Nafi Thiam, prête à en découdre cette nuit : “Je me sens plus forte qu’à Rio”
Dans la nuit de mardi à mercredi, Nafissatou Thiam entamera la défense de son titre olympique. Avec la possibilité de marquer l’histoire.
Publié le 03-08-2021 à 08h12 - Mis à jour le 04-08-2021 à 07h28
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On n’ira pas jusqu’à affirmer que Nafissatou Thiam attend ça depuis cinq ans, mais elle a des fourmis dans les jambes. À 26 ans, elle remettra dès la nuit prochaine son titre olympique en jeu. Elle débutera, comme toujours, par le 100 m haies à 2 h 35, heure belge. Quand elle s’élancera, elle tentera d’oublier les cinq années passées depuis son triomphe de Rio. Elle entamera les sept travaux qui ont fait sa renommée. Et ça durera jusqu’à jeudi après-midi. Quand elle bouclera le 800 mètres final, il sera en Belgique 14 heures et une vingtaine de minutes. Et l’on saura si elle a repris la main sur l’heptathlon mondial, deux ans après que Katarina Johnson-Thompson lui a chipé la médaille d’or à l’occasion des Mondiaux de Doha.
"Les conditions climatiques ne sont pas tout à fait comme au Qatar", rappelle-t-elle. "Il fait un peu moins chaud ici."
Il n’empêche qu’elle devra gérer deux journées marathon. Elle en a l’habitude et ça lui a très souvent souri. Depuis son avènement au Brésil, la Rhisnoise a tout gagné. À certains moments, elle a même écrasé la concurrence. En 2017, à Götzis, elle est devenue la troisième performeuse de tous les temps avec 7 013 points. En entrant dans le cercle très fermé des heptathlètes à plus de 7 000 points (elles ne sont que quatre), elle s’est rapprochée à dix-neuf unités du record d’Europe de Carolina Klüft (7 032). Si elle reste à distance de la meilleure performance de l’histoire signée Jackie Joyner-Kersee (7 291 points), d’aucuns, à commencer par son coach, sont persuadés qu’elle a encore une marge de progression.
Titrée à Rio alors qu'elle n'était qu'une jeune challenger, Thiam est, à présent, à l'âge de la maturité sportive. Et elle s'affiche comme la grande favorite à sa succession. "Je me sens plus forte qu'à Rio. Maintenant, est-ce que ça suffira ? On verra. J'ai en tout cas tout fait pour être prête."
Premier heptathlon depuis 22 mois
Les feux sont au vert pour l'actuelle championne d'Europe et vice-championne du monde. "Elle sera sa principale adversaire", prédit Joyner-Kersee dans l'entretien qu'elle nous a accordé (voir par ailleurs).
L’incertitude liée à la forme de Johnson-Thompson, sa concurrente de toujours, explique cela. La Britannique, sacrée il y a deux ans à Doha, a été arrêtée plusieurs mois cette année à cause d’une rupture du tendon d’Achille ayant nécessité une intervention chirurgicale.
"Il y a des bonnes Américaines", avertit quand même Roger Lespagnard, son entraîneur de toujours. Il fait référence à Annie Kunz, Kendell Williams et Erica Bougard, détentrices de trois meilleures performances de l'année (avec, respectivement, 6 703 pts, 6 683 pts et 6 667 pts).
Thiam n’a, elle, plus participé à un heptathlon depuis vingt-deux mois. C’est énorme et cela entretient une part d’inconnue. Cela lui a également laissé le temps de renforcer toute l’articulation du coude qui lui avait causé tant de problèmes à Rio et quatre ans plus tard, à Talence, puis à Doha.
Première Belge double championne olympique ?
Si elle prétend - et on la croit - ne pas faire du sport pour entrer dans les livres d’histoire mais pour devenir la meilleure athlète possible, Nafi Thiam a, néanmoins, la possibilité de prendre place dans un cercle très fermé, celui des doubles champions olympiques. Elle peut même devenir la première Belge de l’histoire à décrocher l’or deux fois d’affilée. L’histoire est, peut-être, en marche.
