Carole Bam, la coach et confidente de Cynthia Bolingo : “Si elle arrive à avoir de la régularité l’an prochain, elle peut faire des trucs de fou !”
La finale du 400 m féminin, aux championnats du monde de Budapest, se déroulera ce mercredi soir à 21h35.
- Publié le 22-08-2023 à 20h33
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Elles sont inséparables ou presque. Entre l’ancienne athlète Carole Bam (44 ans) et la sprinteuse Cynthia Bolingo (30 ans), l’amitié dépasse largement le cadre du sport. Au lendemain de la brillante qualification de la Bruxelloise pour la finale des Mondiaux de Budapest sur 400 m, une première pour notre pays dans une épreuve de course depuis la 5e place de Kim Gevaert en 2007 à Osaka, la coach livre son regard sur ce beau moment doublé d’un record de Belgique faramineux (49.96).
Carole Bam, on peut parler d’un véritable exploit de la part de votre athlète. Comment avez-vous vécu cette course ?
”D’abord, c’était l’objectif. Je ne vais pas dire que je m’y attendais mais je savais Cynthia capable de livrer une telle prestation. C’était stressant parce que même si elle en avait le potentiel, il fallait encore le faire dans une demi-finale très relevée. On a bien géré son échauffement, elle était confiante et puis Cynthia est une compétitrice, elle vit pour ce genre de course.”
Partir vite et tenir, c’était la seule option possible ?
”Vu la configuration de la course, oui. Et Cynthia l’a très bien fait ! Ceci dit, je pense qu’elle peut encore faire un poil mieux. Mais elle a très bien géré ses championnats jusqu’à présent.”

Vous l’aviez vue monter en puissance ces dernières semaines ?
”Oui mais attention, contrairement à ce que certains croient, la saison n’a pas été facile du tout. Son corps a été capricieux. Ce n’était pas de graves blessures mais des choses embêtantes qui ont nécessité des adaptations permanentes. C’était beaucoup de chipotages ! Et il a fallu être inventif.”
La saison n'a pas été facile. Il y a eu énormément de changements, de reports, d’annulations de compétitions.
Vous parlez d’entraînements alternatifs ?
”Oui, mais aussi de la programmation. Il y a eu énormément de changements, de reports, d’annulations de compétitions. Avant de venir ici à Budapest, elle n’avait disputé que quatre courses de 400 m. Ce n’est pas du tout ce qui était prévu, même pas la moitié. Mais avec un dos et une hanche bloqués, une contracture au mollet, c’était compliqué et on est resté très prudent.”
On savait depuis longtemps qu’elle avait le potentiel de descendre sous les 50 secondes, cela s’est enfin concrétisé.
”Oui, il fallait que cela sorte un jour et le chrono est enfin là. Honnêtement, l’année des JO de Tokyo, elle était dans le même état de forme, je crois qu’elle l’aurait fait là-bas aussi. Elle en était capable. Mais le destin en a voulu autrement.”

Comment a-t-elle vécu les deux coups du sort consécutifs qui l’ont affectée avec son opération en 2022 ?
”Au début, très mal. C’est difficile à gérer émotionnellement. Mais une fois qu’on reprend le dessus, on finit par accepter et c’est là que le vrai travail commence, qu’une autre dynamique se met en place. J’ai vu Cynthia rentrer dans un processus en étant assez posée. Parce qu’elle avait réalisé pourquoi elle se donnait tout ce mal, par amour pour son sport. Elle veut montrer qu’on peut passer à travers les obstacles et réaliser de grandes choses.”
Dans l’idéal, elle peut faire 49.6 ou 49.7 et intégrer le top 5 en finale. C’est possible !
On vous sait très proche d’elle. Quelles autres personnes ont joué un rôle déterminant dans son retour au plus haut niveau ?
”Sa maman, bien sûr, dont Cynthia est très proche, ainsi que ses deux frères. Ils constituent un socle familial essentiel pour elle. Et puis il y a toute l’équipe médicale autour d’elle, composée de gens très réactifs, ce dont on avait besoin. Sans oublier les amies Nafi (Thiam) et Anne (Zagré).”
Comment voyez-vous la finale à présent ?
”Je pense qu’on devrait retrouver Paulino, Kaczmarek et peut-être Williams sur le podium. En ce qui concerne Cynthia, le couloir 2 n’est pas avantageux mais elle n’a de toute façon plus rien à perdre ! Comme je l’ai dit, je pense qu’elle peut faire un peu mieux en partant un peu moins vite et en gardant des forces pour la fin de course où il faudra se battre. Dans l’idéal, elle peut faire 49.6 ou 49.7 et intégrer le top 5. C’est possible !”
Enfin, cette accession à la finale est une bonne nouvelle dans l’optique des Jeux de Paris 2024.
”Oui, et en même temps, un an c’est long ! Il sera important de bien gérer la saison prochaine dès la reprise. Si Cynthia arrive à avoir de la régularité, elle peut faire des trucs de fou.”