Nina Derwael coiffe Nafi Thiam: "Nous méritions toutes les trois de l’emporter"
Nina Derwael s’impose pour la troisième fois, devant Nafi Thiam et Emma Meesseman.
Publié le 20-12-2021 à 10h36 - Mis à jour le 20-12-2021 à 11h43
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Le gala du sport 2021 a rendu son verdict, toujours très attendu, ce dimanche soir à Schelle : la gymnaste Nina Derwael et le cycliste Wout Van Aert ont été sacrés Sportifs de l’Année ! De beaux vainqueurs, assurément, pour cette édition au cours de laquelle le Campinois est devenu le premier sportif à gagner deux années de suite depuis un autre cycliste, Philippe Gilbert, récompensé de 2009 à 2011.
Nina Derwael, quant à elle, savourait bien sûr d’autant plus son troisième titre de Sportive de l’année (après 2018 et 2019, années où elle a remporté le titre mondial aux barres asymétriques) que celui-ci intervient en une année olympique et à l’issue de son premier titre, historique, aux Jeux olympiques.
"La première récompense est aussi toujours spéciale mais ce prix-ci a évidemment une saveur toute particulière après une année quand même très difficile et pour les raisons que vous pouvez imaginer", dit la Limbourgeoise de 21 ans. "Et pour être honnête, je ne m'attendais pas spécialement à l'emporter cette année. J'étais venue ici sans réelles attentes."
Comme il y a trois ans, la gymnaste a pourtant devancé Nafi Thiam, elle aussi championne olympique à Tokyo, grâce à un écart de points très faible (1153 contre 1075) et grâce, surtout, à un nombre de premières places largement supérieur (158 contre 91). Il faut sans doute y voir la preuve que les votants (les journalistes belges professionnels et les anciens lauréats) ont voulu "marquer le coup" après ce sacre gymnique tout à fait inédit pour notre pays. Mais la lauréate estimait tout de même qu'il était "vraiment dommage" de n'attribuer qu'une seule récompense à l'issue d'une année aussi prolifique.
"Comme Emma (NdlR : Meesseman, la basketteuse qui complète le podium et à qui elle succède au palmarès), nous avons travaillé toutes les trois très dur pour atteindre nos objectifs cette saison. Je suis bien entendu contente de recevoir ce trophée mais à mon avis, les autres sportives le méritent aussi. D’après ce que j’ai entendu, c’était très serré entre Nafi et moi au final - la comparaison était presque impossible entre deux championnes olympiques - et j’ai beaucoup de respect et de l’admiration pour elle qui a remporté un deuxième titre olympique. C’est un accomplissement que je ne réussirai certainement pas en un claquement de doigts à Paris ! Après l’enregistrement de l’émission, je suis allée voir Nafi afin de la féliciter pour son année fantastique… Et on a aussi un peu parlé de nos tenues respectives ! (rires)"
"Gagner à huit reprises, j’ai vraiment mes doutes !"
Nina Derwael, qui est revenue à la hauteur de Nafi Thiam et Carine Verbauwen avec trois titres de Sportive de l’année, n’est plus devancée que par Ingrid Berghmans et Kim Clijsters (lauréates à huit reprises) et Justine Henin (quatre succès) au palmarès.
"C'est vraiment un sentiment très étrange de me retrouver aujourd'hui au milieu de ces grands noms du sport belge", reprend la Trudonnaire. "Franchement, c'est fou ! En tant que petite fille, je n'aurais jamais pu imaginer pouvoir remporter un titre olympique ou devenir la Sportive belge de l'Année. Le niveau est incroyable actuellement dans notre pays. J'aurai sans doute besoin d'un nouveau titre mondial, l'an prochain, pour espérer gagner à nouveau. Alors gagner à huit reprises, j'ai vraiment mes doutes ! (rires) Mon objectif est de disputer les Mondiaux d'Anvers en 2023 puis les Jeux olympiques de Paris. Et pour la suite, on verra bien ce que l'avenir me réserve."
