Qui sont les fils de milliardaires visés par Lewis Hamilton?
Sept pilotes au moins sont arrivés en F1 grâce à l'argent et/ou au nom de papa. Qui sont les prochains à venir ? Nous avons fait le tri parmi les gosses de riches et les autres.
Publié le 02-06-2021 à 09h21 - Mis à jour le 03-06-2021 à 16h43
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"Je pense que la F1 est devenue un club d'enfants milliardaires. Si je revenais en arrière, dans une famille ouvrière normale, je ne pourrais pas être ici. Tous les gars contre qui vous vous battez ont juste plus d'argent. Je pense qu'à l'avenir, nous devons travailler pour changer ça et rendre ce sport plus accessible aux personnes issues de milieux plus modestes."
Ces paroles de Lewis Hamilton prononcées en marge du dernier GP de Monaco n'ont certainement pas plu à certains de ses collègues. Le septuple champion du monde n'a pas tort même s'il ne faut pas généraliser et s'il existe heureusement encore certaines filières pouvant aider les plus jeunes talents à gravir les échelons. Mais si vous n'êtes pas vite repris par un constructeur ou un grand manager investissant des fortunes pour vous faire réussir, vous pouvez effectivement oublier. Il faut en effet compter au minimum quatre millions d'euros pour arriver jusqu'en F2, aux portes de la F1. Mission impossible pour des familles normales. L'argent, pas uniquement dans le sport auto, mène au succès et, à force de roulage et d'investissements, fait d'un pilote « normal » un bon pilote voire un champion comme Lance Stroll. La fortune fait la différence dès le karting où les « fils de riches » peuvent choisir les meilleurs teams en dépensant 250.000 à 300.000 euros pour une saison de go-kart. On est loin de l'époque de François Goldstein et d'Ayrton Senna. Et cela continue par la suite dans les formules d'accès où ce sont les teams de pointe comme ART ou Prema qui choisissent leurs pilotes, souvent les plus riches. Ou les plus connus, papa ayant des bonnes relations dans le paddock.
Notons toutefois que le plateau de F1 a toujours été composé en partie de pilotes payants déboursant des millions pour « faire joujou » avec des F1 de teams souvent de seconde zone. On se souvient des Pedro Diniz, Paul Belmondo, Jean-Denis Deletraz, François Hesnault, Paola Barilla, Alex Yoong, Hector Rebaque, Domenico Schittarella, Narain Karthikeyan ou Zolt Baumgartner. Et que Lewis Hamilton est certainement devenu aujourd'hui le plus riche de tous. Et que fait-il exactement pour changer cette situation et aider les jeunes vrais talents à monter ou sortir du karting ? Hormis l'aide financière apportée à Billy Monger, le pilote amputé de ses jambes suite à un terrible accident en F4, on n'a pas connaissance que "LH" ait créé une acamédie, gère ou aide la carrière de jeunes Britanniques. Alors dénoncer un phénomène pas vraiment nouveau, c'est bien. Mais oeuvrer pour y remédier ce serait encore mieux Lewis...
Les sept "fils de millionnaires"
Lance Stroll : Fils d'une maman belge et d'un papa canadien milliardaire en euros, Lance est né le "cul dans le beurre". La fortune amassée par le paternel dans la mode est estimée à 2,7 milliards d'euros. Alors rien n'est impossible. Lawrence Stroll a racheté notamment l'écurie Prema pour être sûr que son fils y soit bien traité et puisse y remporter les championats F4 et F3. Après, il a dépensé 80 millions d'euros (oui vous avez bien lu!) en essais avec des F1 pour préparer son fils à entrer en GP. Aujourd'hui, il a racheté l'écurie Force India devenue Racing Point et aujourd'hui Aston Martin dont il est aussi devenu le principal actionnaire. Lawrence Stroll achète des teams de voiture comme d'autres se payeraient un yacht ou un jet-privé.
Nikita Mazepin : Fils de l'oligarque Dimitry Mazepin, actionnaire majoritaire et président de Uralchem Integrated Chemical Company, le principal sponsor de Haas GP. Papa est ami de Vladimir Poutine, cela aide. Dès le karting, papa Mazepin privatisait des pistes pour faire rouler seul son gamin, pilote chez Tony Kart, l'équipe la plus huppée du paddock. Cela ne lui a toutefois pas permis de remporter le moindre titre. Vice-champion en GP3, cinquième pour sa deuxième année en F2 chez ART, Mazepin a dépensé 20 millions d'euros pour cinq jours de tests avec Mercedes et Stoffel Vandoorne comme coach. Il a même réussi à privatiser le circuit non permanent de Sotchi. Il a payé très cher son volant pour débuter en F1, la rumeur voulant que sans lui Gene Haas déposait le bilan.
