Bubka admiratif devant Duplantis: "Améliorer le record du monde, même d’1cm, est très difficile !"
Serguei Bubka ne veut pas entrer dans le jeu des comparaisons avec Armand Duplantis.
Publié le 18-02-2020 à 21h58
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Serguei Bubka ne veut pas entrer dans le jeu des comparaisons avec Armand Duplantis.
Pour la première fois depuis qu’Armand Duplantis a dépossédé Renaud Lavillenie du record du monde du saut à la perche, Serguei Bubka s’est exprimé publiquement, ce lundi, à Berlin, en marge des Laureus Awards, au sujet de celui qui est désormais dépeint comme son héritier.
"Je l’ai rencontré quelques fois, notamment aux récents Mondiaux de Doha avec sa famille, mais je ne peux pas dire que je le connais bien, a expliqué le Tsar, âgé aujourd’hui de 56 ans, à la Gazzetta dello Sport. J’ai disputé des compétitions avec son père, Greg, et je connais la mère de ‘Mo ndo’ . Ils l’ont élevé et l’ont guidé avec beaucoup de passion. Ils l’ont entraîné prudemment, en se souciant de lui, pour lui offrir un contexte idéal à son évolution. D’après ce que j’entends, Armand est un jeune champion totalement dévoué à l’athlétisme, avec une belle personnalité. C’est super pour le sport de découvrir de telles histoires, avec un champion tellement jeune et bourré de talent, qui peut inspirer la jeunesse !"
Mieux que quiconque, Serguei Bubka sait que les compétitions en salle, "sur une bonne piste, sans que l’on doive se soucier de la température ou des conditions de vent", offrent un cadre idéal pour la pratique du saut à la perche et favorisent les records. Lui-même y a battu 18 de ses... 35 records du monde !
Pour autant, le vice-président de la Fédération internationale éprouve beaucoup de respect pour les deux records consécutifs (6,17 m et 6,18 m) que vient d’établir le prodige suédois. "Les gens ont tendance à croire que les choses arrivent facilement. Ou que l’on bat le record du monde sur commande, dit-il. En réalité, améliorer le record du monde, même d’un centimètre, est très difficile. Et franchir plus de 6 mètres à deux reprises au moins dans un concours est tout sauf simple."
L’Ukrainien refuse, pour l’instant, d’établir une comparaison avec l’athlète de 20 ans. "Il est impossible de comparer : chaque athlète possède sa propre personnalité, sa manière de s’exprimer. Je n’ai pas tellement bien suivi ses récentes performances, du moins pas en détail. Je dois prendre le temps de l’analyse. Mais nous sommes tous différents, avec des caractéristiques différentes, des coachs différents..."
Pour Bubka, Duplantis est indéniablement promis à un avenir radieux. Dont les limites sont encore difficiles à apprécier. "Je n’ai aucune idée de ce qui va se passer demain ou après-demain, ou de la manière dont sa carrière va se développer. Beaucoup de choses vont dépendre de lui, de la manière dont il va s’entraîner, de sa capacité à rester motivé et en bonne santé. Mais son potentiel est vraiment énorme, comme son talent. Qu’il continue surtout à l’exploiter ! J’espère qu’’il va continuer à se mesurer à de grands rivaux parce que c’est un facteur qui permet d’augmenter son niveau de performance", souligne celui qui incarne véritablement la discipline.
"Pour ma part, je suis heureux de ce que j’ai accompli dans le sport. Mon premier record du monde était de 5,85 m, et le dernier de 6,15 m. J’aurais voulu atteindre 6,20 m mais je n’y suis pas parvenu. À mon sens, on est encore très loin de la limite humaine. Si vous revoyez la vidéo de mes 6,01 m aux Mondiaux 1997, vous verrez quelle marge j’avais sur la barre. Des experts ont d’ailleurs estimé que ce saut valait en réalité... 6,40 m ! À mon sens, il est possible d’atteindre des sommets insoupçonnés."