David Goffin: "Nadal au 3e tour ? Je ne vois pas si loin"
Le chef de file de la délégation belge, qui a pris le temps de remettre à plat son projet sportif, veut se débarrasser une bonne fois pour toutes de ses doutes et repartir sur de bonnes bases.
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Publié le 25-05-2019 à 16h04 - Mis à jour le 25-05-2019 à 16h05
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Le chef de file de la délégation belge, qui a pris le temps de remettre à plat son projet sportif, veut se débarrasser une bonne fois pour toutes de ses doutes et repartir sur de bonnes bases. David Goffin se lance dans l’inconnu cette année à Roland-Garros. Même s’il fréquente les lieux depuis huit ans, il n’a pas les mêmes repères que ces dernières années. Son travail intensif à l’entraînement n’a pas trouvé de prolongement lors des matchs durant les tournois de préparation. De Monte-Carlo à Rome, il n’a disputé que neuf matchs. L’an passé, il avait treize matchs sur terre battue dans les jambes.
"Comparer avec le passé est compliqué", confie le 30e joueur à l’ATP. "Je suis déjà arrivé à Paris avec plus de confiance. Mais je sens que j’évolue au fil des tournois. Mon jeu est de plus en plus constant. La saison sur terre battue aurait pu être meilleure. J’ai disputé neuf matchs, mais je suis prêt. Dans le contexte actuel, la saison est correcte. Ele est comme elle est et elle n’est pas finie. Le principal, c’est que je me sens bien."
Qu’il se sente bien, telle est la condition sine qua non pour espérer prester à son véritable niveau. Ces derniers mois, il a eu le courage de se remettre en question de A à Z. "La période n’était pas facile. Je suis d’abord revenu de blessure. Ensuite, j’ai changé de coach. Je me suis posé beaucoup de questions. J’ai tout remis à plat. J’ai revu mon projet en profondeur. Enfin, il faut prendre des décisions. Je ne cache pas que j’ai douté."
Ces dernières semaines, il a accéléré la phase de reconstruction. Afin de se mettre dans les meilleures conditions sur l’un de ses tournois favoris, il a posé son sac à la Porte d’Auteuil dès mercredi. "Je suis surtout arrivé avec de bonnes sensations. J’aime les conditions de jeu ici. En plus, il ne fait pas trop chaud pour le moment. J’ai l’impression d’avoir pu me préparer au mieux."
David Goffin est en grande forme physique. Il ne ressent aucune douleur. Son envie est décuplée. La clef se résume en deux mots : le plaisir. S’il trouve le plaisir durant les matchs, il pourra exprimer sans retenue son immense potentiel. "J’ai toujours pris du plaisir en jouant. Quand le tennis est là, tout est toujours plus facile. Si les résultats suivent, c’est encore mieux."
La confiance est une alliée infidèle. En un claquement de doigts, elle peut déserter les plus fines raquettes. David Goffin en a été victime. Il se reconstruit petit à petit un moral. "Il n’existe pas un déclic. Je prends chaque petit moment. Quand je gère bien un moment clef d’un match, j’en ressors plus fort. Je me libère un peu plus" , précise celui qui est accompagné à Roland par son coach, Thomas Johansson, et son préparateur physique, Fabien Bertrand.
Pour tous les joueurs belges, Roland-Garros prend des allures de Disneyland tant l’endroit est magique. Chacun rêve de briller devant ses proches et ses amis. En sept éditions, David Goffin s’est construit un livre complet de souvenirs à la Porte d’Auteuil. "J’ai souvent livré de bons matchs ici. Mes souvenirs sont positifs. J’ai aussi connu des galères, avec notamment ma blessure à cause de la bâche. En général, je ressens beaucoup d’émotions. La plus belle ? Je pointerai mon quart de finale contre Dominic Thiem. J’avais de la place pour me qualifier pour ma première demi-finale. J’avais sorti un gros match."
Il veut s’inspirer de ces beaux chapitres dont il était le héros principal. "J’ai de bonnes ondes à Paris. En Grand Chelem, on oublie tout ce qui s’est passé. Nous sommes tous sur la ligne de départ. On remet les compteurs à zéro. Nous y croyons tous."
La réussite de son tournoi dépendra de sa capacité à tout lâcher lors des moments importants. "Je veux prendre du plaisir et offrir mon meilleur tennis."
Cette année, les travaux ont légèrement modifié le paysage. La construction du court Simonne Mathieu ou la reconstruction du Philippe Chatrier sont les transformations les plus frappantes. "Je n’ai pas encore tout vu. L’an prochain, on aura le toit. J’ai tapé la balle sur le Central avec Roger Federer. Il est magnifique. Au niveau de mes repères, je ne vois pas de différence. En même temps, je n’ai joué qu’un seul match sur le Chatrier, face à Djokovic. Je n’ai pas encore vu le court Mathieu."
Le tirage au sort lui a réservé son premier bourreau de l’année. Le Lituanien Ricardas Berankis l’avait battu lors de son premier match de l’année, à Doha, 3-6, 6-4, 7-6 (4). "J’avais perdu contre lui lors de notre dernier affrontement. Il prend la balle tôt. C’est un petit gabarit. La terre battue n’est pas la surface qui correspond le mieux à son jeu. Il propose un jeu agressif qui peut l’amener à commettre des fautes. Moi, je devrai le sortir de sa zone de confort."
Il sera fixé assez vite vu qu’il a été programmé dès le premier jour du tournoi, dimanche. "En Grand Chelem, les joueurs n’ont pas voix au chapitre. Je préfère commencer au plus tôt. J’ai eu plusieurs jours pour m’entraîner. Je n’ai pas eu besoin d’enchaîner vu que je n’ai pas joué de tournoi cette semaine."
La raison incite à l’optimisme quand on évoque les objectifs de David Goffin. Lui-même avoue ne pas avoir mis la barre de ses attentes trop haut. "Je n’ai pas vraiment d’attente. J’espère juste produire un bon tennis. Je verrai match après match. Il faudra chaque fois que j’élève mon niveau de jeu si je veux passer au tour suivant. Je ne me projette pas trop."
Pourtant, il est difficile de ne pas voir le potentiel adversaire du troisième tour, Rafael Nadal. "Cela ne change pas mon approche. J’espère d’abord y arriver. Si je devais l’affronter, le match serait intéressant. Je recevrais l’occasion de me lâcher afin de réaliser de beaux coups. Mais je ne vois pas si loin."
Rafael Nadal fait figure de favori, mais David Goffin place Novak Djokovic à côté de l’Espagnol. "Nadal et Djokovic restent les deux grands favoris. Physiquement, ils sont encore au top. Derrière, je vois de plus en plus d’outsiders parmi les plus jeunes et les plus vieux, comme Fognini."
Il n’oublie pas Roger Federer. "Je l’ai trouvé très en forme. Lors de notre entraînement, nous tapions tous les deux très bien. Il bouge bien. Il sera très fort."