Nicholas Latifi : Un autre Canadien dont le papa Michael Mehard, d'origine iranienne, est billionnaire. Il est le patron de la société alimentaire Sofina. Il a acquis bien d'autres sociétés et a toujours parrainé les saisons de son fiston. Voici quelques années, il a investi 200 millions chez McLaren où Nicholas n'a jamais eu sa chance. Puis il a fait la même chose chez Williams qu'il était lui aussi prêt à racheter. Mais son offre a été moins bonne que celle des Américains de Dorilton Capital. Après quatre ans passés en F2 à coups de 2 millions par an, Nicholas est devenu vice-champion. D quoi « légitimiser » son passage en F1.
Lando Norris : Il n'aime pas en parler mais le jeune Britannique Lando Norris, troisième du dernier GP de Monaco et actuel troisième du Mondial, est lui aussi né (d'une maman belge à Saint-Nicolas) avec une cuillère dans la bouche. La fortune de son papa Adam (faite dans le domaine des finances et des retraites) a été estimée en 2018 à 225 millions d'euros. Lando a toujours pu rouler dans les meilleurs teams dès le karting chez Ricky Flinn. En Formula Renault, il avait accompli plus d'une saison en essais avant de démarrer la saison. Idem en F3. Son père réservait des pistes rien que pour lui et un team était présent avec trois voitures. Une pour un pilote de référence payé pour lui donner ses datas, une de réserve et la sienne. Il dépensait trois fois plus que tous les autres pilotes. Avant ses débuts en F1 chez McLaren, il a multiplié les journées sur divers circuits avec des anciennes F1. Un budget de plusieurs dizaines de millions d'euros rien qu'en tests hivernaux. Pas vraiment le même monde que Stoffel Vandoorne. Après, le gamin, au demeurant très sympathique et n'ayant pas la grosse tête, est un bon. Vous pouvez aussi être doué quand vos parents sont riches !
Mick Schumacher : A l'époque où son papa l'accompagnait encore sur les pistes de kart où il roulait sous le nom de sa mère (Betch), Mick n'a jamais cassé la baraque. Son père dont la fortune serait de 650 millions avait investi dans l'usine Tony Kart pour laquelle roulait son fils. Au final, à force de persévérance et d'entraînement, le diesel Mick a décroché deux titres de vice-champion du monde et d'Europe. Puis, grâce à son nom et aux bonnes relations de Sabine Kehm, l'ancienne PR de Michael, il a été pris sous l'aile de Ferrari. Il lui a fallu à chaque fois deux ans pour devenir champion de F3 puis de F2 avec le meilleur team, Prema. A l'époque de la F3, il se murmure qu'il aurait reçu un petit coup de pouce de Mercedes, écurie pour laquelle son paternel avait terminé sa carrière en F1. Encore plus avec ce qui est arrivé à son père, tout le monde rêvait de voir Mick arriver en F1. C'est désormais chose faite et s'il n'est pas encore chez Ferrari, il y a fort à parier qu'il roulera chez Alfa-Sauber l'an prochain.

Carlos Sainz Jr : Fils du double champion du monde (1990 et 1992) des rallyes Carlos, un ami de la famille royale espagnole ayant accumulé pas mal d'argent mais aussi d'excellentes relations dans le milieu. A l'époque, il a réussi facilement à faire entrer son fils dans la filière Red Bull qui était son partenaire lors de sa première victoire au Dakar. Le Matador a pu débuter un peu plus tard en F1 chez Toro Rosso sans un très gros palmarès en monoplace. Mais au bout de trois années, Helmut Marko l'a laissé filer chez Renault où il n'a pas été gardé non plus. Il est ensuite parti chez McLaren et aujourd'hui débute plutôt très bien chez Ferrari avec une récente deuxième place à Monaco.
Sergio Pérez : Sans doute le pilote qui doit le plus sa carrière en F1 au soutien financier non pas de son père, mais bien de Carlos Slim, un Mexicain magnat des telecoms (Telmex) faisant partie des hommes les plus riches du monde (il a aussi financé les participations en F1 d'Esteban Gutierrez). Depuis plus de dix ans, Checo amène de gros budgets pour rouler en F1. Avec son arrivée chez Red Bull, c'est peut-être la première année que ce n'est pas le cas.
Les pilotes issus de la filière Red Bull
Max Verstappen : C'est Red Bull qui lui a donné sa chance en F1 après seulement une saison de F3 et deux titres de champion du monde de karting. Avec l'aide de son papa Jos (ex-pilote de F1) et du millionnaire Fritz Van Eerd, ils ont investi 600.000 euros en essais durant un hiver (aux Etats-Unis et en Europe) pour que le gamin soit prêt pour la F3.
