Djokovic, un joueur adoré du public tant qu’il ne fait pas d’ombre à Federer
Le Big Three porte mal son nom car le public n’a d’yeux que pour Federer et Nadal.
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Publié le 16-07-2019 à 07h35 - Mis à jour le 16-07-2019 à 13h05
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Le Big Three porte mal son nom car le public n’a d’yeux que pour Federer et Nadal. Quelle force mentale ! Novak Djokovic a fait trembler le Tout-Londres à la seule force de sa solidité mentale. Avec un jeu en berne, il a éclipsé le maestro Federer et la clameur qui venait des tribunes acquises à la cause du Suisse. Ce 16e chef-d’œuvre en Grand Chelem place le Serbe dans le sillage direct de ses deux acolytes du Big Three qui porte pourtant mal son nom.
Certes, Novak Djokovic et Andy Murray ont hissé leur nom à côté de ceux de Roger Federer et de Rafael Nadal au point d’être appelés durant quelques années le Big Four. Force est de constater qu’aux yeux des publics à travers le monde, Federer et Nadal n’ont jamais eu de rivaux. Le Bâlois et le Majorquin ont pris tout l’amour du public, ce qui ne laisse que des miettes pour les autres. Le cas d’Andy Murray est particulier car il a tutoyé les sommets durant quelques années, ce qui explique la difficulté de le comparer au Suisse ou à l’Espagnol. De plus, son palmarès est bien maigrichon malgré 3 titres du Grand Chelem.
Novak Djokovic mérite bien plus de respect et de soutien. Il a d’abord réussi à dominer le tennis dès 2011 à une période où le circuit se résumait à Fedal. Nole s’est inscrit dans la longue durée. Il a également joué le rôle du clown de service lors de ses premiers pas. Ses imitations de Nadal ou de Sharapova sur le court ont régalé tous les spectateurs qui n’imaginaient pas encore qu’il ferait de l’ombre aux deux légendes vivantes. Un à un, il a remporté des matchs de plus en plus importants au point de dépasser au ranking les deux monstres sacrés.
La machine Djoko a ensuite pris une dimension humaine en étant victime d’un burn out à la suite de son titre à Roland-Garros en 2016. Il a mis près de deux ans à retrouver le plaisir du jeu.
Son parcours est éloquent. De tout temps, il aurait été adulé partout et par tous.

À 32 ans, le Djoker n’a plus rien à prouver à personne. Il a tout gagné ou presque : Saladier d’argent, les 4 trophées du Grand Chelem, 33 autres en Masters 1000…
L’actuel numéro un mondial est d’une rare intelligence. Conscient qu’il ne pouvait rivaliser sur le terrain de la popularité avec le Suisse, il a célébré son 16e titre en Grand Chelem d’une manière très sobre. Il ne s’est pas roulé par terre. Il n’a pas immédiatement levé les bras au ciel. Il n’a pas mimé son geste fétiche de donner son cœur aux supporters. Il a contenu son émotion face à la détresse du maître des lieux. Chaque émotion liée à ce match avait été anticipée et digérée avant même de monter sur le ring. Novak Djokovic n’avait cessé de se répéter qu’à chaque "Rodger" venant des tribunes, il devait entendre Nole. "Ça paraît stupide mais c’est comme ça", confiait le Serbe. Avant le match, je m’étais dit que j’allais essayer de mettre sur off tout ce qu’il y avait autour et de me concentrer sur le présent. J’essaie de jouer le match dans ma tête avant d’entrer sur le court."
Les publics ne font pas beaucoup de cadeaux au natif de Belgrade qui doit affronter des regards hostiles dès qu’il affronte Federer ou Nadal, mais les fans oublient que les légendes de Federer et de Nadal se sont renforcées grâce aux duels d’anthologie face à Djokovic. Chaque membre du Big Three se nourrit et s’inspire des deux autres. Leur longévité trouve une partie d’explication dans la présence des deux autres.
"Ces deux gars (Federer et Nadal), c’est une des raisons pour lesquelles je suis encore compétitif à ce niveau", confiait dimanche Djoko. Ils font l’histoire de ce sport et ça me motive et m’inspire de faire ce qu’ils font et même plus. Roger vient de dire qu’il espérait avoir donné espoir à des gens sur leur capacité à réaliser de grandes choses à trente-sept ans . Je fais partie de ces gens."
Ainsi, lors de la finale à l’Open d’Australie en 2012, Djokovic avait puisé loin dans ses ressources physiques pour s’imposer au terme d’une guerre de 5 h 53 contre Rafael Nadal. Dimanche dernier, il a puisé encore plus loin dans ses réserves mentales pour maîtriser durant 4 h 47 ses nerfs face au chouchou du public Roger Federer.
Tous les trois ne veulent pas juste remporter des titres. Chacun veut être meilleur que l’autre. Avec 4 titres remportés sur les 5 dernières levées du Grand Chelem, Novak Djokovic se rapproche du plus beau record : les titres du Grand Chelem.
De 2011 à aujourd’hui, Djokovic carbure à plein régime. Il accuse un retard de deux titres par rapport à Nadal qui a un an de plus que lui. Quant aux 20 sacres de Federer, il lui reste six ans pour combler le fossé. Rien d’impossible !
S’il s’impose à l’US Open, il pourrait porter le coup de grâce à Roger Federer alors que Rafael Nadal ne peut plus se contenter de gagner que Roland pour être le greatest. Décidément, ces trois n’appartiennent pas au même monde que le reste du circuit.
