Siya Kolisi, premier capitaine noir de l'histoire des Boks
L’Afrique du Sud a gagné la Coupe du monde de rugby. Son capitaine, Siya Kolisi, a grandi dans un township à Port Elisabeth.
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Publié le 04-11-2019 à 09h19 - Mis à jour le 04-11-2019 à 11h23
L’Afrique du Sud a gagné la Coupe du monde de rugby. Son capitaine, Siya Kolisi, a grandi dans un township à Port Elisabeth.
Le rugby est un sport qui se joue à quinze et, tous les douze ans, ce sont les Springboks - les Sud-Africains - qui gagnent : après leur inoubliable premier titre, à domicile en 1995, immortalisé par le film Invictus, et leur deuxième, en France en 2007, les "Boks" ont conquis une troisième Coupe du monde, samedi au Japon. Avec, à leur tête, Siya Kolisi, le premier capitaine noir de l’histoire du pays à brandir le trophée (lire aussi en page 32). Ce beau bébé de 28 ans (1m86, 99 kg) est un symbole mais aussi une source d’inspiration pour la "Rainbow nation", composée de nombreuses ethnies. Un pays qui, sous l’apartheid, a exclu jusqu’en 1991 de son équipe nationale les joueurs noirs et "coloured". Mais Kolisi est aussi une source d’espoir pour tous les enfants pauvres du pays.
Né à Port Elisabeth en 1991, il grandit dans le township de Zwide. Enfant de l’ethnie xhosa, il est élevé par sa grand-mère dans une petite maison de deux pièces, il dort par terre et ne mange pas souvent à sa faim. Son seul loisir est le rugby, qu’il pratique sur les terrains vagues locaux. Mais à 13 ans, il est repéré dans un tournoi de jeunes et, profitant de la politique de discrimination positive, reçoit une bourse pour rejoindre la Grey High School de Port Elizabeth. Un lycée prestigieux qui a donné au rugby sud-africain quelques-uns de ses plus grands joueurs. L’adolescent - qui perd sa mère à 15 ans - y apprend l’anglais et y découvre d’impeccables terrains de sport. Viendront ensuite les débuts au plus haut niveau (2011), la première sélection pour son pays (2013), le brassard de premier capitaine noir des Springboks (juin 2018), avant la consécration et le titre de champion du monde, samedi.
Il y a 12 ans, le jeune Kolisi avait regardé la finale de la Coupe du monde (gagnée déjà face à l’Angleterre) dans un bar de son township car il n’avait pas la télévision à la maison. Samedi, il en a été un des acteurs majeurs, alors qu’une immense pression pesait pourtant sur ses épaules. Mais, comme l’a dit son entraîneur, Rassie Erasmus, après la finale : "La pression, en Afrique du Sud, c’est ne pas avoir de boulot ou avoir un proche assassiné. Le rugby, ce n’est pas de la pression, pas un fardeau. C’est un privilège."
