Les premiers billets des JO de Paris 2024 mis en vente suscitent des critiques : "C’est un désastre économique"
Le premier tirage au sort pour la billetterie des Jeux olympiques de Paris 2024 vient de débuter et s’étend jusqu’au 15 mars prochain. Mais la grille tarifaire fait l’objet de vives critiques.
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- Publié le 15-02-2023 à 15h48
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C’est le jour J pour obtenir son précieux sésame. Une première vague de billets pour les Jeux olympiques de Paris 2024 (du 26 juillet au 11 août) est disponible à la vente à compter de ce mercredi 15 février. Deux semaines après la clôture des inscriptions pour le tirage au sort, trois millions de tickets sont donc mis à disposition du public, sachant qu’au total, près de 10 millions de billets seront mis à la vente pour ces JO.
Pour cette première phase d’inscription (achevée le 31 janvier) près de trois millions de candidats sont inscrits. Mais tous les candidats ne pourront pas accéder à la vente. Seuls les heureux élus tirés au sort pourront y accéder.
Jusqu’au 15 mars prochain, les premiers chanceux vont donc être tirés au sort afin d’acheter leurs billets (via la constitution de packs) pour les différentes disciplines (sur les 32 sports disponibles). Une nouvelle phase sera ouverte en mai, avec cette fois des billets à l’unité et la mise à disposition des places pour les sessions les plus prisées. Mais il ne faudra pas traîner.
Chaque créneau d’achat n’est valable que 48 heures. Les tirés au sort n’ont donc que deux jours après la réception du mail pour constituer leurs packs. “Nous vous invitons à consulter régulièrement vos emails et vos courriers indésirables durant cette période”, préconisent les organisateurs sur leur site internet.
690 euros pour une soirée d’athlétisme
Du côté des tarifs, l’organisateur indique qu’ils débutent à 24 euros et peuvent atteindre 690 euros. Mais pour les tarifs les plus accessibles, il faut d’emblée préciser qu’il s’agit de sièges tout en haut des tribunes d’enceintes sportives, ce qui n’offre pas une visibilité optimale. D’ailleurs, pour ce million de billets à 24 euros, la moitié échappe déjà au grand public. Ils sont en effet réservés par l’État français et les différentes collectivités locales parties prenantes des JO 2024 dans le cadre de la billetterie solidaire. De plus, ces tarifs avantageux ne concernent pas l’ensemble des sessions et représentent un pourcentage minime de place (c’est par exemple le cas pour des qualifications au plongeon).

Quand on regarde dans le détail, on se rend compte que le prix par discipline peut vite atteindre des prix élevés, voire inaccessibles pour certains publics. 90 euros pour des repêchages en aviron, 690 pour une soirée d’athlétisme (et pas le 100 mètres), 100 euros pour un 1/8e de badminton, 125 pour des qualifications en cyclisme sur piste, 175 pour des qualifications de gymnastique, les prix augmentent bien vite et peu importe les épreuves.
Pour des quarts de finale de badminton, il faudra débourser minimum 45 euros, 50 euros pour une demi-finale de canoë ou une finale de lutte, jusqu’à 80 euros pour une demi-finale du plongeon à 10 m. Dans les sports les moins abordables, on peut citer le basket où aucun match en dehors des poules n’est accessible à moins de 70 euros.

Sur les réseaux sociaux, la grille tarifaire des JO de Paris est vivement critiquée. L’athlète français Hugo Hay, spécialiste des courses de cross-country et du 5 000 mètres, également demi-finaliste sur 5 000 m aux Jeux olympiques de Tokyo, a ouvertement vilipendé le comité d’organisation de Paris 2024 qui, selon lui, “ne souhaite pas une fête populaire”.

Surcoûts liés à l’inflation
D’après le journal Le Monde, les surcoûts liés à l’inflation (qui ont déjà contraint le Cojop à allonger son budget de 400 millions d’euros en décembre) expliquent en partie cette tarification élevée, qui place Paris 2024 dans la fourchette haute comparée aux éditions précédentes comme Rio 2016 ou Londres 2012 (Tokyo s’était pour rappel déroulé dans un quasi-huis clos à cause du Covid-19). Les ajustements dans la carte des sites olympiques lui ont coûté cher, et il faut la rentabiliser, rappelle le quotidien français. L’ambition qu’il affiche pour les cérémonies d’ouverture olympique et paralympique s’annonce également très onéreuse.
Paris 2024 espère désormais 1,24 milliard d’euros (hors “hospitalités”, soit la vente de billets couplés avec d’autres prestations) de la billetterie (+ 11,5 %) – dont 109 millions pour la seule cérémonie olympique le long de la Seine. De son côté, le comité organisateur explique que seules les places les plus chères seront réévaluées pour tenir compte des surcoûts de l’inflation. Pour les épreuves les plus prestigieuses, le prix des places s’est donc envolé.
Si le prix d’entrée à Londres était fixé à 23 euros, les qualifications de handball ou encore d’escrime coûtaient au moins deux fois moins cher pour une même catégorie.
“Pour tous les jeux Olympiques, les pays organisateurs perdent beaucoup d’argent comparé aux investissements, rappelle Trudo Dejonghe, économiste du sport et professeur à la KUL. C’est dommage pour eux mais il faudrait faire des études approfondies là-dessus mais on n’en fait pas. Il serait intéressant de regarder qui paye et qui gagne de l’argent, on se rendrait compte qu’il s’agit surtout des sponsors. Les gouvernements investissent à perte, surtout quand on voit les nouvelles infrastructures, la sécurité et toute la publicité. Depuis les années 90, c’est un désastre économique, la France va perdre beaucoup d’argent pour ces JO. Et même si la billetterie occupe une place mineure au niveau des revenus, une des conséquences de cette situation, c’est que les organisateurs augmentent le prix moyen des billets, ils veulent développer de plus en plus les offres VIP et leurs les packs tout confort, le tout au détriment des tarifs plus abordables, qui se font de plus en plus rares".
Dans le détail, voici la grille tarifaire par discipline :
- Athlétisme : de 24 à 690€
- Aviron : de 24 à 120€
- Badminton : de 24 à 240€
- Basketball : de 24 à 280€
- Boxe : de 24 à 210€
- Breakdance : de 24 à 120€
- Canoë-kayak : de 24 à 175€
- Cyclisme : de 24 à 180€
- Équitation : de 24 à 180€
- Escalade : de 24 à 90€
- Escrime : de 24 à 150€
- Football : de 24 à 200€
- Golf : de 24 à 150€
- Gymnastique : de 24 à 260€
- Haltérophilie : de 24 à 180€
- Handball : de 24 à 200€
- Hockey sur gazon : de 24 à 120€
- Judo : de 24 à 150€
- Lutte : de 24 à 190€
- Sports aquatiques (natation, plongeon, water-polo) : de 24 à 260€
- Rugby à 7 : de 24 à 170€
- Skateboard : de 24 à 120€
- Taekwondo : de 24 à 130€
- Tennis : de 24 à 170€
- Tennis de table : de 24 à 160€
- Tir : de 24 à 45€
- Tir à l’arc : de 24 à 100€
- Triathlon : de 24 à 40€
- Voile : 24€
- Volleyball : de 24 à 180€
- Beach-volley : de 24 à 240€.