Yannis Demeroutis, l'entraîneur de Steve Darcis: "Steve se met une pression de fou"
Dans le dur depuis 3 mois, le Liégeois multiplie les galères sportives et privées, mais se bat pour rebondir au plus vite.
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Publié le 22-05-2019 à 09h13
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Dans le dur depuis 3 mois, le Liégeois multiplie les galères sportives et privées, mais se bat pour rebondir au plus vite. Steve Darcis a enclenché le mode galère ces derniers mois. Le Liégeois souffre. Notre monsieur Coupe Davis est miné par des soucis d’ordre privé qui déteignent sur son moral, ce qui plombe ses résultats.
Touché en plein cœur, il n’est pas pour autant coulé. Le gladiateur des temps modernes refuse de déposer les armes. Il s’est aligné aux qualifs de Roland-Garros avec un moral en berne, mais un courage qui force le respect. À 35 ans, il n’a pas encore dit son dernier mot sur le circuit.
Yannis Demeroutis, son fidèle entraîneur tente de garder Shark sur les bons rails malgré la succession de mauvais résultats.
Depuis sa demi-finale à Pau le 2 mars, il a enchaîné avec trois défaites en Challenger face à des joueurs en dehors du Top 200. La semaine passée, il a connu une éclaircie à Lisbonne avant d’arriver à Paris.
Yannis Demeroutis met un peu d’ordre dans la mauvaise passe que traverse Steve Darcis.
1 Une sérieuse alerte au bras et à son maudit coude
"Il a connu des petits bobos à gauche et à droite", commence-t-il. "Il y a un mois, nous avons eu une grosse alerte à cause d’une douleur à son bras. Il a dû se mettre hors jeu durant quelques semaines."
Steve Darcis le fragile, la chanson est passée en boucle durant toute sa carrière. Le talent du Liégeois est exceptionnel, mais une blessure l’a toujours freiné en pleine ascension. S’il a traversé les enfers à plusieurs reprises, il est toujours revenu. À 35 ans, la donne a un peu changé. "Son jeu est énergivore. Steve ne gagne aucun point gratuitement. Il doit construire chaque point gagnant, ce qui lui demande un grand effort. À 38 ans, Federer ne rencontre pas ce souci."
2 Le circuit Challenger est devenu très costaud
À cause de son classement catastrophique, Steve Darcis doit se farcir le circuit Challenger. "La situation n’est pas facile car le niveau est devenu redoutable. Avec son classement, il n’est même pas sûr d’être repris en Challenger ce qui lui met une pression de fou."
Il cite l’exemple du challenger de Prostejov qui se déroulera durant la deuxième semaine de Roland-Garros. "Un joueur du top 100 ne sera même pas l’une des 8 têtes de série ! Le niveau de ces tournois est très fort. Par le passé, un challenger ne devenait sérieux qu’en quart de finale. C’est fini aujourd’hui."
3 Il est miné par des problèmes privés
Si son corps a souvent craqué, Steve Darcis a toujours pu compter sur sa force mentale. Cette fois, elle est soumise à rude épreuve. "Il joue un peu moins, ce qui diminue sa confiance. Il est un peu nerveux pour le moment. Il doit traverser cette période."
Il doit surtout tourner la page de ses soucis d’ordre privé. "Cela le rend nerveux. Son sommeil est plus compliqué. S’il retrouve son calme, la roue tournera à nouveau. C’est plus facile à dire."
Cette sombre période a démarré fin mars. Jusque-là, il surfait sur une belle vague dont le sommet avait été cette demi-finale à l’ATP 250 de Pune. "Nous avions profité de 6 semaines pour préparer cette échéance. La surface lui convenait bien. Les conditions de jeu - balles volantes - convenaient bien à son slice."
4 Il a toujours eu besoin de temps pour s’adapter à l’extérieur
Ses ennuis privés et ses inquiétudes physiques ont ruiné sa confiance en quelques semaines. "Il a perdu trois rencontres au premier tour en livrant des matchs très moyens. Chaque année, il a besoin d’un temps d’adaptation quand il joue en extérieur. La situation n’est pas nouvelle."
"Il est toujours revenu de l'enfer'
Son entraîneur garde confiance car Darcis est capable de tout.
Au fond du trou pour le moment, Steve Darcis se donne encore six mois pour rebondir avant de prendre des grandes décisions. Yannis Demeroutis est confiant.
"Il a déjà vécu quelques arrêts dans sa carrière. Il est toujours revenu. À chaque blessure grave, je pensais qu’un retour serait très difficile. Il nous a déjà épatés à plus d’une reprise. J’ai le sentiment qu’à 35 ans, il s’attaque à son come-back le plus ardu. Physiquement, il se sent bien, mais il manque de confiance. Il est vite agacé sur le terrain."
La gestion mentale joue des tours aux Belges en 2019. David Goffin, Elise Mertens, Steve Darcis, autant de purs talents qui peinent à trouver la bonne carburation. Chaque situation est différente. Pour Darcis, le tennis n’est plus vu comme un plaisir.
"Il considère qu’il va au travail, mais je vous garantis qu’il recherche toujours la performance sur un court. Physiquement, il bosse comme un dingue."
La situation est grave, mais, dans son entourage, personne ne désespère de le voir rebondir.
"Arrêter sa carrière n’a jamais été une option. Nous avons un deal sur 7 mois minimum. Il se donnera à 100 % chaque semaine. Puis, nous analyserons la situation."
Ce qui ressemble à sa tournée d’adieu n’a pas pris jusqu’ici l’allure espérée. À cause de son satané coude, il avait mis un terme précoce à sa saison 2018 sans qu’elle n’ait réellement commencé.
Après s’être entraîné durant dix mois sans avoir la certitude de tenir à nouveau une raquette, il mérite que la balance penche désormais en sa faveur. Sa demi-finale à Pune ne restera pas sans lendemain. Mister Coupe Davis n’a pas dit son dernier mot.