Djokovic, un chef-d’œuvre pour l’histoire
Novak Djokovic a battu Roger Federer dans le tie-break du dernier set après une finale de légende.
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Publié le 15-07-2019 à 07h26
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Novak Djokovic a battu Roger Federer dans le tie-break du dernier set après une finale de légende. Après une telle finale, un si grand stress, de si fortes émotions, Novak Djokovic aurait pu se lâcher et fêter, d’un air conquérant et à grand renfort de gestes de victoire, son cinquième titre sur le gazon de Wimbledon. Mais le champion serbe, très digne, se garda sobrement de tout excès de joie.
Un peu comme si ce match fabuleux, qui s’est joué sur un coup de dé, ne méritait pas de perdant. Un peu comme si cette victoire acquise au bout du suspense, après cinq heures de folie dans les raquettes, ne méritait que les seuls applaudissements du public. Un peu comme s’il ne voulait pas que ses larmes de joie se mélangent avec celles de tristesse de son adversaire déconfit.
Sous ses allures parfois arrogantes, le Serbe est aussi un seigneur. Cette finale 2019 - la plus longue de l’histoire du tournoi - restera assurément dans les annales tant elle fut passionnante, imprévisible et d’un très haut niveau. "C’était du grand tennis. J’ai tout donné. Je n’ai pas eu la réussite espérée mais c’est le jeu", résuma le Suisse après sa défaite en cinq sets et un mano a mano improbable. "Je crois que ce fut l’une des plus belles finales de ma carrière", ajouta le Serbe, désormais à latête de 16 victoires en Grand Chelem, dont cinq à Wimbledon.
Il faudrait un livre, presqu’une bibliothèque, pour évoquer les mille et un retournements de situation de ce choc des géants. Le dernier set, qui dura à lui seul plus de deux heures, fut un hymne au tennis. Tout le public du Centre Court, qui n’avait d’yeux que pour son héros suisse, était prêt à bondir de joie lorsqu’à 8-7 et 40-15, Federer se retrouva avec deux balles de match sur son service.
Mais il était écrit, quelque part, que Djokovic ne pouvait pas perdre cette finale. Grâce à son exceptionnelle force mentale et à un passing en revers du bout du monde, il se sauva de la mise à mort annoncée. Et, lors du premier tie-break à 12-12, il trouva l’ouverture pour s’imposer 7-3, à sa première balle de match. Sur un coup boisé de son rival.
Aux yeux de tous, pour services rendus, Federer aurait, à nul doute, mérité un nouveau titre dans son jardin londonien. Une fois encore, flamboyant, il a enchanté par son jeu offensif. Il a remarquablement servi, il a toujours pris l’initiative. Mais il avait en face de lui un véritable mur qui renvoyait tout, ou presque. Il avait, surtout, de l’autre côté du filet, un joueur dont la force mentale est définitivement stupéfiante. Fallait-il que Djoko soit fort dans sa tête pour sauver, sous haute pression, ces deux balles de match, revenir du diable vauvert et remporter les trois tie-breaks de la rencontre. "J’avais vraiment envie que ce match se termine sur un jeu décisif", confia-t-il, un zeste d’humour dans la voix.
Le Serbe a remporté quatre des cinq dernières levées du Grand Chelem. Et à 32 ans, il n’a jamais semblé aussi fort, aussi solide, aussi déterminé. Il n’est sans doute pas aussi charismatique que Roger ou Rafa mais il est, lui aussi, en train d’écrire l’histoire au rythme de ses exploits. Il ne faut pas l’oublier.