Les Red Lions racontent Shane McLeod: “Si heureux avec l’or, mais si triste qu’il parte”
Les Red Lions racontent leur Shane McLeod à eux avec un fil rouge : le génie d’un homme qui ne cesse de mettre l’autre en avant.
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Publié le 06-08-2021 à 15h14 - Mis à jour le 06-08-2021 à 15h15
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Shane McLeod a remis la flamme d’or olympique à Michel Vanden Heuvel qui assurera ses premiers entraînements comme T1 en septembre. Derrière les titres de champion d’Europe, du monde et olympique, se cache discrètement un grand homme. Il détesterait que son règne de 71 mois à la tête des Red Lions se résume à une longue litanie de médailles d’or, d’argent et de bronze amassées. Il détesterait également qu’on le mette en avant par rapport à ses joueurs.
Alors, au lendemain du sacre olympique, les joueurs ont tenu à lui rendre hommage.
Wegnez : "Le père que j’aurais voulu avoir"
Avant même le tournoi, le sorcier néo-zélandais n’avait pas caché son faible pour Victor Wegnez. Le milieu du Racing irradie de bonheur en voyant la médaille autour de son cou, mais il pleure aussi le départ de celui qu’il considère comme son père.
"Shane, c'est le père que j'aurais voulu avoir, s'exprime-t-il. Il est le gars le plus important de ma carrière. Il le sera toujours. Il m'a donné toute la confiance nécessaire pour jouer au meilleur niveau. Il m'a d'abord pris sous son aile en me nommant capitaine en U21. Il m'a fait découvrir le haut niveau et m'a toujours donné sa confiance en me donnant des shoot out en Coupe du monde, à l'Euro et aux JO. Je suis tellement heureux d'avoir gagné l'or, mais tellement triste de le voir partir. Il va me manquer."
Charlier : "En un jour, il m’a redonné confiance"
Cédric Charlier partage aussi son Shane à lui. L’attaquant des Red Lions a toujours eu la confiance du Néo-Zélandais. Mieux, c’est Shane McLeod qui l’a remis sur les bons rails durant l’automne 2015.
"Il faut remonter à l’Euro 2015 à Londres. Nous enchaînions les réunions de crise pendant l’Euro. Nous avions fini à la 5e place à un an des JO. Shane est arrivé car les joueurs le voulaient absolument. Si nous avions continué sans lui, nous allions droit dans le mur à Rio."
L’hiver 2015-2016 a été décisif dans le développement de l’attaquant.
"Nous avions commencé par la contre-performance en World League à Raipur. À six mois des Jeux, je jouais sans la moindre confiance. Il l’avait vu. Lors d’un meeting, il est venu vers moi. Il m’a dit que lui, il croyait en moi. Il voulait que je joue. Le lendemain, je marquais un but contre l’Inde. J’étais relancé. Il a ce don pour donner des responsabilités et de la confiance aux gens."
Gougnard : "Des frissons avec ses speechs"
Les plus anciens comme Simon Gougnard le connaissent depuis si longtemps qu’ils ne se souviennent plus vraiment de leur premier face-à-face avec Shane.
"Moi, je l’ai vu pour la première fois à l’Herakles il y a vraiment très longtemps. C’est lui qui a débloqué la situation avant les Jeux de Rio. Il est resté malgré le Covid-19. Son contrat s’achevait l’été passé, mais il ne nous a pas abandonnés."
Simon Gougnard s’arrête. Il prend le temps de réfléchir. Puis, se lance dans ses souvenirs. Le temps se fige. Ses poils se hérissent. Il a des images qui remontent.
"Je n’oublierai jamais ses speechs d’avant-match. Il glissait tant d’émotions dans ses mots et son regard. Il laissait couler les larmes. Nous étions tous touchés."
Le speech qui précédait la demi-finale de la Coupe du monde avait donné la chair de poule à tous les gars. Lors des Jeux de Tokyo, le Néo-Zélandais a, à nouveau, frappé en plein coeur de la cible. "Shane aime dessiner. Il avait tracé un cercle qui représentait l'équipe. Il avait dessiné un 2e cercle qui symbolisait les amis et les proches. Le 3e était à l'attention des fans et des supporters. Il restait le 4e, l'adversaire. Ces cercles représentaient les anneaux olympiques. Il a achevé en traçant un 5e cercle qui englobait le tout. Il s'agissait d'une médaille olympique."
En sortant de là, ils sont montés sur le terrain gonflés à bloc pour affronter l’Espagne en quart de finale.
En demi-finale, il avait dessiné une face de la médaille en leur expliquant qu’ils devaient aller chercher l’autre sur le terrain.
Les Red Lions ont été bouleversés par son dernier speech d’avant-match. Le jeudi 5 août, les Lions avaient rendez-vous avec l’histoire. Ils étaient seuls face à l’Australie. En tribune, aucun membre de leurs familles ne pouvait être là.
