Teddy Riner veut écrire la légende
En lice pour son troisième titre olympique, le Français pourrait entrer dans l’histoire. Mais à condition que son genou tienne bon.
Publié le 29-07-2021 à 19h35
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Le 23 octobre 1964, le Néerlandais Anton Geesink devient le premier non-Japonais à décrocher l’or olympique sur les tatamis du Nippon Budokan. Ce vendredi, plus de 56 ans plus tard, la discipline pourrait de nouveau connaître un tremblement de terre dans sa Mecque tokyoïte avec le possible troisième titre olympique d’affilée du Français Teddy Riner (+100 kg).
Sacré à Londres et à Rio, le Guadeloupéen (32 ans) est, en effet, en lice pour un triplé historique que seul le Japonais Tadahiro Nomura - vainqueur en 1996, 2000, 2004 en -60 kg - a réussi jusqu’ici.
Seul hic : le décuple champion du monde, qui mesure 2,03 m et pèse 140 kg, débarque dans la capitale nipponne avec un genou gauche diminué par une blessure encourue lors d’un stage au Maroc fin février. "À ce moment-là, je pensais que je m’étais déchiré les (ligaments) croisés", a raconté la star à la presse hexagonale. "Je pensais que j’en prenais pour sept mois et que c’était foutu, mais ça s’est consolidé plus vite qu’attendu."
Toujours dans la course aux lauriers olympiques, Teddy Riner a toutefois été privé de judo pendant deux mois.
"Bien sûr, de temps en temps, mon genou me fait encore mal, mais ça ne m’empêche pas de m’entraîner, ça ne m’empêche pas d’aller au bout de moi-même", rassure le judoka français. "Ça, c’est cool. C’est le point positif, clairement."
Un plan "anti-Riner"
Persuadé de monter sur les tapis du Nippon Budokan "dans un super état de forme et dans de bonnes dispositions", l’ogre du judo mondial reconnaît toutefois qu’il n’a "que 50 % de repères" par rapport à la compétition. Ce qui n’est pas pour rassurer les observateurs. C’est que Teddy Riner ne domine plus autant sa catégorie qu’auparavant. Pour preuve, en 2020, il a concédé ses deux premières défaites depuis près de 10 ans et plus de 150 combats. D’abord, face au Japonais Kokoro Kageura en février, à Paris. Ensuite, face au… Français Joseph Terhec, en octobre.
Et bien qu’il se soit imposé avec autorité lors du Masters de Doha en janvier, le triple médaillé olympique risque de vivre un tournoi compliqué à Tokyo. D’une part, parce qu’il n’est pas tête de série et que son tableau avec l’Israélien Or Sasson et le Russe Tamerlan Bashaev, ne sera pas de tout repos. D’autre part, parce que les Japonais assurent avoir mis en place un plan "anti-Riner" avec leur représentant Hisayoshi Harasawa, n°2 mondial et finaliste malheureux lors du deuxième sacre olympique du Français.
S’il veut devenir une légende vivante, Teddy Riner devra sortir le grand jeu.
Possible doublé, avec l’équipe
Parce que les Jeux de Tokyo proposeront pour la première fois une épreuve par équipes mixtes en judo, Teddy Riner pourrait décrocher, samedi, un deuxième podium en l’espace de deux jours. "C’est un bel objectif et on a une belle équipe pour réussir. Je peux aussi être triple champion olympique avec cette épreuve, ou quadruple ! Ce n’est pas une médaille qu’on minimise." Bref, Teddy Riner est ambitieux. Et il n’hésite pas à l’affirmer haut et fort.
Le Budokan est la Mecque du judo
Théâtre des compétitions de judo depuis le début de la quinzaine olympique, la salle située au centre de Tokyo, dans le parc Kitanomaru, non loin du Palais impérial, est considérée ni plus ni moins comme la Mecque du sport national nippon.
Construite à l’occasion des JO de 1964, l’enceinte - dont le toit incurvé évoque le Mont Fuji - est un lieu chargé d’histoire. Et pour cause, c’est notamment là que le Néerlandais Anton Geesink a mis fin à la domination japonaise aux Jeux olympiques en s’imposant face à la star locale Akio Kaminaga.
Aujourd’hui tout aussi réputé pour les concerts qui s’y tiennent, le Budokan (qu’il ne faut pas confondre avec le Kodokan, le dojo créé par le fondateur du judo, Jigoro Kano) pourrait également assister au passage de témoin entre Tadahiro Nomura, triple champion olympique d’affilée en -60 kg, et Teddy Riner, en quête d’un troisième sacre aux Jeux en +100 kg. De quoi faire entrer l’endroit un peu plus encore dans la légende.