Johan Van Herck se remémore la finale de la Coupe Davis 2017: "Le souvenir de l’an passé fait encore trop mal"
Johan Van Herck, qui a perdu la finale de Coupe Davis l’an passé à Lille, ne se rendra pas en France cette année.
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Publié le 22-11-2018 à 07h32 - Mis à jour le 22-11-2018 à 13h05
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Johan Van Herck, qui a perdu la finale de Coupe Davis l’an passé à Lille, ne se rendra pas en France cette année. Il y a un an, les Belges avaient élu leur quartier général dans l’immense stade Pierre Mauroy à Lille. Johan Van Herck avait tout tenté pour placer ses joueurs dans les meilleures conditions avant le premier match du week-end. Comptant sur un David Goffin fraîchement auréolé du titre de vice-champion du Masters et un Steve Darcis en manque de rythme, le capitaine avait vécu en France l’un de ses plus beaux week-ends sportifs, qui reste également l’un de ses pires souvenirs.
"Je n’irai pas à Lille ce week-end", commence Johan Van Herck. "Honnêtement, le souvenir est encore trop frais. La défaite là-bas fait toujours mal. Cette finale entre la France et la Croatie m’intéresse, mais je n’irai pas sur place."
Il ne la regardera pas non plus à la télévision. "Je me tiendrai au courant sur les sites."
Le ton du capitaine est grave. L’émotion n’est pas loin. Il a conscience que la Belgique est passée à quelques balles de son premier Saladier d’argent. Vu la réforme, il est possible que l’occasion ne se représente plus. Van Herck songe plutôt à la fierté d’avoir été acteur de cette folle semaine. "Quand j’ai regardé la finale du Masters entre Zverev et Djokovic, je me suis souvenu qu’en 2017 je regardais le match à Lille avec mes joueurs. Ce que David Goffin avait réalisé était exceptionnel. Aujourd’hui, tu te rends mieux compte. Je garde de belles images, notamment de ce dimanche de finale du Masters. Mais la défaite a fait mal. Nous étions si près."
Nostalgique, il avoue avoir envoyé un message à tous ses joueurs dimanche dernier. "J’ai écrit à David, Steve et au staff. Nous avions vécu une aventure inoubliable. Nous ne réalisions pas trop ce qui nous arrivait."
Les critiques fusaient sur le capitaine au soir de la défaite belge à Lille. Il lui a été reproché de ne pas aligner l’homme injouable sur les trois jours. En se privant de David Goffin lors du double du samedi, il a hypothéqué les chances de prendre ce point décisif.
"Je n’ai aucun regret. Avec mon staff, nous étions les seuls à avoir toutes les cartes en main. Je respecte les opinions de tout le monde, mais je sais que j’ai pris la meilleure décision. Aujourd’ hui, je referais encore les mêmes choix."
"Goffin veut juste toucher sa raquette et être bien sur le terrain"
Il est en contact avec tous ses protégés, dont le Liégeois, qui est à Monaco.
En contact régulier avec ses joueurs, Johan Van Herck nous a donné des nouvelles de ses deux tours : David Goffin et Steve Darcis. Ses propos confirment la tendance des dernières semaines et sont rassurants.
"David va bien. Il m’a confié qu’il se sentait bien. Il est ravi de sa préparation. Il suit son programme comme prévu. Sa motivation est totale."
L’un et l’autre vivent le moment présent. Le match de Coupe Davis en février au Brésil n’est pas encore au centre des attentions. "Je n’ai aucune certitude. Fin novembre, je discuterai avec mes joueurs pour sonder leurs intentions. David se fixe d’autres priorités. Il ne voit pas plus loin que le jour même. Il veut juste toucher sa raquette et être bien sur le terrain. Il peut enfin le faire et en est très satisfait."
Quant à Steve Darcis, il a repris l’entraînement avec un plaisir énorme. "Il profite d’un peu de vacances à Tenerife. La semaine prochaine, il s’entraînera avec Zizou Berg deux heures par jour. Il sait que le retour sur le circuit sera dur. Si un joueur a prouvé qu’il était capable de revenir de l’enfer, c’est bien lui."
"Les Français ? Pas moins forts que l’an passé"
Le capitaine belge n’estime pas que les Bleus soient plus faciles à battre cette année.
La guerre des nerfs a débuté depuis plusieurs semaines déjà. Les Croates se plaignaient d’abord du délai de livraison du terrain. S’ils espéraient s’entraîner dès lundi sur la terre battue lilloise, ils ont dû attendre mercredi. Les Français ont ensuite pris le relais en pointant un problème dans un carré de service. Une bosse faussait le jeu. Les deux camps ont poursuivi leur bataille à distance. La blessure au dos de Jo-Wilfried Tsonga, qui a écourté son entraînement du mardi, appartient-elle au domaine de l’information ou des fake news ?