Pierre Gasly : Issu d'une famille modeste, le Français a été aidé par la fédération française dans les catégories inférieures. Puis il a été repéré par Red Bull qui l'a aidé à grimper en F1.
Yuki Tsunoda : Une ascension météorique pour ce Japonais soutenu par Honda (cela aide beaucoup d'avoir un constructeur de sa nationalité) et donc par son partenaire Red Bull qui a financé sa saison en F2 l'an dernier où il s'est montré le meilleur rookie et a terminé 3e du championnat, le meilleur résultat d'un Nippon, peut-être le meilleur de toujours.

Sebastian Vettel : Même si c'est le constructeur allemand BMW qui lui a permis de faire ses débuts en F1 à l'époque, il a vite été repris dans le giron Red Bull qui l'aidait déjà aux échelons inférieurs. Seb décrochera sa première victoire avec Toro Rosso à Monza et dans la foulé remportera quatre titres mondiaux avec le team Red Bull. Un excellent investissement.
Daniel Ricciardo : Encore un pilote soutenu lors de son ascension par la marque de boisson énergisante. Il a quitté Red Bull qui lui a donné des ailes car il ne supportait plus la cohabitation avec le « chouchou » Verstappen. Une « trahison » pour empocher un contrat de 18 millions par an chez Renault. Aujourd'hui, il a rejoint McLaren pour un nouveau défi.
Les pilotes issus de la filière Mercedes
George Russell : Un vrai talent, ancien champion de karting, qui s'est imposé en GP3 et en F2. Il a vite été intégré à la filière Mercedes managée par Toto Wolff par Gwen Lagrue. C'est Mercedes qui paie son volant chez Williams en échange de moteurs. Il a brillamment remplacé Lewis Hamilton l'an dernier à Bahrein où il aurait dû gagner. Il attend de recevoir sa chance chez Mercedes. Un futur champion du monde en puissance.
Esteban Ocon : Issu d'une famille pas riche du tout, il a vécu en caravane à une époque car ses parents avaient revendu la maison pour payer ses courses de kart. A force d'efforts financiers de ses parents trouvant aussi des partenaires, il est arrivé jusqu'en F3 où il a remporté le titre devant Max Verstappen. Mais ensuite, il s'est retrouvé sans rien. Il s'apprêtait à aller travailler dans le garage de son père et avait signé pour un job de serveur au McDo quand Toto Wolff l'a appelé et a relancé sa carrière en lui proposant un job de pilote d'essais et en payant pour ses débuts chez Manor puis Force India. Aujourd'hui, il reste sous contrat de management de Toto Wolff mais est prêté à Renault-Alpine.
Valtteri Bottas : Le Finlandais est managé depuis ses débuts en F1 par son patron Toto Wolff. Donc quand Toto, en tant que boss de Mercedes, prolonge son contrat avec Valtteri, il touche logiquement un pourcentage de son salaire. Du coup, il est plus facile de pardonner certaines erreurs et surtout son manque de régularité.
Lewis Hamilton : C'est au départ Ron Dennis, alors patron de McLaren-Mercedes, qu'il avait rencontré à une soirée de gala alors qu'il n'avait que dix ans qui a décidé de l'aider en finançant toute sa carrière après d'excellents résultats en karting. Le Britannique ne l'a jamais regretté. Lewis a remporté son premier titre mondial avec McLaren avant de partir en cueillir six autres avec Mercedes qui le paie aujourd'hui très cher. Mais a sans doute le meilleur retour sur investissement possible. Aujourd'hui, Mercedes vient d'intégrer dans sa filière un jeune kartman chinois de 13 ans. La nationalité est un rôle déterminant aussi pour les constructeurs qui veulent soigner leur image et développer leur marché dans certaines contrées du monde.

Les pilotes issus de la filière Ferrari
Antonio Giovinazzi : Avant lui, il y avait Rafaëlle Marciello, protégé de Ferrari, mais trop grand pour rentrer dans une F1. Du coup la Scuderia aide son compatriote Antonio Giovinazzi, seul Italien en F1 depuis trois ans déjà chez Alfa Romeo où là aussi la place des pilotes est liée à des échanges moteurs avec Maranello. Frédéric Vasseur n'est donc clairement pas totalement libre de ses choix.
