David Goffin, un tennis bien fait pour une tête trop pleine?
Vaincu en finale à Cincinnati, le Liégeois a, par moments, paru fragile mentalement. Décryptage.
Publié le 20-08-2019 à 14h08
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Vaincu en finale à Cincinnati, le Liégeois a, par moments, paru fragile mentalement. Décryptage.
Pour sa première finale en Masters 1000, David Goffin n’a pas connu l’apothéose espérée pour soulever le trophée le plus prestigieux de sa carrière. Sans nourrir aucune forme de frustration pour autant. "Je n’ai pas de regrets, il a été meilleur que moi sur quelques points", glissait-il. Et pas sur n’importe lesquels d’ailleurs, en fin de première manche notamment, lorsqu’ils coûtent diablement cher. "David s’est crispé dans le money-time du tie-break. Pour preuve, il a commis des mauvais choix et cela s’est joué dans la tête", analyse Michel Bouhoulle, ancien coach de Yanina Wickmayer.
Ses sensations retrouvées lui permettent de puiser dans un arsenal des plus complets. Une prise de balle précoce, sa couverture de terrain phénoménale, ses revers "fusée" et des angles improbables débusqués : tout ou presque (le service tousse encore parfois) est en place. Jusqu’à se risquer davantage et avec réussite au filet. "Techniquement et physiquement, c’est un joueur fabuleux. Mentalement néanmoins, le bât blesse encore. Si on parlait de foot, on dirait qu’il doit devenir un meilleur finisseur", pointe notre expert. "Mais il se montre de plus en plus libéré et extraverti sur le terrain. C’est positif, mais dans la tête, il cogite encore trop. C’est en gladiateur qu’il doit disputer ce genre de rendez-vous."
Et pourtant, à l’époque du Masters 2017 à Londres, on pensait qu’il avait franchi cette barrière psychologique. "Il s’était montré dominateur et jouait sans complexes contre Federer, Thiem ou Nadal. On pensait que dans la tête, un déclic s’était opéré. Mais les blocages sont hélas revenus", poursuit Michel Bouhoulle.
Pas de quoi dresser un bilan totalement sombre non plus de ce revers à Cincinnati. "Il perd contre un gars dans la forme de sa vie qui fait désormais partie du top 5, il n’y a donc rien de mal fait. Par rapport à l’an dernier, il est dans un élan très encourageant. Et puis, il faut se rappeler qu’il a été dans le creux, allant même jouer en Challenger cette année. Il a une faculté à rebondir qui est déconcertante!"
Même s’il n’y a pas grand-chose à lui reprocher, l’occasion pour Goffin d’empocher un tel titre ne risque pas de se représenter toutes les semaines. Ce qui peut susciter amertume et déception dans le chef des supporters belges. "Il signe une carrière exceptionnelle mais en restant un gars normal. Il ne faut pas le comparer avec des exceptions comme Federer, Djokovic ou Nadal qui font partie d’une autre race de joueurs. Alors, bien sûr on devient gourmand, on aspire à vibrer encore plus, comme à l’époque de Kim et Juju, mais ce qu’il fait est déjà grandiose", conclut Michel Bouhoulle.