Boxe: Ryad Merhy: "Le rêve, c’est le titre !"
Le Bruxellois convoite, comme Arsen Goulamirian, la ceinture WBA des lourds-légers.
Publié le 26-01-2018 à 12h01 - Mis à jour le 26-01-2018 à 12h14
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Le Bruxellois convoite, comme Arsen Goulamirian, la ceinture WBA des lourds-légers. Au lendemain de l’officialisation par le clan belge de la tenue, le 24 mars au Palais des Sports de Marseille, du championnat du monde WBA des lourds-légers opposant le n°1 du classement Arsen Goulamirian au n°2 Ryad Merhy, c’est la société organisatrice Univent Boxe qui en a fait autant ce jeudi 25 janvier.
Le sort en est donc jeté ! Et le Belgo-Ivoirien, que nous avons rencontré avant son entraînement dans la commune d’Uccle, nous a réservé ses premiers commentaires.
Ryad Merhy, comment ce combat a-t-il été finalisé ?
"Les négociations étaient en cours depuis un long moment et je savais qu’il y avait de très bonnes chances pour que Goulamirian soit mon prochain adversaire. Mon manager Alain Vanackère étant parvenu à ses fins, j’ai signé le contrat voici deux semaines à Paris. J’y ai déjà rencontré mon adversaire. Car pour éviter de multiplier les allers-retours vers la France, nous avons décidé d’assurer, le même jour, tout l’aspect promotionnel pour la France, à savoir les photos pour les affiches, les interviews pour le diffuseur et nous avons même déjà procédé à un premier face-à-face !"
Ce championnat du monde, c’est un rêve qui se concrétise ?
"En signant, je me suis simplement dit : ‘ça y est, on arrive au monde’. C’est le défi de ma carrière. Maintenant, un rêve, non... Le rêve, c’est le titre ! Et il faut travailler encore et toujours pour y arriver. Mon ambition, depuis mes débuts, est de rentrer dans l’histoire de la boxe belge. Certains de mes prédécesseurs ont eu leur chance et n’y sont pas parvenus. Si j’y arrive, ce serait donc vraiment un honneur. J’aurais alors réussi mon pari."
Comment vous a semblé votre adversaire ?
"Il a une demi-tête de plus que moi, déjà. (rires) Plus sérieusement, il a 30 ans, c’est normal qu’il dise qu’il veuille mettre son cœur sur le ring le 24 mars. C’est une chance peut-être unique pour lui, tandis que moi, à 25 ans, je peux espérer en avoir d’autres. Mais je veux la saisir dès maintenant et montrer mon niveau à ceux qui disent que je n’affronte que des chèvres." (sic)
De vos débuts pros en 2013 à 2018, l’ascension a été rapide !
"C’est le temps qu’il faut pour y arriver. Alain (Vanackère) m’avait dit que c’était le délai nécessaire pour m’amener au monde et il a tenu sa parole, je l’en remercie. C’est vrai qu’au fil de l’aventure, voyant que cela prenait du temps, quelques doutes m’ont envahi. Je me suis dit : ‘va-t-on y arriver ?’ Mais là, c’est bon. Ma patience est récompensée."
Ceci dit, vous n’avez jamais brûlé les étapes.
"Il faut apprendre le métier, faire ses rounds, prendre les titres qu’on peut prendre au passage. Je n’ai pas toujours été d’accord sur le choix de certains adversaires mais il faut dire aussi qu’on n’a pas toujours eu les coudées franches au niveau du budget. Un adversaire de qualité, ça coûte de l’argent et en Belgique, on fait souvent avec les moyens du bord."
La différence de niveau entre Goulamirian et vos précédents adversaires ne risque-t-elle pas d’être trop importante ?
"Non, je ne pense pas. En fait, les gens s’arrêtent au combat et à l’adversaire qui est face à moi pour porter un jugement. Mais avant cela, je me suis testé en sparring contre des gens de qualité supérieure, des boxeurs du Top 15 mondial comme Mairis Briedis ou Mike Perez qui sont parfois déjà champions. Je ne me suis jamais reposé sur mes acquis. Et ça m’a mis en confiance de voir que je n’étais vraiment pas loin du très haut niveau."
Certains avancent déjà que votre adversaire est supérieur au vu des adversaires communs que vous avez rencontrés...