Charles Leclerc : Protégé de Nicolas Todt, le fils du président de la FIA qui a investi pas mal d'argent pour amener le petit Monégasque en F1. Aujourd'hui, Ferrari a pris le relais et Todt Jr a décroché le jackpot avec le petit prince dont la maman est toujours coiffeuse à Monaco et le papa (ancien pilote de F3 peu fortuné) est décédé il y a quelques annés, la semaine avant le succès de Charles en GP2 dans les rues de Baku.
Les champions à part
Fernando Alonso : Pas du tout issu d'une famille aisée, Fernando a appris dès son plus jeune âge qu'il devait à chaque fois gagner pour pouvoir passer à l'échelon supérieur. Après un titre en Formula Nissan, il est passé en F3000. Après sa victoire à Francorchamps avec le team belge Astromega, Flavio Briatore a décidé de s'occuper de lui et l'a placé en F1 chez Minardi. Après une bonne première année, il a dû faire une année sabbatique en tant que réserviste chez Renault avant d'être titularisé puis de remporter deux titres avec l'écurie française alors dirigée par son manager et aujourd'hui toujours ami et confident.
Kimi Raikkonen : Tout le monde connaît de l'anecdote de la réunion familiale où il a fallu choisir entre des toilettes dans la maison (au lieu de la cabane au fond du jardin) et un nouveau kart pour Kimi clairement pas issu d'une famille aisée. Mais il a réussi à grimper les échelons et a convaincu Peter Sauber de l'engager dès son premier test en F1. C'est sans doute le pilote du plateau actuel qui doit le plus sa carrière rien qu'à son talent et à lui-même.

Les prochains qui arrivent
Il ne suffit pas d'être le fils d'un pilote de GP pour accéder facilement à la F1. Il existe plusieurs exemples de rejetons pas assez talentueux et qui n'y sont pas arrivés : Nicolas Prost, Aurélien Panis, Giuliano Alesi, Mathias Lauda, Hugo Hakkinen, les fils Mansell, Tobias Scheckter ou encore Louis Gachot ou... Vanina Ickx ! Cela ne veut pas dire qu'ils soient mauvais, loin de là, mais être le fils ou la fille de ne suffit pas toujours. Et d'autres arrivent derrière avec les fils Montoya, Barrichello, Pirro, Trulli, Patrese, Coulhard, Schumacher (David, le fils de Ralf), Lammers, Fittipaldi. Ou encore le frère Leclerc (Arthur) ou neveu Naninni.
On voit même arriver en F3 Jack Doohan, le fils du quintuple champion du monde de moto Mick, qui a toujours réussi à décrocher les meilleurs volants et, pistonné, a vite été intégré à la filière Red Bull. Avoir un nom, cela aide toujours...
Pour les prochaines années, certains pilotes, fortunés ou pas, sont déjà repris dans des filières ou par des managers investissant gros sur eux dans l'espoir bien sûr de récupérer leur mise mais surtout de faire fortune. Notre demi compatriote Harald Huisman avait déjà réussi un super coup en lançant (avec son ami Robertson) la carrière de Jenson Button. Aujourd'hui, il essaie de répéter l'opération avec son compatriote Denis Hauger, repris lui aussi dans la filière Red Bull sans avoir pourtant encore remporté un championnat majeur. Parmi les autres pilotes bien placés on citera le fils de millionnaire Guanyu Zhou dont, selon une source chinoise, le papa financerait toute la filière Alpine au sein de laquelle on retrouve notamment Christian Lundgaard (fils de l'ancien champion d'Europe des rallyes Hendrick), Caio Collet (managé en outre par Nicolas Todt qui voit en lui le prochain Brésilien en F1), Oscar Piastri (le champion de F3 soutenu par Mark Webber) ou encore Victor Martins, champion Eurocup Formula Renault au bout de trois ans soutenu par Sébastien Philippe, le patron d'ART.
Parmi ceux qui ont aussi de bonnes chances d'y arriver, on citera encore le talentueux jeune Français de 17 ans Théo Pourchaire, soutenu par Sauber (Frédéric Vasseur), Sébastien Philippe (ART) grâce aux investissements à la base de son papa Jérôme propriétaire de plusieurs Intermarché. Cela coince un peu par contre pour le jeune Américain Logan Sargeant, ancien champion du monde de karting dont le papa dépensait à l'époque 500.000 euros par an en kart. Troisième du championnat F3 l'an dernier alors qu'il était dans l'écurie de pointe Prema (il a perdu le titre face à son équipier Piastri suite à un accroc sur la dernière course), il roule cette année dans l'écurie de fond de grille Charouz. Mais son talent est indéniable, il l'a encore prouvé en signant la pole lors de la dernière manche d'ELMS au Red Bull Ring. Si la F1 a toujours besoin d'un Américain, il est de loin le mieux placé.