Vanthourenhout, Benoot, Vansevenant, Van Avermaet et Evenepoel tous séduits par Van Aert: "Wout a juste été incroyable"
L’équipe belge a réalisé un sacré boulot mais tenait surtout à féliciter son médaillé d’argent.
Publié le 24-07-2021 à 17h07 - Mis à jour le 26-07-2021 à 14h31
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Osons l’affirmer, malgré une médaille d’argent qui peut en frustrer certains vu les jambes de feu de Wout Van Aert, la Belgique a réalisé la course d’équipe parfaite. Sven Vanthourenhout coupe directement pour préciser qu’il n’est pas d’accord. Pas à 100 % du moins. Il ne peut néanmoins cacher que sans le plan établi, Van Aert ne serait peut-être pas monté sur le podium.
"Le scénario était presque celui que nous voulions voir se produire", sourit le sélectionneur. "Nous aurions voulu que Greg (Van Avermaet) passe le Mont Fuji et amène les coureurs jusqu’au pied de la dernière grosse difficulté. Cela n’a pas été possible car nous étions trop seuls trop tôt pour faire le tempo aussi longtemps."
Van Avermaet au service de Van Aert
L’image restera assez unique. Greg Van Avermaet, champion olympique en titre, en position aérodynamique seul devant le peloton. Golden Greg - un surnom qui dépasse sa médaille de Rio - s’est mis à plat ventre pour son équipe dès le premier kilomètre de course. La grande classe.
"Dès le meeting on a directement décidé qu’on roulerait pour les leaders. Je ne suis pas habitué à un rôle comme celui-là mais au vu de mon Tour de France et de la dernière montée, j’ai directement compris que je ne pourrais pas viser une médaille. J’ai fait le clic mental pour me mettre au service de Remco et Wout. Je pense qu’avoir le champion olympique qui bosse pour eux a dû les motiver."
Le boulot, il l’a effectué tout seul. Avec le futur médaillé d’argent dans sa roue. Seul le Slovène Jan Tratnik est parfois venu lui prêter main forte. "Les Espagnols et les Italiens n’avaient visiblement pas eu de meeting tactique", lance-t-il. "Il me disaient ‘on va demander ce qu’on doit faire car on ne sait pas.' C’est marrant de la part que des coureurs qui clament vouloir être champion olympique d’être perdus après quelques bornes."
Tratnik et ses compatriotes ont durci la course sur les flancs du Mont Fuji. Van Avermaet n’a pas pu suivre. "C’était devenu trop dur pour lui", explique Remco Evenepoel. "Finalement, ce sont les Italiens qui nous ont aidé à arriver vite au pied du Mukini."
Rouler à bloc pour aider Van Aert
Une fois Van Avermaet distancé et l’attaque d’Evenepoel étouffée, la suite de la fusée belge s’est mise au travail pour assurer l’arrivée de Wout Van Aert au sommet de la côte qui lui convenait le moins. "C’est simple : Tiej (Benoot) puis Mauri (Vansevenant) devaient monter vite et le plus loin possible pour mettre Van Aert dans les meilleures conditions et le protéger", explique Vanthourenout.
"On a terminé vidé", sourit Benoot, le premier réacteur. "On voulait mettre beaucoup de tempo sur la montée mais on était surpris qu’il reste autant de monde sur le sommet de la côte. Le fait qu’il ait si bien tenu est fou. Cette côte, c’est autre chose que 6 kilomètres à 7 %."
Même analyse du côté de Vansevenant, fier de sa contribution. "Vu les gros pourcentages, nous devions rouler fort et de manière constante pour éviter les attaques qui auraient pu faire mal à Wout. Vu ses capacités à tenir un rythme, c’était la meilleure option. Nous avons pris beaucoup de responsabilités mais il était impossible de tout faire seul."
Van Aert a ensuite dû se débrouiller sans personne à ses côtés. One against all. "Nous voulions isoler un maximum de concurrents et au final, aucun favori n’est arrivé avec un équipier après le Mikuni pass", dit Benoot. "À ce niveau-là, c’était mission accomplie."
Wout Van Aert n’a pas fui ses responsabilités et a accepté de prendre la course en main. Le groupe de tête se tournait vers lui à chaque attaque, lui faisant comprendre qu’il n’allait pas bouger le petit doigt pour l’aider à rattraper les fuyards.
"Quand je l’ai vu monter le Mikuni pass avec les meilleurs alors que cette côte est taillée pour les poids plumes, je me suis dit qu’il était fort", explique Van Avermaet. "Puis, il est encore revenu tout seul à 15 secondes de Richard Carapaz et Brandon McNulty. Il a juste été incroyable tout du long."
Dur de contrôler un si gros groupe
Golden Greg était aux premiers loges pour observer la fin de course. Après son abandon il a pu profiter du show de son équipier à la télévision. "Au moins, j’ai bien vu la course", sourit-il. "Vu la taille imposante du groupe au sommet du Mikuni, je me suis dit que Wout aurait du mal à contrôler. C’est peut-être là qu’il perd l’or."
Sa course n’en reste pas moins "impressionnante", selon les mots du sélectionneur. Sur les derniers kilomètres, stressé de passer à côté d’une médaille vu le solo de Carapaz, Vanthourenhout aurait signé pour une deuxième place. "Je n’ai jamais été aussi content avec l’argent", concède-t-il.
Et Tiej Benoot d’ajouter : "Sur une autre course finir deuxième peut avoir un goût amer. On voulait gagner vu notre grosse équipe mais on doit être fiers. Chapeau Wout."
Avec son esprit de compétiteur, Wout Van Aert ne sera pas amplement satisfait du résultat final. Remco Evenepoel le comprend mais veut surtout retenir la manière de courir de son équipier. "Il a encore une fois montré qu’il était dans la forme de sa vie. Tant mieux pour la Belgique. Il ne peut pas être frustré après une telle course. Carapaz a fini tout seul et c’est qu’il était le plus fort aujourd’hui. Wout a donné le maximum sur un parcours très difficile. C’est un coureur de grande classe."