Bart Wuyts, le repos du guerrier
Remiseur invétéré, Bart Wuyts a tiré la quintessence de ses qualités tennistiques.Aujourd'hui, s'il dispense des cours, il a tourné le dos à la compétition.
- Publié le 22-07-2002 à 00h00
:focal(100x78:110x68)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/OWBMDMQIWFEA5F4XHHN4474T64.jpg)
Bermuda, docksides, la tignasse blonde au vent... Aucune once d'un quelconque stress ne semble perturber Bart Wuyts. C'est au club du Lovanium, à cinq minutes de son domicile de Bertem, que le triple champion de Belgique nous reçoit. A l'image de son jeu, Bart ne s'embarrasse pas de fioritures... Les arabesques, très peu pour celui qui a traversé le paysage tennistique belge à la vitesse d'un météorite. S'il a arrêté sa carrière vers les 26 ans, c'est également sur le tard qu'il a frappé ses premiers lifts: `Je devais avoir douze ans, chez des amis de mes parents...´ Le souvenir est vague mais la progression du petit Bart est fulgurante: `Je jouais tout le temps, même contre les murs. Après deux ans, j'étais repris pour les entraînements provinciaux. Puis, à l'âge de quinze ans, j'ai intégré le centre de la VTV à Wilrijk.´
Là, Bart traversa une période noire de sa carrière naissante. `Au centre, il n'y en avait que pour Devries et Wasserman. Nous, les garçons, nous étions considérés comme une génération perdue...´ Dans ce contexte, les relations entre Bart et ses dirigeants se dégradent, le divorce est inéluctable.
C'est au Primerose et grâce à Jean-Pierre de Bodt que Bart Wuyts va renaître: `Jacques Grandjean avait mis un team sur pieds et nous avons commencé à voyager. Ce n'est pas évident de faire son trou dans les satellites mais j'aimais voyager et c'est à partir de ce moment-là que j'ai vraiment progressé. J'avais confiance en mes possibilités et je voulais réussir à tout prix... Le fait qu'à cette époque, personne en Belgique ne semblait croire au tennis masculin fut pour moi un adjuvant moral.´
Petit à petit, il marqua son territoire dans la jungle du circuit: `Ma progression fut linéaire. A 17 ou 18 ans, j'étais déjà dans le top 200.´
Forget, l'exploit
Sur le circuit, Bart se forge tout doucement une réputation de sangsue. La terre battue, c'est son univers et en 1992, il réussit l'exploit de battre Guy Forget sur le court n°1 de Roland Garros:
`Je savais que j'avais les armes pour vaincre, d'autant qu'il n'était pas en confiance sur terre. J'avais battu Anders Jarryd au premier tour, j'étais en confiance et, effectivement, j'ai livré le match parfait.´ Joueur faisant peu de vagues jusque-là, Bart fut projeté sur le devant de la scène: `D'un seul coup, tout le monde s'est intéressé à moi. Je répondais tellement bien à toutes les sollicitations qu'au tour suivant, contre Emilio Sanchez, j'ai pris un 6-0 d'entrée. Je n'étais pas du tout dans le match, j'ai perdu en trois sets.´
Des performances, Bart Wuyts en réalisera encore en remportant notamment deux `200000 $´ au Portugal. `Je devais prendre un maximum de points et... d'argent durant les six mois de la saison sur terre battue. Je ne me défendais pas trop mal sur dur à l'extérieur et c'est tout.´ Si les surfaces rapides ne constituaient pas sa tasse de thé, Bart Wuyts le devait en - grande - partie à la faiblesse de son service. `Je crois que les journalistes ont trop stigmatisé cet aspect-là de mon jeu. C'est clair, alors que le service est une arme, je ne faisais aucun ace. Par contre, je ne commettais pas la moindre double faute...´ Son service, un sujet qui l'a toujours titillé: `Qu'aurais-je dû faire? Arrêter le tennis parce que je n'avais pas de service? Est-ce qu'Olivier Rochus doit arrêter le tennis parce qu'il est trop petit?´
Avec une 65e place à l'ATP comme meilleur ranking, Bart s'est retiré en 1995 avec le sentiment du devoir accompli. `Je crois que j'ai rentabilisé au maximum les qualités que je possédais... J'ai également ouvert la voie à un moment où le tennis masculin était au creux de la vague.´
Le citoyen de Bertem ne regrette rien: `Non... Parfois, quand je vois le prize money et le nombre de tournois qui sont organisés chaque semaine, je me dis que je suis né dix ans trop tôt. A mon époque, il n'y avait qu'un tournoi par semaine et les meilleurs y étaient forcément.´ Ce qui ne l'empêche pas d'avoir l'oeil rivé sur les performances de ses contemporains: `Je consulte toujours le télétexte.´ Par contre, ce n'est pas demain que l'on verra Bart disputer un tournoi: `Je n'ai plus le feu sacré. Il faudrait que je m'entraîne mais je n'ai plus envie.´
Ainsi est Bart Wuyts, tran-quîîîîlle...
© Les Sports 2002