Luc Winants est parti rejoindre les champions du monde
Notre chroniqueur, leader des échecs belges depuis quatre décennies, a succombé à un arrêt du cœur.
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Publié le 08-02-2023 à 13h59
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Le monde des échecs belges est en deuil. Et pas que lui, si l'on en juge par la multitude de réactions de par le monde depuis l'annonce du décès de Luc Winants, grand maître international et chroniqueur à La Libre depuis plus d'un quart de siècle. Né à Watermael-Boitsfort le 1er janvier 1963, Luc Winants vint dans le monde des échecs à son adolescence.
Son père avait été champion de Belgique en 1975. Très vite, il montra de réelles dispositions pour le jeu. Feu Alberic O’Kelly, le meilleur joueur belge jusqu’à son décès en 1981, considérait qu’il était l’un des rares jeunes Belges à avoir l’étoffe pour une carrière internationale. Il ne tarda pas à matérialiser les promesses qu’il suscitait et, à la fin des années 80, il était déjà le meilleur joueur belge.
Maître international en 1986, grand maître en 1998. Il ne fut cependant champion de Belgique qu’une seule fois, étant systématiquement en désaccord avec la Fédération belge sur les conditions de jeu du championnat. Mais il resta le meilleur joueur d’origine belge pendant 30 ans et défendit neuf fois les couleurs belges aux Olympiades, entre 1984 et 2016.
Sa carrière fut d’ailleurs prolifique, car il atteignit son meilleur classement international (2 575 points Elo) à l’âge de 53 ans, en 2016. Il représenta aussi la Belgique au célèbre tournoi des Hauts-Fournaux, à Wijk-aan-Zee (un des plus forts tournois du monde) à neuf reprises, ce dont il était particulièrement fier. Il remporta le tournoi de Barcelone en 1991 et fut également le secondant de plusieurs joueurs du top mondial, comme le Français Joël Lautier, le Hollandais Jeroen Piket ou encore l’Indien Viswanathan Anand. En Belgique, il évolua successivement à Anderlecht, son club formateur, puis à Malines, Boitsfort, Rochade Eupen, Liège, Charleroi et Wirtzfeld, avant de terminer sa carrière chez ses potes de Boitsfort, qu’il amena même en division I en 2018.
Une connaissance encyclopédique
Affable, épicurien, fidèle aussi bien à ses amis qu’à sa compagne de toujours, Viviane, qu’il avait rencontrée en jouant aux échecs, Luc avait horreur de l’hypocrisie et disait ce qu’il pensait à tous ses interlocuteurs, ce qui lui valut parfois certaines inimitiés mais aussi le respect de ceux pour qui compte la parole donnée. Sa connaissance des échecs était réellement encyclopédique, il connaissait des palmarès entiers par cœur et pouvait retrouver après dix coups d’une partie prise au hasard dans un livre quels en étaient les protagonistes, où la partie avait été jouée et… en réciter la suite.
Il fut aussi un grand pédagogue, toujours heureux de partager son immense savoir, ce dont les nombreux lecteurs de sa rubrique dans La Libre auront profité pendant plus d'un quart de siècle. Une rubrique qu'il aura tenue jusqu'à son dernier souffle, malgré des problèmes de santé récurrents, encore aggravés par un accident de la circulation, fin 2021. Le monde des échecs belges vient en tout cas de perdre sa figure la plus marquante de ces 40 dernières années.