"Il nous avait demandé de placer les membres de notre famille dans les tribunes. Il voulait qu'on les regarde en montant sur le terrain. Moi, j'ai vu mon père. Avant le match, Shane m'a tapé dans le dos en me disant : 'J'espère que tu as pris ton papa avec toi pour le match.' Cela te booste à fond."
Dockier : "Le meilleur coach de ma vie"
Sébastien Dockier avait croisé le Néo-Zélandais à Brasschaat lors de la demi-finale de World League. "Je ne le connaissais pas du tout", explique l'attaquant. "Il était dans l'hôtel avec nous. Quelques gars du Watducks m'en avaient parlé. Il est le meilleur coach de ma vie. Il touche tous ses joueurs. Avec ses speechs, nous sommes toujours déterminés en montant sur le terrain."
Hendrickx : "Il m’a rendu tellement meilleur"
Si les Belges ont ravi la médaille d'or, ils le doivent en partie aux 14 buts inscrits par Alexander Hendrickx. Le sleeper anversois a pris la taille patron grâce à Shane. Pourtant, leur histoire avait mal commencé. "Un jour, il m'a appelé pour me dire que je figurais dans un groupe élargi pour la préparation de Rio. Finalement, il ne m'a pas repris. Je ne l'aimais pas au début. En ne me prenant pas dans le noyau des titulaires, il m'a aidé à devenir un meilleur joueur."
Shane McLeod a protégé son sleeper qui avait besoin de grandir avant d'être jeté dans la fosse. "Il y a deux ans, il m'a dit que mes pc étaient très bien, mais qu'ils ne me garantissaient pas ma place. Je devais améliorer mon job défensif. Il m'a rendu meilleur à tous les niveaux."
Denayer : "Je veux m’inspirer de sa méthode"
Felix Denayer était déjà là lors des Jeux de Pékin en 2008. Sa première rencontre avec Shane remonte à sa plus tendre enfance.
"Il me coachait en junior au Dragons. Nous avions un déplacement à Uccle Sport. Il avait donné un nom à tous ses press. Pour nous aider, il associait un press à une couleur. Il avait pris celles du Dragons. Pour un enfant, c’est hyper impressionnant. Je n’oublierai jamais ce match. Nous avions gagné 4-5. Shane a toujours aimé les symboles. Encore aujourd’hui, il les utilise avec nous."
Profondément humain et soucieux de l’épanouissement de l’autre, Shane McLeod a touché ses joueurs sans avoir l’air d’y… touché.
"Oui, c’est tout à fait ça. Il parvient toujours à mettre l’équipe en avant. Il parle avec son coeur ce qui le rend vulnérable. Nous avons tous grandi avec l’image d’un grand champion dur et sans faille. Shane nous a montré une autre facette du sport de haut niveau. Il nous a émus avec ses mots et son calme. J’apprécie cette approche. Je m’en inspire pour ma vie privée. J’aimerais que mes enfants grandissent avec cet exemple. Shane m’a tout appris. J’essaye de toujours mettre l’autre au centre."
Passionné du sport dans son sens le plus noble et large, Flex, fidèle parmi les fidèles au Dragons, est en quête constante de sources d’inspiration. Il lit beaucoup de bouquins sur les pratiques sportives ou des récits sur des équipes. Il a notamment dévoré un ouvrage sur l’héritage des All Blacks.
"Je soupçonne Shane de l’avoir lu aussi car il a utilisé des techniques racontées dans le livre. Il démarre par les valeurs. La culture des All Blacks est fascinante. Cette équipe domine le monde depuis 100 ans. Pourtant, la Nouvelle-Zélande ne compte que 4,5 millions d’habitants. Ce chiffre m’a perturbé. En Belgique, nous minimisons souvent en trouvant comme excuse que nous sommes un petit pays. Eux, ils sont moins que nous, mais ils ont dominé un sport mondial. Ils l’ont fait en installant cette culture sportive. Ils ont cru en eux. Cela m’inspire. Aves les Red Lions, nous aimerions aider les Belges à croire en leurs rêves. Les titres sont une partie de notre histoire, mais, derrière, nous avons cette volonté de rendre fier les gens. J’étais ravi quand les Cats nous ont dit qu’elles s’inspiraient de notre parcours. Notre pays grandira ainsi."
Il poursuit sa démonstration en reprenant son propre exemple. "Nous avons gagné toutes les médailles d'or possibles. Mais, quand je regarde ma carrière, je me souviens d'abord de ce partage avec nos supporters sur la Grande-Place après notre titre à la Coupe du monde. J'avais été très touché. C'est ça l'héritage de Shane McLeod. Notre génération a le devoir de transmettre cette culture aux plus jeunes."