Adèle Robert, première arbitre belge au Tournoi des Six Nations
Née d’une mère enseignante et d’un père ébéniste le 19 octobre 1993 à Écaussinnes, Adèle Robert arbitrera prochainement l'élite du rugby européen féminin. Arrivée dans l'arbitrage par hasard, son ascension rapide dans la profession est empreinte de courage et de détermination.
Publié le 10-02-2023 à 23h36
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"À la base je faisais du tennis de table. Le Collège St-Vincent, où j'étais, a créé une équipe de rubgy féminine et je l'ai rejoint. Je n'ai jamais été sensible au rugby avant ça, rien du tout." Joueuse de rugby depuis qu'elle a 15 ans et éducatrice physique de profession, la jeune femme arrête soudainement de jouer: "C'était devenu trop lourd physiquement. C'était pour avoir moins de courbatures et de fatigue. Je suis professeure d'éducation physique avant d'être joueuse". Elle se reconverti en entraineuse. Puis, commence l’arbitrage suite à un concours de circonstances. Yves Calomme, président de son club, lui propose une formation réservée aux femmes. Elle arbitre en D3 et D2 masculine et est repérée par Rugby Europe. Elle devient, en 2019, la première femme à arbitrer en Trophée européen féminin. Puis, porte-étendard du sport en Wallonie en devenant ambassadrice du projet Wallonie Ambitions Or en octobre 2022. L’arbitre recoit ainsi une bourse pour faciliter ses préparatifs, ses déplacements et hébergements à l’étranger.
Un échelon après l'autre
Le 26 novembre 2022, la Hennuyère dirige sa première rencontre internationale entre le Portugal et la Suède. Ensuite, tout s’enchaine très vite. Le 22 janvier 2023, elle devient la toute première femme à arbitrer une rencontre masculine en première division belge. Elle y donnera un cours d’arbitrage à Elio Di Rupo, de passage pour la journée internationale du sport féminin.
Adèle Robert transpire de fierté et a faim de progression. Pourtant, contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'objectif d'Adèle Robert n'est pas d'atteindre l'arbitrage de l'élite masculin: "Chez les hommes c'est un autre niveau, ça va plus vite. Leur niveau augmente le mien. J'apprends beaucoup. Au niveau international, je suis très contente d'arbitrer les femmes, mais je n'ai pas pour objectif d'arbitrer les compétitions masculines. Mes collègues arbitres ne sont pas d'accord avec moi parce que je préfère arbitrer les femmes, j'ai plus de plaisir." plaisante-t-elle avec ses collègues masculins, en voyage, ensemble, pour arbitrer aux Pays-Bas. Elle gravit un échellon supplémentaire en janvier dernier, lorsque la World Rugby la désigne comme arbitre de touche pour le Tournoi des Six Nations féminin en mars et avril prochain. Depuis, la jeune femme s’entraine deux fois plus, et passe à deux entrainements quotidiens. Hollie Davidson, arbitre écossaise, a été la première à diriger un match masculin en janvier de cette année. La belge est par conséquent pionnière du plat payse en la matière, hommes et femmes confondus.
Objectif: Coupe du Monde 2025
En rejoignant les Six Nations, la Belge entre dans le très sélectif programme de développement de la World Rugby Women Elite s’étalant sur plusieurs années, où elle continuera d’évoluer. Avec l’appui de Philippe Lenne, responsable de la Commission des Arbitres, la jeune femme de 29 ans pourrait rêver plus grand encore. Adèle Robert reste les pieds sur Terre mais rêve d’une Coupe du Monde: "Je ne sais pas où j'en serai dans 5 ans. Mais mon objectif, celui qui me trotte dans la tête, c'est la Coupe du Monde 2025. J'aimerai bien passer sur le terrain". Outre une profonde amabilité, Adèle Robert est réaliste et déterminée à atteindre ses objectifs tant professionnels que personnels: "Entre mes entrainements, mon rôle de responsable des jeunes à Soignies, de coache, de professeure et d'arbitre, c'est difficile de trouver du temps pour moi. Je ne pense pas qu'après 40 ans je serai encore arbitre. Je suis jeune et célibataire donc pour l'instant ça va ! Mais j'ai d'autres rêves comme celui de fonder une famille et avoir des enfants", explique-t-elle.
Adèle Robert sera au sommet de l’arbitrage européen féminin le 25 mars prochain à l’occasion de la rencontre entre l’Angleterre et l’Écosse.