La psy Ellen Schouppe à Tokyo avec le Team Belgium: "Inspirant de travailler avec les Cats et les Cheetahs"
Ellen Schouppe, psychologue des deux équipes féminines, sera la personne de confiance du Team Belgium à Tokyo.
Publié le 21-07-2021 à 17h04 - Mis à jour le 29-07-2021 à 15h26
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Je veux qu’un sportif puisse lâcher tout son rationnel pour jouer ou courir à l’intuition. La performance passe à la fois par la préparation et le feeling."
Ellen Schouppe a posé sa philosophie du sport de haut niveau à côté de ses valises floquées Team Belgium sur le sol de Tokyo. Présente pour la première fois aux Jeux olympiques, la psychologue du sport vit un rêve d’enfance.
Aux côtés de Jef Brouwers, elle sera la personne de confiance du Team Belgium durant le séjour japonais de nos athlètes.
"Mon rôle est simple : si à un moment donné, un athlète, peu importe qui, a besoin de parler pour évacuer le stress ou la pression, il peut venir me voir et je jouerai mon rôle de psychologue et de psychologue sportif. Ils peuvent également faire appel à moi en cas d’abus. Heureusement, il n’y a aucun souci de ce niveau pour le moment."
Les ambitieuses Cats
Un travail global qu’elle basera sur ses expériences passées avec plusieurs membres de la délégation belge et notamment nos deux équipes féminines : les Cats et les Cheetahs. "Et depuis des années", sourit la psychologue.
Ellen Schouppe fait partie du staff qui a remis l’équipe nationale de basket-ball sur le chemin des sommets et a été l’un des premiers membres de l’encadrement du relais 4x400 m féminin.
Ces deux équipes vivent toutes deux leur première expérience sur la plus grande scène mondiale. Leur histoire fait office d’exemple, de modèle. "Elles ont montré qu’avec du talent mais surtout une énorme mentalité, on pouvait toujours y parvenir."
L’histoire d’Ellen Schouppe est étroitement liée à celle des Cats. Leur renouveau a été marqué par la formation d’un staff large et professionnel dont elle fait partie. L’arrivée de Philip Mestdagh n’a fait que renforcer sa position. Durant les matchs, elle est même sur le banc. "Mais stoïque. Je rentre dans mon rôle et élimine toute émotion."
Depuis 2017 et le lancement du projet "Dare to believe" (Oser y croire), les Cats sont passées d’équipe de second rang à outsider pour une médaille aux JO. Un statut qui s’est affirmé depuis quatre ans et qui a vu les basketteuses décrocher deux médailles de bronze à l’Euro (2017 et 2021) et une quatrième place à la Coupe du monde (2018).
"Je n’avais jamais connu un groupe capable d’envisager de telles performances", résume la psychologue. "Dès le début du projet, elles ont cru en leurs capacités. Cela a parfois été difficile, notamment à l’Euro 2019, mais elles ont toujours gardé la tête haute. Le regard pointé sur leur rêve olympique. Elles s’y sont toujours accrochées."
Le défi mental sera énorme aux Jeux olympiques. Déjà, car plus que jamais tous les regards seront tournés vers les Meesseman, Allemand ou Wauters. Et ensuite car ces noms sont encore un peu plus entrés au palmarès de leur sport il y a un mois environ avec une (très belle) troisième place au championnat d’Europe.
De quoi les faire planer ou les libérer ? "Une des valeurs du coach Mestdagh est : un jour à la fois. Il refuse que les joueuses aient la tête dans les nuages. Elles ont pu se ressourcer après l’Euro et sont désormais tournées vers les JO. En 2019, lorsqu’elles ont sorti les Françaises à la Coupe du monde, on sentait qu’elles n’avaient plus les pieds sur terre. On leur a dit de profiter… mais juste un jour. Heroes for a day car le lendemain il fallait jouer les États-Unis."
Un écueil infranchissable à l’époque. Et une possible nouvelle confrontation au programme de Tokyo. "Elles ont appris de cette défaite comme de celle de justesse face aux Serbes en juin. Ce groupe a une maturité folle. Leur force de travail sur et en dehors des parquets a fait la différence. S’il faut s’entraîner plus que prévu ou ajouter un meeting au planning, elles le font sans rechigner à la tâche. C’est inspirant de bosser avec elles."
Les Cheetahs ont appris à se manager
Une dernière phrase qu’elle utilise également pour qualifier sa collaboration avec les Belgian Cheetahs. "Leur réussite n’est pas une coïncidence. En 2018, Camille Laus et Hanne Claes sont venues me voir pour m’inclure dans leur projet. Elles n’avaient pas encore d’existence officielle ni de coach mais elles voulaient m’inclure dans leur team. Elles avaient un rêve magnifique - aller aux Jeux olympiques - et une telle volonté d’y arriver. Je n’aime pas utiliser le mot ‘sacrifice’ donc je vais dire que les relayeuses ont mis les bonnes priorités pour réaliser leur rêve."
Si les deux parties sont nées de la même volonté de réussir, les Cheetahs continuent de devoir beaucoup s’autogérer. Elles font également face à d’autres contraintes. "Savoir se manager est une des bases du coaching mental. Les Cheetahs, bien encadrées par la coach Carole Bam, font des merveilles à ce niveau. Elles doivent aussi livrer certaines batailles. Si chez les Cats, seul le coach décide, pour le relais, la fédération s’en mêle davantage et pense uniquement en termes de chrono."
Sauf qu’un relais, c’est bien plus que juste quatre filles qui courent vite chacune de leur côté. "Il faut une vraie confiance en l’autre au moment de passer le témoin. Puis, il y a tout un aspect de la vie de groupe. Un coach, en basket tout comme en athlétisme, doit, en plus des performances, penser à la vie de groupe. Surtout dans un moment comme les Jeux olympiques."
Romain Van der Pluym