Rasta Rockett 2.0, un Bob africain, un Canada dry... : les improbables qualifiés des Jeux d'Hiver 2018
30 ans après les célèbres Rasta Rockett, comme on a surnommé l'équipe de la Jamaïque qui pris part aux épreuves de bobsleigh aux Jeux d'Hiver de 1988 à Calgary, ils veulent aussi marquer la petite histoire olympique....
Publié le 25-01-2018 à 14h25 - Mis à jour le 25-01-2018 à 17h46
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30 ans après les célèbres Rasta Rockett, comme on a surnommé l'équipe de la Jamaïque qui pris part aux épreuves de bobsleigh aux Jeux d'Hiver de 1988 à Calgary, ils veulent aussi marquer la petite histoire olympique.... Les Jeux de PyeongChang seront encore l'occasion de découvrir de nouveaux visages, improbables. Des qualifications plus surprenantes les unes que les autres que nous vous proposons de découvrir...
Rasta Rockett 2.0
On se rappelle tous du scénario rocambolesque de Rasta Rockett. En 1988, la Jamaïque avait décroché une qualification historique chez les messieurs. Le conte de fées a été popularisé au cinéma en 1993. 30 ans après, l’histoire se répète : une équipe féminine de bobsleigh représentera la Jamaïque à PyeongChang. L’équipage sera représenté par Jazmine Fenlator-Victorian, présente à Sotchi sous les couleurs américaines. La pilote de 32 ans sera accompagnée de Carrie Russel, ancienne sprinteuse médaillée d’argent sur relais 4X100 mètres aux Mondiaux de 2013. Les deux femmes seront aidées par une troisième coéquipière, Audra Segree.
Si dans le film, l’épopée des athlètes termine plutôt mal, on espère qu’en 2018, la Jamaïque pourra accrocher quelque chose aux Jeux, marquant ainsi par la même occasion l’histoire du bobsleigh. Avec leur bob baptisé Mr Cool Bolt en référence au célèbre sprinteur jamaïcain, la sélection insulaire espère pouvoir intégrer le Top 10 à PyeongChang.
Un bob africain
Marquer l’histoire, c’est également le but de l’équipe féminine de bobsleigh du Nigeria. Seun Adigun, Ngozi Onwumere et Akuoma Omeoga seront non seulement les premières athlètes à porter les couleurs nationales lors d’un JO d’Hiver, mais elles constitueront aussi la première équipe de bobsleigh africaine jamais qualifiée. Un véritable exploit pour ces trois sportives, nées et élevées aux Etats-Unis mais concourant pour le Nigeria, surtout quand l'on sait que la température actuelle de leur pays dépasse les 30 degrés.
Les trois Nigérianes ont récolté via le crowd-funding les 150.000 dollars nécessaires pour s'entraîner et participer aux compétitions, et ont réussi via une campagne marketing active notamment sur les réseaux sociaux à attirer des sponsors prestigieux comme Visa ou la marque de vêtements de sport Under Armor.
"Nous sommes sur un continent où il est impossible ne serait-ce que d'imaginer pouvoir descendre sur de la glace à 130-145 km/h ", avait souligné Seun Adigun en avril à la BBC. "Mais mon but est de réussir à amener l'équipe de ce pays (le Nigeria) et de continent (l'Afrique) aux Jeux Olympiques", avait-elle ajouté.
Mission accomplie! Au Nigeria, beaucoup ont été surpris d'apprendre la qualifications des trois jeunes femmes, car peu de gens dans ce pays tout entier dévolu au football étaient au courant qu'il existait une équipe nigériane de bobsleigh. "Honnêtement, je ne suis pas trop sûr de savoir ce qu'est une équipe de bobsleigh. Mais peu importe, allez le Nigeria !", a ainsi commenté un internaute sur Twitter.
Skeleton from Africa...
Une autre athlète africaine va entrer dans l'histoire lors de ces Jeux d'Hiver. Simidele Adeagbo a en effet décroché son ticket pour Pyeongchang, où elle représentera le Nigeria en skeleton. Une véritable prouesse pour cette ex-spécialiste du triple saut qui s’est qualifiée grâce à une médaille de bronze obtenue lors d’une compétition aux États-Unis. “Je n’en reviens pas d’être entrée dans l’histoire comme le premier athlète de skeleton africain à occuper l’une des trois premières places d’une compétition internationale” confiait-elle au Mail and Guardian.
