Les pétages de plomb de Serena Williams
En 2009, face à Clijsters, l’Américaine était entrée dans une rage folle contre une juge de ligne.
Publié le 10-09-2018 à 07h55 - Mis à jour le 10-09-2018 à 10h59
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En 2009, face à Clijsters, l’Américaine était entrée dans une rage folle contre une juge de ligne.
Il est impossible de ne pas blâmer Serena Williams pour les scènes délirantes qui ont eu lieu samedi. L’Américaine, alors que le match lui échappait, a créé un scandale… pour un avertissement de coaching. Un “warning” que tous et toutes prennent chaque semaine de la saison. Ils râlent un peu, protestent et basta. Personne ne fait de crise de nerfs pour cela. Un avertissement en plus mérité puisque Patrick Mouratoglou l’a admis.
Derrière, Williams a dérapé et a été sanctionnée à chaque fois par des pénalités automatiques. L’arbitre aurait-il pu décider de juste la mettre en garde pour le coaching ? Oui. Le devait-il selon les règles ? Non. Avait-il le choix, quand elle casse sa raquette, d’éviter le deuxième “warning” et donc le point de pénalité ? Non. Aurait-il dû se laisser traiter de voleur, de menteur et on en passe ? Non. Une joueuse de ce niveau continue-t-elle d’aggraver son cas malgré deux avertissements ? Jamais. Mais Serena Williams a totalement craqué. Et ce n'est malheureusement pas la première fois...
Il y a bien sûr l'exemple de 2009, face à Kim Clijsters, que nous développons ci-dessous. En 2011, à New York toujours, elle avait perdu un point lors de la finale face à Stosur après avoir été accusée par l’arbitre d’avoir volontairement crié pour déranger sa rivale. Williams avait là encore traité l’arbitre de tous les noms. Alors quand l’ex n°1 mondiale, légende de ce sport et exemple suivi par des millions de gens, demande pourquoi on la traite toujours comme ça ici, on a envie de lui répondre : parce que c’est toujours là, Serena, que vous pétez les plombs. Trop d’enjeu, trop d’envie, trop de traitements de faveur et de révérences : à New York, Williams oublie que tout ne dépend pas de son bon vouloir.
Samedi, c’est son caractère qui lui a tout fait perdre. Pas Carlos Ramos. Pas de racisme ni de sexisme comme Williams l’a lancé en conférence de presse. Des sujets graves qui ne méritent pas ça. McEnroe s’est fait virer d’un Open d’Australie, Agassi d’un tournoi en Californie en 1999, Dimitrov a pris un jeu de pénalité en finale d’Istanbul 2016, Nalbandian s’est fait sortir de la finale du Queen’s en 2012, etc. Ramos a sorti le même carton pour coaching à Djokovic en quarts à Roland-Garros cette année. Sa réputation d’arbitre est celle-ci : excellent mais stricte.
Les proportions prises sont hallucinantes pour quelque chose d’aussi simple qu’en 2009 ou 2011 : Serena Williams a été emportée par sa colère. On a eu de la peine pour elle samedi, on a senti sa détresse mais ça ne peut pas excuser son comportement.
Quand Kim Clijsters éliminait Serena sur un point de pénalité...
Neuf ans déjà ! Souvenez-vous. On est en septembre 2009, et la Belgique entière a les yeux rivés sur le central de Flushing Meadow pour asssiter au duel de feu, en demi-finale de l’US Open, entre Kim Clijsters et Serena Williams.
L’Américaine est sous pression. A 4-6, 5-6, 15/30, elle est amenée à servir une seconde balle. La juge de ligne annonce une faute de pied. Tout aussi vite, le stadium Arthur Ashe s’embrase. Serena Williams, elle, au plus fort d’une colère non contrôlée, s'avance alors à deux reprises vers la juge de ligne d'un air plutôt menaçant en l'invectivant. "Si je pouvais, je prendrais cette balle, je te l'enfoncerais dans la gorge et je te tuerais", aurait-elle déclaré.
La juge de ligne va voir une fois l'arbitre de chaise pour rendre compte de ce que la joueuse lui a dit, puis une seconde fois après une relance de Williams. Au plus fort d’une bronca indescriptible doublée d’une totale incompréhension des événements par la majorité du public, l'arbitre de chaise, Louise Engzell, et l'arbitre du tournoi, M. Eeray, décident après s’être consultés, de donner un point de pénalité à l'Américaine (pour conduite antisportive). Le problème, c'est qu'à 15/40, ce point était aussi une balle de match. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Kim Clijsters se voit ainsi offrir sur tapis vert une place en finale de l’US Open.
"C'est dommage que le match se soit fini de cette façon, je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé exactement, avait affirmé à l’époque Kim Clijsters. J'étais concentrée sur cette balle de match, mais les choses ne se sont pas terminées comme je le pensais. Quand tu gagnes, tu préfères le faire sur un point où tu tapes la balle pour avoir cette sensation de la victoire. C'est juste dommage que je n'ai pas ressenti ça." Dans la foulée, on le sait, la Belge devait finir par remporter cet US Open, signant un véritable exploit, sachant qu’elle venait à peine de renouer avec la compétition. Serena Williams, à qui la fédération internationale infligea une amende de 175.000 dolars, quand elle retrouva son calme, avait fini par présenter ses excuses.
"Je veux présenter mes sincères excuses à la juge de ligne, à Kim Clijsters, à la Fédération américaine de tennis et plus particulièrement aux fans de tennis de par le monde pour mon emportement inapproprié. Je suis une femme d'honneur, croyante et intègre et je reconnais être en tort. Je veux dire clairement à tous les jeunes que je me suis conduite de manière inappropriée et ce n'est pas la bonne façon de se montrer en public, que vous perdiez ou gagniez, que l'arbitre ait tort ou raison, dans quel que sport que ce soit. Ce n'est pas acceptable. »
Neuf ans plus tard, toutes ces bonnes paroles ont volé en éclats face à ce qu’elle a jugé, la nuit dernière, comme une nouvelle énorme injustice...