Alexander Hendrickx, serial buteur des Red Lions et roi du penalty corner: "Le pc parfait? Celui qui rentre"
Réserviste aux Jeux de Rio, le défenseur est devenu l’un des principaux piliers de l’équipe. Retour sur la vie d’un gars en quête perpétuelle du mouvement parfait.
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Publié le 28-07-2021 à 21h06 - Mis à jour le 30-07-2021 à 15h51
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Dans la nuit de mercredi à jeudi, les Red Lions affronteront le Canada avec la ferme intention d’empiler les buts pour se constituer un goal-average très favorable. Pour alimenter le compteur, les regards se tournent vers la plupart des joueurs car le danger vient de toutes les lignes.
Un joueur est placé au cœur de la cible : Alexander Hendrickx. Son sleep est diablement efficace depuis plusieurs années. Encore plus à Tokyo. Lors des 3 premiers matchs, ses coéquipiers lui ont offert 10 pc. L’Anversois, qui joue à Pinoké, aux Pays-Bas, en a transformés 6. Ce ratio est d’autant plus phénoménal que les premiers sorteurs sont devenus si performants que les coachs essayent de plus en plus de phases.
La réussite de celui qu’on surnomme Jimmy résulte d’une vie entière consacrée à la recherche du mouvement parfait.
En cadet, le jeune Alexander avait déjà commencé à prendre les sleeps. Il passait le plus clair de son temps à l’Antwerp où il regardait les pc de Loic Nelis. “Il m’a appris les bases”, se souvient-il plus de 20 ans plus tard.
Dans son club d’origine, il a croisé quelques fortes personnalités dont Vitali Kholopov ou Nao Tobita. “Je leur demandais tout le temps des conseils. J’ai commencé à travailler ma technique en me nourrissant de l’apport de chacun.”
Le pc est entré dans ses pensées par petites touches. Il a d’abord observé de loin les mouvements. Il a ensuite tenté de les imiter. Alexander était déjà prisonnier du penalty corner. “J’étais intrigué. J’allais voir les matchs de l’Antwerp en espérant qu’il y ait un maximum de pc sifflés.”
Après cette phase d’observation, venait la pratique. Il ne comptait alors plus les heures passées seul ou avec son frère sur le terrain.
“Très vite, j’ai compris que j’étais bon.”
Il a toujours été en avance sur son âge. Très vite, il s’est forgé un corps hyper musclé. Le dessin de ses muscles saillants ressortait déjà lors de son adolescence. “En salle de fitness, je me rendais compte que j’étais plus puissant que les autres.”
Compétiteur hors pair, il n’aurait laissé personne le battre dans une salle de musculation. “Si je voyais quelqu’un prendre plus de poids que moi, j’en remettais chez moi (rires). Encore aujourd’hui, quand Simon (Gougnard) met 110, je m’aligne.”
La force brutale ne suffit pas pour se doter du meilleur pc de la planète. La coordination est centrale. Là aussi, Alexander Hendrickx a étudié chaque mouvement du corps et surtout la rotation épaule – dos.
En U16, il ne partageait pas. L’Anversois prenait le pc à son compte. Sous la direction de Philippe Goldberg, il n’a aucune idée du nombre de buts inscrits. “Mais, le chiffre est élevé”, assure-t-il. Une décennie plus tard, que ce soit à Pinoké ou en équipe nationale, il ne partage pas plus. “J’en ai mis quelques-uns à Pinoké qui ont rapporté des points importants.”
Sans cesse sous le feu de la rampe, il est jugé en permanence par rapport à son ratio sur pc. Il s’en moque. Pour rien au monde, il ne voudrait briser son lien indescriptible avec la phase la plus importante du hockey moderne. “Le pc me procure 100 % de plaisir. Je me moque de la pression. Je sais que je peux aider l’équipe avec cette arme qui est un gros atout.” D’un sleep puissant, il repousse les critiques des journalistes qui lui reprochaient, par exemple, son 1 sur 9 lors de la Coupe du monde contre l’Allemagne. “Il y a des matchs où il ne rentre pas. Là, on retourne à l’entraînement pour être encore plus fort. Les journalistes oublient que les défenseurs ont aussi fait des progrès pour contrer le sleep. Le ratio d’un pc s’analyse sur l’ensemble d’un tournoi et non sur un simple match.”
Le pc confère au sleeper une puissance extrême. Un sentiment d’invincibilité. Dans un même temps, le sleeper rebat chaque jour la carte de l’humilité. Alex Hendrickx se souvient d’une rencontre face à l’Espagne. Le sorteur l’avait piégé à trois reprises sur quatre. “J’ai vu les images. Je lâchais la balle trop vite. Si je la garde plus longtemps, je le contournais.”
