui, j’ai déjà pu collaborer avec l’Unicef lors de la Journée internationale des droits de l’enfant, en sensibilisant les gens via une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, mais j’espère concrétiser d’autres projets dans les mois à venir. Devenir ambassadrice de cet organisme, c’était un peu une évidence pour moi et je trouvais important de le faire. Si je peux aider, ce n’est pas grand-chose."
Enfin, quel est la plus belle lettre que vous ayez reçue ?
"Oh, des lettres, j’en reçois vraiment beaucoup, beaucoup ! C’est plaisant mais c’est surtout une belle charge de boulot pour ma maman qui s’occupe de me préparer les enveloppes afin que cela me prenne moins de temps pour répondre. Il y a beaucoup de lettres d’enfants, des dessins qui me représentent, c’est vraiment mignon. Certains sont vraiment super-drôles, il y a quelques perles dedans. J’essaie toujours de répondre à tout - même si la réponse prend parfois un peu de temps à arriver - parce que je trouve que c’est important vis-à-vis de gens qui ont pris la peine de m’écrire. Mais en revanche, c’est tout à fait impossible sur les réseaux sociaux, il y a trop de messages..."