Steve Darcis: "Derrière un ordinateur, je ne servirais à rien"
La nouvelle vie de Steve Depuis lundi, il est devenu un entraîneur du Team Pro du centre tennis-études de Mons.
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- Publié le 05-03-2020 à 08h23
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La nouvelle vie de Steve Depuis lundi, il est devenu un entraîneur du Team Pro du centre tennis-études de Mons.
Lundi, sur le coup de 10 h, à Mons, Steve Darcis a démarré sa nouvelle vie. Sept semaines après avoir disputé le 252e et dernier match ATP de sa carrière, le Liégeois a pris possession de son nouveau bureau au centre de tennis-études de Ghlin. En aucun cas, il ne s’est posé derrière un bureau, caché derrière un ordinateur. "J’ai un bureau", sourit Shark. "En réalité, tous les coachs disposent d’un ordinateur commun dans un open space. Moi, je ne suis pas assis sur une chaise. Je ne servirais à rien."
Depuis lundi, Steve Darcis a repris le chemin des terrains sur la terre battue du centre qu’il fréquente depuis plus de deux décennies. "Dès mon premier jour, j’étais sur le terrain avec ma raquette. J’ai travaillé avec Arnaud et Gauthier sur des phases de jeu." Il a enchaîné avec deux autres sessions, notamment avec Louis Herman. Romain Barbosa est venu faire le quatrième. "Nous avons aussi appelé un Français."
Dès les premières heures, Mister Coupe Davis a humé le parfum de sa nouvelle fonction. "J’ai senti que les gars étaient réceptifs. L’ambiance était bonne. Le boulot ne manque pas. Ils possèdent tous une grande marge de progression."
L’expert prend déjà le dessus. "Ma place est sur le terrain avec le Team Pro. J’ai une expérience à transmettre. Ils m’écoutent. Ils me respectent. Je suis bien placé pour les comprendre car j’ai vécu leur vie. Sans prétention, ils ont la chance d’avoir un interlocuteur qui peut les comprendre."
Première semaine oblige, il doit passer par la case réunion pour poser la structure la plus efficiente afin de collaborer avec ses trois collègues directs - Ananda Vandendoren, Julien Onclin et Alexandre Blairvacq - sous la direction de Thierry Van Cleemput.
"Thierry, c’est le boss. Il a un regard sur le Team Pro. Il m’a donné carte blanche pour constituer mon staff." Olivier Davin gère toute la question administrative.
Pour le moment, l’ancien joueur pro mange les kilomètres pour rejoindre le centre montois. Quand la vague des réunions sera passée, il espère décentraliser les entraînements vers Liège, du côté de Huy. "Je n’ai pas découvert les embouteillages cette semaine. Je fais Sprimont-Mons depuis des années. La route est pénible. À terme, je vise de m’y rendre une fois par semaine. Lors des autres jours de la semaine, je bosserai plus du côté de Liège."
Il n’est pas soumis à un horaire de fonctionnaire. Indépendant, il ne compte pas ses heures. "Je me partagerai entre les séances de physique, les entraînements avec le Team Pro et les réunions."
Qui dit nouvelle vie dit nouveau salaire. Là aussi, Darcis a retrouvé une forme de normalité. Les gros chèques en fin de tournoi, c’est fini. "Je reçois un salaire de la fédération qui n’a rien à voir avec ce que je gagnais sur le circuit. Je n’ai pas à me plaindre. Je suis content de travailler sans douleur."
L’argent n’est pas son moteur. Il est mû par la conviction que le tennis belge est promis à un bel avenir, malgré quelques nuages à l’horizon.
"Il est encore trop tôt pour présenter un plan d’avenir. Je n’ai pris mes fonctions que lundi. Il est certain que nous traverserons une petite période de disette, mais les gars présentent un potentiel. Seront-ils capables de viser un tableau en Grand Chelem, un top 50 ou des qualifs ? Je sais que nous avons les outils pour les faire progresser."
Parmi ces outils, il ne tarit pas d’éloges sur le rôle central de Thierry Van Cleemput. "Son retour a été un signal très positif. Avec Thierry, nous formons un bon binôme. Il n’a pas changé. Je le connais depuis toujours. Il est resté fidèle à lui-même."
“Je tournais comme un lion en cage”
Après un break de sept semaines, le Liégeois était impatient de retrouver la vie active.
Contrairement aux croyances collectives, les stars qui prennent leur retraite ne partent pas toutes sur une île paradisiaque durant un mois. Steve Darcis ne fait, en tout cas, pas partie de celles-là. Au lendemain de sa dernière défaite sur le circuit, il a pris la direction de sa famille.
“J’ai d’abord profité de mes filles. Je désirais passer le plus de temps possible avec elles. Je ne les avais pas vues beaucoup ces derniers mois”, confiait le Sprimontois.
Il a également donné à sa vie une dimension plus classique. Il s’est installé dans une forme de routine. Darcis a réglé les questions administratives avec son nouvel employeur. Et il a déjà participé à des réunions.
Épuisé par une très longue carrière de globe-trotter sur le circuit ATP, il s’est retrouvé seul devant le miroir. Il a pris le temps de se retrouver. “J’ai continué à faire du sport. Si j’abandonne tout, je prendrai 50 kilos en deux mois. Je suis un peu parti en vacances. Je me suis posé. J’ai réfléchi à cette nouvelle vie. J’ai également joué au padel.”
“Pas d’argent dans le padel, je me suis trompé”
Le padel pourrait être une nouvelle piste qu’il rêve d’explorer. “Il y a sept ou huit ans, on m’avait proposé de mettre un peu d’argent sur le padel. J’avais refusé car je n’y avais pas cru. Je me suis trompé. J’ai des regrets. Le phénomène prend de l’ampleur. Dans mon club, je n’ai jamais un terrain libre entre 16 h et 23 h. Je joue de temps en temps. Le padel ne me fait pas mal au coude. En Belgique, le nombre de terrains n’est pas suffisant.”
Le Liégeois était soulagé de retrouver une vie active au centre de Mons. “Durant sept semaines, je n’ai pas bossé. Je n’ai rien fait. J’avais envie de commencer à travailler. J’ai toujours été en mouvement. Je suis incapable de passer une journée à ne rien faire.”
Dimanche, il piaffait d’impatience. “Je me sentais super bien. J’avais hâte de découvrir mon nouveau job et surtout d’être actif. Honnêtement, je me faisais un peu ch… Je tournais comme un lion en cage.”
“Le 16 janvier, j’étais surtout soulagé de me libérer de toute la souffrance”
Depuis septembre, Steve Darcis savait qu’il mettrait un terme à sa souffrance, courant du mois de janvier, du côté de Melbourne. Le Liégeois s’était donc bel et bien préparé à tourner la page de sa carrière sportive. Il ne garde, par conséquent, aucun souvenir sombre de ce fameux 16 janvier, en Australie.
“Sur le coup, je n’ai pas vraiment réalisé. J’étais surtout soulagé. Je sortais de plusieurs mois où la douleur était quotidienne. J’avais besoin de prendre des anti-inflammatoires tous les jours. J’étais enfin libéré de toute cette souffrance. À la fin, la situation n’était pas agréable. J’étais vidé mentalement. Je n’avais plus d’énergie.”
Il n’a pas vécu cet arrêt comme un deuil.
“Non, pas du tout. Certains parlent effectivement de deuil. Moi, j’évoque surtout un soulagement. En tout cas, je l’ai vécu comme cela.”