Il y a un an, les Belges avaient mené le même combat avant que les maîtres ne montent sur le terrain vendredi. Johan Van Herck a pris du recul par rapport aux événements de ce week-end, mais il évoque une "belle finale". "Elle oppose deux pays de Coupe Davis. Je serais incapable de pointer un favori clairement. Les joueurs croates partent avec une courte tête, mais ils joueront à Lille et sur terre battue."
L’indécision est de mise car la santé des Bleus pose question. "Dans quel état sera Jo-Wilfried Tsonga ? Quel visage montrera Pouille, si décevant en 2018, mais impeccable en Coupe Davis ? Coric et Cilic sont capables de performer sur terre battue. La forme du jour sera déterminante."
Il n’estime pas que la livraison tardive du court aura un impact sur les débats du week-end.
"Les Français connaissent les lieux par cœur. Quant aux Croates, ils ont l’habitude de jouer dans de grands stades. Ils pourront s’entraîner mercredi, jeudi et vendredi matin. Ils auront assez de temps. Les Français ne l’ont pas fait exprès."
À l’heure de passer les troupes en revue, le capitaine belge reste prudent aussi. "On peut voir que Monfils et Gasquet sont blessés ou que Tsonga est en manque de rythme, mais les Français possèdent tant de joueurs dans le top 100 qu’ils sont capables de gérer cette situation. Yannick Noah s’est quand même passé de Gilles Simon, ce qui en dit long sur le potentiel des gars sélectionnés."
Quant à savoir si l’équipe de France d’aujourd’hui est moins forte qu’il y a un an, il y a un pas que Johan Van Herck ne franchit pas. "Noah connaît la valeur des gars repris. Ils ne sont pas moins forts qu’en 2017. La situation est fort différente. En plus, la surface n’est pas la même. En Belgique, nous avons prouvé à plusieurs reprises que tout est possible en Coupe Davis. Certains sont capables de se surpasser. D’autres coulent sous le poids du Saladier. Pouille fait partie de ceux qui jouent mieux quand il voit un capitaine sur le banc."
Côté croate, le coach de Zizou Berg pointe la polyvalence de l’équipe. "J’ai l’impression que la Croatie possède plus d’options. Deux joueurs présentent de grosses assurances en simple. Le double est costaud aussi, mais il affrontera la paire Herbert-Mahut qui a joué la finale du Masters. Cette équipe croate est très forte. Sur papier, je les pointe comme mes favoris."
Il se rend 3 semaines à Doha
L’année 2018 n’est pas encore tout à fait achevée pour Johan Van Herck, qui se rendra avec Zizou Berg durant trois semaines à Doha pour disputer des Futures. "Avec Zizou, la saison a été correcte, mais pas exceptionnelle."
En Coupe Davis, la Belgique a coincé en quart de finale aux USA alors qu’il n’avait pu aligner son duo de stars : Goffin et Darcis. "Nous avons réalisé tout ce qui était possible. À Nashville, nous sommes passés plus près que ce que les gens imaginaient. Dans l’ensemble, nous avons sorti de bons matchs en intégrant en plus une paire de double avec Joran Vliegen et Sander Gillé. Nous écrirons encore de belles histoires en Coupe Davis."
"La vérité, c’est que nous vivrons les derniers matchs de Coupe Davis"
Ce week-end, la Coupe Davis vivra ses derniers instants. À cause de la réforme, le Saladier d’argent ne dégagera plus jamais la même saveur. Johan Van Herck avait déjà exprimé sa déception face à ce changement. "C’est vrai, nous vivrons les derniers matchs de Coupe Davis. C’est la vérité. Je regrette que la formule change. Je ne peux rien y faire. Je regrette aussi que nous ne jouions pas la dernière finale. Nous avons digéré la décision. Il faut regarder l’avenir."
"Zelko, reste fidèle à ta philosophie"
Mieux que quiconque, Johan Van Herck peut comprendre tout ce qui se passe dans la tête de son homologue Zeljko Krajan. Il y a un an, il était dans la peau du Croate. Comme lui, il a dû découvrir le stade, le terrain (qui n’est pas le même) et les Français. "Je ne le connais pas. Ni lui ni ses joueurs. Ils ont certainement beaucoup discuté après leur défaite en finale face à l’Argentine. Si je devais lui donner un conseil, je lui dirais d’y aller et de tout donner. Il doit rester serein et fidèle à ses valeurs et principes. L’ambiance des 27 000 personnes reste indescriptible. Que vous disputiez un match devant 2 000 ou 27 000 spectateurs, il faut toujours taper dans la balle. Il aura besoin de vivre l’atmosphère le vendredi pour en mesurer l’impact. Il aligne deux joueurs qui ont l’habitude de jouer des rencontres dans de grands stades. Le capitaine connaît par cœur l’ambiance qui entoure ces matchs de Coupe Davis."