En attendant, la Limbourgeoise, qui n'a pas oublié de remercier ses entraîneurs, son staff, ses équipières ainsi que ses proches qui l'ont "toujours soutenue" (et avec qui elle a longuement immortalisé le moment sur le tapis rouge), doit, dit-elle, encore apprendre à gérer sa popularité toujours plus grande.
"Moi-même, quand je vois des gens connus, je me retourne encore en disant : ‘oh, regarde c’est untel ou untel’. J’ai du mal à me dire que, pour certaines personnes, je me trouve moi-même à cette place-là maintenant."
Thiam, fair-play: "Je suis une fan de Nina"
Choisir c’est renoncer et, cette année, c’est l’athlétisme qui en a fait les frais. Comme Bashir Abdi dans la catégorie masculine et Roger Lespagnard dans la catégorie des Entraîneurs de l’année, Nafi Thiam n’a pas été élue, ce dimanche soir, mais la double championne olympique de l’heptathlon, qui a pourtant remporté toutes les médailles d’or qu’elle pouvait enlever cette année, n’en prenait pas vraiment ombrage, accueillant avec beaucoup de fair-play la victoire de Nina Derwael, qu’elle ne considérait pas, du reste, comme une concurrente.
"Pour moi, ce n'était vraiment pas une compétition… alors que je suis très compétitive sur la piste ! N'importe quelle nominée aurait pu gagner, cela aurait été mérité et, de toute façon, cela n'enlève de toute façon rien aux performances des deux autres, explique l'athlète. Je suis une fan de Nina, donc je suis contente pour elle. Mais non, je n'ai pas essayé de me mettre à la place des journalistes, moi je suis la sportive et à chacun son job ! (rires) J'ai toujours dit que ce genre de cérémonie était très chouette. Au-delà du fait que c'est toujours chouette de revêtir des tenues de gala, cela met surtout le sport belge en valeur. Et on a eu une saison tellement belle en 2021 qu'il était important que ce rendez-vous ait lieu malgré le contexte sanitaire difficile. J'espère que le problème de luxe que vous avez rencontré en votant se reproduira encore souvent parce que ce serait bon signe pour la Belgique."
Bashir Abdi a souligné, de son côté, qu’il ressentait beaucoup de respect pour tous les sportifs belges des différentes disciplines. Un effet Team Belgium ?
"Vous savez, même si on ne fait pas le même sport, on rencontre tous les mêmes difficultés, les mêmes épreuves, j’en parlais d’ailleurs avec la maman de Nina tout à l’heure, et il y a du respect mutuel, de l’admiration même, de voir un athlète être performant à très haut niveau dans sa discipline."
Nafi Thiam est-elle un peu triste pour son entraîneur Roger Lespagnard ? "À nouveau, c'est sûr qu'il l'aurait mérité lui aussi, et pour moi c'est un entraîneur incroyable mais il y a eu tellement de belles performances dans toutes les catégories que le choix était difficile. Mais rassurez-vous, je ne pense pas qu'il le prenne personnellement non plus."
Concernant ses projets sportifs, Nafi Thiam a confirmé que Tenerife tenait la corde comme destination pour son stage de début d'année en 2022. "Normalement nous irons à Tenerife en janvier, nous y passerons entre deux et trois semaines comme chaque année à la même période."
La médaillée d'or de Tokyo ne pense pas disputer les Mondiaux indoor de Belgrade en mars. "Il y a vraiment peu de chance que j'y sois, coupe-t-elle. J'ai eu une année tellement difficile que je ne me dis pas que je dois être prête pour tel ou tel rendez-vous en salle. Pour moi, le grand objectif ce sera les championnats du monde à Eugene en été. À plus long terme, d'ici la fin de ma carrière, j'aimerais quand même m'attaquer à mon record, je pense que c'est possible. Mais en être capable ce n'est pas suffisant, cela dépend de beaucoup de facteurs. Mais c'est dans un coin de ma tête, c'est sûr."