Le sleep est avant tout une histoire de petits curseurs à adapter en permanence. La technique de base et le rythme du mouvement ne changent pas. “Parfois, tu y vas au bluff. Tu feintes à gauche ou à droite.”
Il ne dévoilera pas ses secrets. Il ne s’épanchera pas sur sa vitesse pour la simple raison qu’il… l’ignore. “Je pense que je tourne autour de 115-120 km/h. Je ne l’ai jamais fait flasher. Un bon pc est un pc cadré et rapide.”
Lors des Jeux de Rio, Alexander Hendrickx avait été relégué en tribune dans le rôle peu enviable de réserviste. En effet, ses qualités de sleeper ne compensaient ses difficultés à défendre efficacement.
À 27 ans, il vit son âge d’or. Son passé contient cette cicatrice sud-américaine. “Je m’en souviens très bien. À Rio, je me suis juré de ne plus jamais être réserviste. Mentalement, j’ai traversé la phase la plus dure. Ce rôle est ingrat. J’ai dû m’améliorer dans le jeu.”
À force de remise en question, il s’est imposé comme un titulaire indiscutable. Il a d’abord pris les bonnes décisions de rejoindre le Dragons puis Pinoké. “Je devais sortir de ma zone de confort. La Hoofdklasse m’a beaucoup aidé.”
Shane McLeod admire son travail au quotidien. C’est le sorcier néo-zélandais qui décide d’ailleurs la hiérarchie des sleepers et le type de pc joué. “Le coach décide si nous jouons un direct ou une phase. En Belgique, nous avons quelques bons sleepers. Pourquoi faudrait-il changer ? Notre ratio est positif. Je sais toujours ce que je vais faire. Je préviens mes coéquipiers pour qu’ils se placent sur le rebond.”
N°1 sur pc, Hendrickx fait l’unanimité chez les Red Lions qui possèdent pourtant de bons sleepers comme Tom Boon, Loick Luypaert voire Nicolas De Kerpel, Arthur De Sloover, Felix Denayer ou Gauthier Boccard. “On peut citer presque toute l’équipe, se marre-t-il. Il y a une différence entre un sleep en club et en équipe nationale. Je fais de mon mieux pour rester le plus efficace.”
En 2021, la machine à marquer savoure sa réussite tout en se posant déjà la question suivante. Comment m’améliorer ? À Tokyo, il a déjà passé des heures à visionner et à décortiquer un maximum de matchs. “Nous regardons tout. Les sorteurs sont évidemment une clef essentielle à notre réflexion. Le gardien et le line-stop aussi. De quelle manière le gardien place son corps ? Ses mains ? Ses guêtres ? Steve Bayer abat un job de dingue avec les sleepers.”
Avec Alex, il est impossible de lire la trajectoire avant que la balle ne parte. Son corps rend la lecture très compliquée. Il dégaine autant à ras de terre qu’en hauteur, à gauche qu’à droite. “Une belle lucarne fait toujours plaisir. Mais, j’aime aussi le bruit de la planche avec la balle qui revient.”
Au final, le sleep parfait se résume en trois mots : “Celui qui rentre.”
Et le sien est à 60 % victorieux dans l’Oi Stadium. Ce qui est presque parfait !
Tom Boon : “Je ne suis plus le principal suspect”
Tom Boon est longtemps resté l’enfant terrible du pc belge. Depuis quelques années, il a reculé dans la hiérarchie au profit d’Alexander Hendrickx. Néanmoins, l’attaquant n’a eu de cesse de continuer à bosser son mouvement. Avec Luypaert et Boon, les Red Lions ont de très belles alternatives sur pc.
On remonte dans le temps. Le temps de son enfance. Il jouait à Uccle Sport. Le pc est entré dans sa vie. “J’étais très curieux par le mouvement du pc. Moi, je shootais sur pc. En U16, je les prenais. En plus, j’étais puissant. J’ai grandi avec quelques références. Je ne suis pas buté. J’apprends volontiers.”
Golfeur averti, il s’inspire de ses deux sports pour s’améliorer dans l’autre. “Sur un pc, tu sais où tu veux la mettre un peu comme le putting au golf. Il existe 10 000 manières de fonctionner. Le pc engendre une forme de pression, mais la satisfaction la surpasse. En tant que n°2, je ressens moins de pression. Quand j’en prends un, le sorteur fonce plutôt sur Alex. Je ne suis plus le principal suspect. Par conséquent, je dois juste la cadrer. À mon sens, le pc direct est le plus efficace. Mais, une phase est aussi intéressante en fonction du moment choisi.”