Comment le rugby français est venu au secours des Red Lions
Le staff médical a fait le plus beau cadeau à Shane en lui offrant un "full squad" pour la finale. Les 18 Reds sont en état de jouer.
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Publié le 05-08-2021 à 09h11 - Mis à jour le 05-08-2021 à 09h12
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Tous les adversaires des Red Lions sont unanimes. Les Belges impressionnent par leur capacité à hausser le rythme physiquement dans les 3e et 4e quart-temps. Mick Beunen a entrepris un travail physique avec les joueurs depuis des années. Les Reds sont des machines bien huilées depuis plus de 5 ans.
Néanmoins, chaque tournoi réserve son lot de surprises. Les Red Lions n’ont pas été épargnés. Boon, De Kerpel, Hendrickx, Kina, Gougnard, Wegnez, Boccard ont tous connu des pépins physiques plus ou moins graves.
Julien Rysman, l’ostéopathe des Reds, a accepté de faire le point sur l’état de forme des Red Lions à l’aube de la finale.
Shane McLeod pourra-t-il disposer de ses 18 joueurs au moment d'établir sa liste des 16 pour la finale ?
"Oui, les 18 mecs sont prêts et en forme physiquement. On parle d'un full squad, ce qui est le rêve de tout le staff médical. Nous y sommes. C'est comme un peintre qui reçoit toutes les couleurs pour dessiner sa toile."
De quoi souffrait Tom Boon, absent pour la demi-finale ?
"Il n’est pas blessé. N’ayez aucune inquiétude. Le coach analyse les profils dont il a besoin vu les types de matchs annoncés. Ses choix ont été payants."
Qu’en est-il de Gougnard, de Wegnez ou encore de Kina qu’on a aperçu avec de gros bandages ?
"On applique de manière préventive ces gros bandages aux cuisses car les ischios sont très fort sollicités. La répétition des efforts, mais aussi les conditions de jeu sont éprouvantes."
À l’infirmerie, vous avez aussi vu passer Alexander Hendrickx. Étiez-vous inquiet ?
"Avant de venir ici, j’ai bossé durant des années dans le staff. J’ai suivi de nombreux webinaires et des conférences. J’avais été en contact avec des collègues français du rugby à 7. Quand ils ont vu les images d’Alex, ils m’ont aidé. Nous avons rencontré Alex avec un plan. Ils ont eu l’idée géniale de me montrer un bandage spécial qu’ils utilisent en cas de gros choc au rugby. Cette plaque de silicone protège des contacts. Elle évite les saignements et en plus elle tient parfaitement durant tout le match. Il a une des entailles les plus impressionnantes que j’ai vues dans ma carrière. Il a eu besoin de repos. Nous avons aussi appliqué des techniques de drainage lymphatique pour que l’œdème ne touche pas ses yeux. C’est là qu’on voit que nous formons une grande famille olympique."
Vous parliez des conditions climatiques. Quels ont été vos deux pires ennemis ?
"Le tournoi olympique place beaucoup de matchs en peu de temps. On ajoute trois matchs de poule et un quart par rapport à des championnats d’Europe. En plus, les conditions météorologiques sont terribles, ce qui provoque un stress environnemental. Ce stress a un double impact sur la performance et sur la récupération. Je vis le tournoi le plus difficile depuis que je suis arrivé en 2016. En demi-finale, la température ressentie atteignait 39 degrés."
Aviez-vous prévu une telle chaleur ?
"Avec le COIB, nous avions eu des séminaires sur le thème 'beat the heat'. Nous étions formés pour accompagner au mieux les athlètes. L'hydratation est centrale. Nous avons tout un arsenal d'appareils pour la récupération, notamment des gilets, des cagoules, des boissons spéciales, la pressothérapie, des techniques ostéopathiques, des bains de glace… Pourquoi imaginez-vous que Shane McLeod et son staff ont insisté pour partir en stage en Australie alors que les incendies faisaient la Une ? Rien n'est laissé au hasard. Le corps a une mémoire. Il se souvient de ces stages en plein cagnard."
Combien êtes-vous pour vous occuper des 18 joueurs ?
"Avec le Team Belgium, nous sommes 3 ou 4 tous les jours à masser et manipuler les Red Lions. Si j’étais seul, le dernier passerait entre mes mains à deux heures du matin. Nous nous aidons au maximum."
Durant un match, votre job ne se limite pas qu’à monter sur le terrain pour évacuer un blessé…
"Nous analysons tout en permanence. Les gars portent un moniteur et une balise GPS. Tout est mesuré : vitesse, course, sprint… Chaque minute, nous avons les infos. En plus, Emily Calderon réalise aussi des analyses vidéo en live. Nous savons tout ce que le joueur fait. Sur un match, ils réalisent en moyenne 25 à 35 sprints pour une distance qui tourne autour de 10 kilomètres. Je vous rappelle qu’ils ne jouent jamais les 60 minutes vu le système de rotation."
Que représente pour vous votre présence au cœur du Village olympique ?
"Au Village, tu es aspiré par une énergie unique au monde. Tu vois des stars au réfectoire, des haltérophiles soulever des poids de malade ou des coureurs de fond dans les rues. C’est un monde à part. Là, tu ne comptes plus les heures de travail."