Nafi Thiam se confie avant son entrée en lice : "Je veux retrouver le plaisir de Rio"
Nafissatou Thiam, qui se penche sur le cas de Simone Biles, insiste sur la notion de sérénité.
Publié le 30-07-2021 à 06h56 - Mis à jour le 30-07-2021 à 16h50
:focal(1275x858.5:1285x848.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7YORRGM3GNEGVHZMTE7PZO5VTI.jpg)
Ça y est, Nafissatou Thiam est arrivée au village olympique ce jeudi matin. Après douze jours passés dans le camp de base du Team Belgium à Mito, elle entame la dernière ligne droite vers la défense de son titre olympique à l’heptathlon, les 4 et 5 août prochains. À peine avait-elle posé ses valises qu’elle donnait de ses nouvelles. Détendue et sereine, elle a également évoqué les problèmes mentaux dont peuvent souffrir les sportifs de haut niveau.
“C’est triste de voir Simone Biles comme ça”
Nafi Thiam parle d’amusement, de sérénité, de plaisir. Ces trois états d’esprit indispensables au bien-être de tout athlète manquent cruellement à Simone Biles. On le sait : la gymnaste américaine, attendue comme la star des Jeux, n’a pas disputé la finale du concours général ce jeudi.
“Ce problème touche tous les athlètes”, lance la championne olympique. “On se met déjà énormément de pression nous-mêmes. Nous avons peur de ne pas atteindre notre but. Si, en plus, on doit tenir compte des attentes du monde extérieur, cela peut devenir très compliqué à gérer. Dans le cas d’une star comme Biles, cette pression doit être énorme. Je peux comprendre ce qui lui arrive. C’est triste de la voir comme ça. Qu’elle révèle ne plus éprouver de plaisir doit faire réfléchir. Elle n’est pas la première dans le cas. Franchement, j’espère que sa situation fera un peu changer les choses. Il faudrait pouvoir mettre des solutions en place afin que ça survienne le moins possible.”
Nafi Thiam insiste sur le manque général de compréhension quant au quotidien des sportifs de haut niveau.
“On oublie souvent beaucoup trop le côté humain. Nous avons des émotions, des doutes. C’est légitime. Trop longtemps, on a mis de côté la question de la santé mentale des sportifs.”
Dans le sport de haut niveau, la gestion du stress constitue un élément capital. Pour notre compatriote, on a tendance à ne pas le prendre assez en compte. “L’émergence des réseaux sociaux a changé la donne”, estime-t-elle. “Maintenant, nous avons la pression 24 heures sur 24. Tous nos faits et gestes sont épiés. Bien sûr, il y a beaucoup de messages positifs, des marques de soutien. Mais il y a aussi du négatif et c’est illusoire de nous demander de ne pas en tenir compte.”
"Je vais m'éloigner des réseaux sociaux"
Afin de se protéger, l’heptathlonienne a, d’ailleurs, décidé de prendre des mesures.
“Je vais m’éloigner des réseaux sociaux jusqu’à la fin de ma compétition. Je n’ai pas besoin de savoir ce que l’on dit de moi ou écrit à mon sujet. L’important est de rester dans ma bulle.”
Et d’aborder son concours olympique en toute sérénité. “Je me souviens qu’il y a cinq ans, j’étais arrivée aux Jeux olympiques avec l’envie de m’amuser. J’étais convaincue de pouvoir faire quelque chose de bien mais j’étais surtout décidée à profiter de chaque instant. Cela m’a réussi au-delà de toute espérance. Je veux retrouver le plaisir que j’avais à Rio, me mettre dans le même état d’esprit.”
Dans ce cas, l’absence de public passera au second plan. “Bien sûr, cela aurait été plus sympa de se produire devant des tribunes remplies. Reste que ce n’est pas ça le plus important, mais le plaisir que tu prends à faire les choses. Moi, j’ai besoin de me sentir bien et détendue pour obtenir des bons résultats. Si je suis crispée, il me sera plus difficile d’aller chercher des grandes performances.”
Pour étayer son propos, elle fait référence à la cérémonie d’ouverture de vendredi passé. Elle y porta le drapeau belge (avec le hockeyeur Felix Denayer) dans un stade vide. “Quand je suis entrée dans l’enceinte, il n’y avait pas de bruit. Ça faisait bizarre. Mais, malgré cela, j’ai passé un très bon moment. J’ai énormément regardé autour de moi, les tenues des autres délégations… Franchement, c’était très sympa. Entre athlètes, on a fait beaucoup de bruit.”
Le huis clos, elle s’y est préparée. En compétition, elle ne pourra, donc, pas compter sur l’appui du public. Mais elle assure que ça ne constituera pas un problème. “Le grand moment de stress, c’est le matin avant la compétition. Une fois à l’échauffement, je ne pense qu’à donner le meilleur de moi-même. J’entre dans ma bulle. À ce moment-là, la présence de gens autour de moi ne change pas grand-chose si je suis sereine.”
À la voir ce jeudi, elle est très bien dans sa tête.