“C’est officiel ! Je suis fier d’annoncer que je représenterai le Ghana aux Jeux olympique 2018. Oser rêver !” s’exprimait sur Twitter un autre sportif africain, Akwasi Frimpong. Il sera le premier ghanéen à participer aux Jeux en skeleton. Sur les réseaux sociaux, l’athlète pose d’ailleurs fièrement dans sa combinaison moulante aux couleurs de son pays, skeleton et casque à la main.
Une belle histoire que celle de Akwasi Frimpong, né au Ghana et élevé par sa grand-mère dans une maison qui n'avait qu'une chambre de quatre mètres carrés, qu'il partageait avec huit autres enfants. Sa maman avait quitté le pays pour déménager aux Pays-Bas afin de tenter de créer une nouvelle vie pour ses enfants. Finalement, Akwasi l'a suivie en Europe mais n'avait pas de statut légal, c'était un clandestin. Adolescent, il a découvert qu'il avait un talent naturel pour l'athlétisme. Il devient même champion junior hollandais du 200 m, mais sa prpgression est frainé par son statut. "Enfant, il était difficile de ne pas pouvoir prendre part aux voyages scolaires si l'on quittait le pays car j'avais peur d'être arrêté..." Il est finalement régularisé, mais une blessure au tendon d'Achillele prive de Londres 2012. "J'ai alors été approché par l'entraîneur hollandaise de bobsleigh, Nicola Minichello, pour rejoindre l'équipe. J'avais des doutes mais je me suis souvenu de Rasta Rocket et je me suis dit que si des Jamaïcains pouvaient le faire, je le pouvais aussi !" mais il n'est finalement pas repris pour les Jeux de Sotchi. Il décide alors de tenter sa chance dans un autre sport: le skeleton. Et de retrouver ses racines africaines. Avec succès... "Je me suis fixé comme objectif de devenir le premier Africain à remporter une médaille dans l'histoire des sports olympiques d'hiver."
Canada dry
Shannon-Ogbani Abeda enfilera lui aussi son équipement aux couleurs du drapeau de son pays, l’Erythrée, en février prochain. Il s’agit donc ici du troisième pays d’Afrique qui sera à sa première participation aux Jeux Olympiques d’Hiver, mais cette fois-ci en ski. Le jeune homme de 21 ans troquera donc ses skis à roulettes pour dévaler à Pyeongchang des montagnes enneigées.Né en Alberta au Canada de parents immigrés, Abeda a passé la majorité de son temps sur les pentes de ski dans les Rocheuses. Bien que sa province natale soit loin de l'Érythrée, le jeune de 21 ans possède les deux nationalités avec fierté.
Et quelques d'autres...
D’autres pays seront représentés pour la première fois en 2018.
En remportant la norme olympique dans cinq disciplines différentes, Albin Tahiri a atteint son grand objectif. Il sera le premier et le seul skieur du Kosovo à avoir ce standard. Âgé de 29 ans, Tahiri s’est qualifié pour toutes les épreuves de ski alpin. Il représentera donc son pays en descente, en slalom, en slalom géant, en super-G et en combiné.
Du côté asiatique, le Tongien Pita Taufatofua, qui avait participé au tournoi de taekwondo à Rio, s’alignera au départ des courses de ski de fond en Corée du Sud. “Je me suis entraîné pendant un an sur des rollers skis, c’est la pire chose que l'on ait inventée au monde” ironisait l’athlète au micro de la chaîne du CIO.
La Malaisie aussi fera sa toute première entrée aux Jeux d’hiver avec deux représentants olympiques. En terminant 6e au Nebelhorn Trophy 2017, Julien Yee Zhi-Jie s’est qualifié pour le patinage artistique. Jeffrey Webb (18 ans) sera, quant à lui, présent dans deux épreuves en ski alpin (slalom et slalom géant) grâce à ses participations à différentes compétitions asiatiques et américaines.
Klaus Jungbluth Rodriguez sera la fierté de tout un peuple d’Amérique du Sud. En se qualifiant pour les 15 km de ski de fond, l’Équatorien sera le seul athlète a représenté sa délégation à Pyeongchang.
Du 9 au 25 février, de nombreux drapeaux flotteront pour la première fois sur la scène olympique en hiver. Certains seront exotiques à PyeongChang. Une nouvelle page de l’histoire du sport s’écrira en Corée du Sud.