"Pourtant, quand on regarde le combat face à Mitch Williams par exemple, on s’aperçoit que le déroulement était complètement différent. Je n’ai pas pris autant de coups que lui face à l’Américain alors qu’il l’a stoppé et que j’ai gagné aux points. Mais les gens pensent ce qu’ils ont envie de penser... Moi, j’ai mon idée, je sais comment je vais aborder le combat, sur quels points je dois travailler. Je regarde ses vidéos depuis quelque temps déjà et il me semble vulnérable."
N’est-ce pas lui pourtant qui vous a choisi ?
"Non ! Le titre régulier étant devenu vacant (NdlR : le Cubain Dorticos se dirige vers une autre ceinture) , il était dans la logique des choses que les numéros 1 et 2 du classement WBA se rencontrent. La WBA avait délégué un représentant lors de mon dernier combat et le rapport a visiblement été positif puisque j’ai eu la priorité sur le Russe Vlasov qui dispose pourtant d’autres moyens."
En résumé, Arsen Goulamirian, invaincu en 22 combats, est prenable ?
"Tout le monde est prenable, à condition d’avoir une bonne stratégie. Je reconnais qu’entre Vlasov et lui, Goulamirian est sans doute le plus dangereux. C’est le cogneur par excellence. Ici on parle aussi d’invincibilité. L’un de nous deux va connaître sa première défaite. Il y a un côté prestige, honneur en plus de l’enjeu sportif. Mais si je reste bien concentré, je peux faire la différence."
"C’est un bulldozer, je suis plus instinctif"
Ryad Merhy s’est, par ailleurs, exprimé sur trois sujets en particulier.
Son adversaire : "C’est un bulldozer, il avance. Mais il a une boxe un peu stéréotypée, sans beaucoup de surprises, avec certes parfois quelques séquences plus intéressantes. Je suis beaucoup plus instinctif que lui dans ma boxe. Le plus important pour moi sera de rester calme et de bien voir les coups arriver. Je pourrai alors d’autant mieux m’adapter et lui faire mal."
Le déroulement du combat : "Pour moi, ce combat c’est du 50-50 et il va se jouer au milieu du ring. Jusqu’à présent on m’a surtout vu faire le combat; mais ce soir-là, c’est lui qui va avancer et je devrai montrer un autre aspect de ma boxe : reculer, boxer dans les cordes, ce sera un peu différent. Mais j’ai l’habitude de boxer comme ça en sparring ."
La pression. "J’en aurai moins qu’en Belgique ! À domicile, on n’a pas envie de décevoir son public, c’est normal. Le 24 mars, je ne combattrai que pour moi. Même si j’espère, et je sais qu’il y aura beaucoup de supporters belges à Marseille (NdlR : des informations liées à un voyage groupé en avion seront d’ailleurs communiquées en temps voulu) . Un public hostile ? Ça ne m’effraie pas. Je dirais que ça fait partie du jeu."
Physique en Belgique et boxe à Boston
Après deux semaines d’un repos relatif (vélo, tennis…) à Abou Dhabi, Ryad Merhy a repris début janvier. "Je viens de commencer avec un nouveau préparateur physique à Uccle, au Body Life Changing. J’avais besoin de nouveauté et de quelqu’un qui m’oriente vers certains aspects spécifiques. Mobilisation, étirements, etc. Tout ce que j’ai toujours détesté faire ! (rires) Dans un deuxième temps, je mettrai les gants avec Yves Ngabu et Bilal Laggoune qui m’ont contacté et sont prêts à m’aider. Ça fait plaisir ! Ensuite, direction Boston chez Hector Bermudez. Un entraîneur qui a un côté très scientifique, très méticuleux : il passe sa vie à décortiquer des combats, à prendre des notes. Dès mon premier stage chez lui, il m’avait beaucoup appris. Depuis lors, je suis beaucoup mieux sur mes jambes."
"Les gens pensent que je suis blindé"
En Belgique, les boxeurs professionnels n’en ont que l’appellation. Ryad Merhy apprécie toutefois le soutien de l’Adeps via un contrat de sportif de haut niveau. "C’est une aide appréciable et un poids en moins !", explique-t-il. "Ceci dit, j’espère encore dénicher des sponsors car ce championnat du monde va engendrer des coûts supplémentaires en termes de préparation. Depuis que mes combats passent à la télévision, les gens pensent que je suis blindé, mais c’est loin d’être le cas ! Et même ce championnat ne sera pas aussi lucratif qu’on pourrait le penser. Pour vivre de ce sport, il faudrait que je gagne le titre mondial, que je bénéficie d’une forte attention médiatique et que je tape dans l’œil de grosses productions. Alors, peut-être…"